Affaire Dutrou: libération anticipée? Une erreur, un déni, un drame pour les parents.
Publié le 2 Août 2012
Dans cette société qui se veut humaniste, indulgente, pardonneuse sans être chrétienne, le coupable devient le plus souvent "victime". Victime de la société, victime d'un père alcoolique, d'une mère oublieuse, victime de je ne sais quoi encore qui fait que la vraie victime disparaît derrière le coupable jusqu'à l'oubli trop souvent. Prenons cette affaire de la Motte Picquet où la victime (Le bijoutier) en a décidé autrement. Il s'est défendu et donc, du statut d'agressé passe à celui d'agresseur de son agresseur, pour être désigné comme unique coupable. Assassiner lors d'un cambriolage, devient la norme; la société française n'aime pas celui qui se défend. Quand la victime décède, toute l'attention peut se porter sur "l'assassin-victime", le véritable coupable, à qui les médias consacreront toute leur attention par je ne sais quel jeu de dupes et de renversement des valeurs.
Voici le message de Dominique -que me fait parvenir Pierre Bouillon- qui dénote d'un malaise certain quant à la libération de la compagne de Dutrou.
Gérard Brazon
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Affaire Michèle Martin. Cette libération fait office d’indulgence inappropriée
02 Août 2012
Le message de Dominique:
"Pourquoi tant de réaction face à la libération de Michelle Martin ? Voici nos réflexions familiales qui vont plus loin qu’une simple « émotion », il s’agit d’éducation ! Comment décrire les sentiments qui nous animent, comment dire les mots pour soutenir les familles… victimes de cette femme monstrueusement criminelle et silencieuse. Et pourtant, le silence… est… et restera à tout jamais la sentence à vie des parents, des familles qui espéraient le retour de leurs enfants. Ces enfants, ces fillettes humiliées, violentées et niées par leurs bourreaux méritaient de la part de la justice belge bien plus qu’une application des lois en vigueurs.
Car ces lois furent et sont toujours contestées par la majorité des citoyens. Ces enfants méritaient mieux, bien mieux que cette indifférence politique face à nos revendications (incompressibilité des peines, périodes de suretés…) qui se sont unies lors de la marche blanche… gravée à tout jamais dans nos cœurs.
Nous qui élevons nos enfants dans le respect des autres… Nous qui dénonçons lorsqu’il le faut, leurs actes délictueux et les dénonçons à la justice, pour que justice soit faite… Nous qui respectons les lois et luttons intérieurement contre la loi du talion… Nous qui confions l’avenir de nos enfants à la loi belge, comment pouvons-nous ne pas douter, ne pas nous révolter ? Oui… « nous » aussi…nous méritons mieux que cette indifférence politique ! Comment pouvons-nous accepter aujourd’hui de gratifier cette femme de notre clémence (car c’est de cela qu’il s’agit, de clémence…) tant la douleur est toujours présente face à ces actes incompréhensibles et impardonnables. Qu’il eut été question de maladie ou de démence, le cheminement dans la douleur aurait pris un autre caractère.
Mais ici, nul ne conteste la volonté de nuire, la pleine possession de ses moyens, le caractère totalement conscient des actes posés, re-posés car déjà condamnés par le passé. Le respect de la douleur n’est pas quantifiable, mais le respect des sentences est primordial dans notre société actuelle qui se veut éducative avant tout. Et si une plainte a été déposée contre cette femme qui se croit tout permis, le but de la justice est également de faire comprendre à nos enfants que chaque acte négatif posé vis-à-vis de tiers est passible de représailles.
Mais que devient notre cohérence, notre crédit, notre dignité à vouloir ainsi minimiser les décisions de justice en allégeant ces peines… ? Qui sommes-nous, qui êtes-vous pour ainsi démonter, « dé-juger » ce qu’un tribunal a tranché.
Quelle erreur…quel manquement de jugement, quelle incohérence d’alléger une peine jugée et exprimée, intégrée aussi par les victimes. Nous savons que Michelle Martin sera un jour libérée car le jugement fut ainsi rendu. Mais aujourd’hui, sa libération « anticipée » fait office de pardon alors que personne n’arrivera à pardonner. Pour tous, pour nous et vous…pour tous les parents qui élèvent et conseillent, qui soutiennent et éduquent les enfants de demain…ce signal, cette libération… fait office d’indulgence inappropriée, de contre-jugement face à l’impossible cruauté que nous réprimons tous.
Pour en avoir débattu en famille, je peux vous affirmer que chacun ici est choqué par cette libération et profondément solidaire. Nous vous accompagnons, nous comprenons votre peine et votre colère, et comme vous, nous ne savons plus que faire pour que de tels actes soient réellement punis à leur juste valeur, pour que de tels actes ne se reproduisent plus… Comment faire et à qui s’adresser pour que notre commentaire soit lu et entendu, pour que la douleur que nous éprouvons soit partagée avec les familles que nous soutenons pleinement, pour que nos réflexions soient commentées et prises en compte ? Humblement…nous sommes…en pensée avec vous et vos enfants qui manquent tellement…"
Dominique CLAES,
Aude (13 ans) et Gaetan (18 ans)