7- A M E (Aide médicale d'Etat): ces vérités qui dérangent - Par Sophie Roquelle
(rediffusion d'article de 2010! Rien de changé depuis)
"Depuis dix ans, les étrangers en situation irrégulière peuvent se faire soigner gratuitement en France grâce à l'Aide médicale d'Etat
(AME). Mais le coût du dispositif explose 'Le Figaro
Magazine' a enquêté auprès des médecins, des hôpitaux et des
pharmaciens. "
Une enquête sur l'Aide médicale d'Etat Sauve qui peut ! Dans les ministères, les administrations, les associations humanitaires, la simple évocation de ce dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière de se faire soigner gratuitement déclenche une "poussée" d'adrénaline. «Le sujet est explosif !
s'étrangle un haut fonctionnaire qui connaît bien le dossier. Vous
voulez vraiment envoyer tout le monde chez Marine Le Pen ? »
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a pris la mesure de l'hypersensibilité du dossier lorsqu'elle a timidement évoqué devant les parlementaires, en juillet, l'idée de faire acquitter aux bénéficiaires de l'AME
une contribution forfaitaire de 15 à 30 euros par an.
Les associations ont aussitôt accusé Mme Bachelot de vouloir
grappiller quelques euros sur le dos des damnés de la terre.
Silence gêné à Bercy, où l'on prépare un tour de vis sans précédent sur
le train de vie de la nation: «coup de rabot» sur les niches fiscales, suppressions de postes de fonctionnaires, déremboursements de médicaments... Mais toucher
à l'AME n'est tout simplement pas prévu au programme de la rigueur. Le projet de budget pour 2011 prévoit même
une
augmentation de 10 % !
Depuis deux ans, la facture de la couverture médicale des sans-papiers s'envole. Son rythme* de progression est trois à quatre fois supérieur à celui des dépenses de santé de tout le pays: + 13 % en 2009 (530
millions d'euros pour 210.000 bénéficiaires)
et encore + 17 % au début de cette année. De toute évidence, l'enveloppe de 535 millions d'euros prévue en 2010 sera largement dépassée. Pour l'an prochain ce sont 588 millions d'euros que Bercy a mis de côté pour l'AME. (On notera qu'en 2011 et en 2012 rien n'a été fait pour boucher ce trou béant dans les finances publiques. Mais par contre, on s'en
prend aux retraités qui eux n'ont pas toujours bénéficié des 35 heures, des ARTT, des cinq semaines de congés et souvent ont commencé à travailler à 14 ans. Haro donc sur le
baudet comme disait La Fontaine dans "Les animaux malade de la peste". Le retraité en pâture car ils auraient des retraites plus importantes que certains salaires alors même que les
salaires sont mis à la baisse de par l'immigration et les délocalisations. ndlr Gérard Brazon)
Pour la première fois, les parlementaires pourraient rencontrer le
soutien de la communauté médicale. Car médecins, pharmaciens, infirmières et même certains militants associatifs commencent à dénoncer un système sans limite ni
contrôle, parfois détourné de son objectif initial, voire carrément fraudé.
Du tourisme médical aux frais du contribuable? Claudine Blanchet-Bardon n'est pas loin de le penser. Cette éminente spécialiste des maladies génétiques de la peau voit parfois débarquer à sa consultation de l'hôpital
Saint-Louis des patients AME venus du bout du monde exprès pour la voir. «Je vais vous dire comment ça se passe, confie-t-elle.
Ils tapent le
nom de leur maladie sur internet au fin fond de la Chine, tombent sur mon nom parmi d'autres et découvrent qu'en France, ils
peuvent se faire soigner gratuitement.
Avec certains pays proches comme l'Algérie, l'affaire est encore plus simple. Un cancérologue raconte, sous le couvert d'anonymat : «Nous avons des patients qui vivent en Algérie et qui ont l'AME. Ils viennent en France
régulièrement pour leur traitement, puis repartent chez eux. Ils ne payent que
l'avion...»
De plus en plus de médecins réclament un «véritable contrôle médical
lors de l'attribution de l'AME». Ou, au moins, un accord de la Sécu
avant d'engager certains soins. Car, à la différence de l'assuré social lambda, le bénéficiaire de l'AME n'a nul besoin d'obtenir une «entente préalable» avant
d'engager des soins importants.
C'est ainsi que des femmes sans-papiers peuvent faire valoir leurs
droits à des traitements d'aide médicale à la procréation. Chaque tentative de fécondation in vitro (FIV) coûtant entre 8000 et 10.000 euros, la question mérite
effectivement d'être posée.
Le député Thierry Mariani n'en finit pas de citer cet article paru il y a deux ans et demi dans Libération qui raconte l'histoire incroyable d'un couple de
Camerounais sans-papiers qui voulait un enfant. Monsieur est «séropositif, il a deux autres femmes et sept enfants au
Cameroun». Suivi en France pour son sida, il vient de se marier pour la troisième fois, mais sa jeune femme «n'arrive pas à être enceinte» et «s'est installée dans la banlieue parisienne depuis qu'elle a décidé de tenter une FIV. (...) Sans papiers, elle est en attente de l'Aide médicale d'Etat». Les médecins étaient, paraît-il, «perplexes» face à cette demande, mais ils finiront par y
accéder.
A l'heure où les hôpitaux croulent sous les déficits, «cette
distribution aveugle de l'AME», selon le mot de Mme Blanchet-Bardon, finit par
excéder les praticiens hospitaliers, «coincés entre leur devoir de soignant et les limites de la solidarité nationale».
La Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) qui délivre le précieux sésame. «Nous, on est là pour soigner, pas pour vérifier les attestations AME»,
souligne un médecin urgentiste. «Comme c'est gratuit, ils reviennent souvent», soupire une généraliste qui se souvient encore de la réaction indignée d'une de ses patientes, tout juste
régularisée, à qui elle expliquait qu'«elle allait dorénavant payer un peu pour ses médicaments
Aucun soignant - ni aucun élu d'ailleurs - ne remet en cause l'existence de l'AME ni sa vocation dans la lutte contre la propagation des épidémies, notamment de la tuberculose, en pleine recrudescence. Dans l'est de Paris, une
épidémie de gale qui avait frappé un camp d'exilés afghans l'an dernier a pu être éradiquée efficacement grâce à l'aide médicale.
Mais c'est la gratuité généralisée des soins qui choque un nombre croissant de médecins et de pharmaciens. «Sur 60 ordonnances par jour, je fais une vingtaine d'AME», raconte la gérante d'une pharmacie. Dans le lot figurent presque à chaque fois deux ou trois trithérapies
(traitements anti-sida) et autant de Subutex (traitement de substitution à l'héroïne).
Les pharmaciens sont particulièrement vigilants sur le Subutex, objet
de tous les trafics. Même si la Sécu veille au grain, il est bien difficile d'empêcher un patient muni de son ordonnance de faire la tournée des pharmacies
pour se fournir en Subutex avant de le revendre. Le tout sans débourser un euro. Il y a deux ans, un vaste trafic de Subutex, via
l'AME, a été démantelé entre la France et la Géorgie. «L'AME, c'est une pompe aspirante», insiste un autre pharmacien, las de distribuer toute la journée gratuitement des médicaments de confort et des traitements coûteux à
«des gens qui n'ont en principe pas de papiers en France, alors que les petites dames âgées
du quartier n'arrivent pas à se soigner».
Les travailleurs sociaux ont aussi noté depuis le printemps 2009 un afflux d'immigrants d'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique: des Roumains et des
Bulgares (souvent des Roms), mais aussi des Tchétchènes, des Kirghiz, des Géorgiens, et même des Russes. Les associations
sont débordées par ces arrivées de familles entières.
«On ne va pas pouvoir accueillir tout le monde»,
soupire Geneviève, permanente dans un centre d'accueil pour étrangers.
Je propose que tous les frais inhérents à ces populations soient pris
en charge par: les associations, les partis politiques, les
militants et autre artistes et intellectuels toujours prompts à monter au créneaux
pour assurer la défense de ces populations, se donnant ainsi bonne conscience et publicité au frais de la collectivité.
Il vaut mieux éviter une révolution civile en omettant d'en trop
parler aux français qui cotisent... Moi j'en reviens pas, et je ne comprends
pas que l'on puisse utiliser cet argent avant de donner d'abord le
nécessaire à tous les contribuales français dont nombreux sont ceux qui sont
en manque de soins médicaux faute de moyen.
Sophie Roquelle