Viande halal: lettre d'une Conseillère municipale Bleu Marine au Maire d'Aix
Publié le 1 Juillet 2014
Josyane SOLARI Conseillère municipale Aix Bleu-Marine Aix-en-Provence, à
Maryse JOISSAINS-MASSINI - Maire d’Aix-en-Provence
Président de la Communauté du Pays d’Aix
Objet : crèches «Les Petits Chaperons Rouges»
Madame le Maire,
Suite à l’article paru dans la Provence le 26 avril 2014 : «Aix, le jambon pas le bienvenu à la crèche», je suis très étonnée que les 22 crèches d’Aix, dont la société «Les petits chaperons rouges» est le délégataire gestionnaire des établissements d’accueil petite enfance de la ville ne servent pas de porc alors que c’est la cuisine centrale de la ville qui leur livre les repas des enfants.
Nous vivons dans un pays laïque et certains interdits religieux ne doivent pas être imposés à la majorité de la population.
Selon M. Bovero Jean-Marc, «cette option de ne pas donner de porc aux enfants est nutritionnelle et pas culturelle et les parents peuvent en donner aux autres repas». Je lui retourne ses dires, les parents peuvent ne pas donner de porc à leurs enfants aux autres repas.
Nos enfants ont toujours mangé du jambon sans que ce soit nocif à leur santé. Je réfute les arguments de M. Bovero. Qu’il dise clairement et sans détour que c’est pour satisfaire une partie de la population excluant ainsi les personnes qui veulent manger du porc au mépris de la laïcité et de notre tradition culinaire.
D’autre part la traçabilité de la viande de porc serait plus problématique selon lui. Se moque-t’il de nous ? On a la certitude, et pour cause, que la viande de porc n’est pas issue de l’abattage rituel. Ce n’est pas le cas pour les autres viandes puisqu’une partie de celles issues de l’abattage rituel est recyclée dans le circuit traditionnel sans qu’il en soit fait mention. Cette absence de traçabilité qui est en soi un scandale pose d’autres problèmes. Un problème d’ordre sanitaire, l’égorgement rituel étant facteur de contamination de la viande par la bactérie E.coli, bactérie particulièrement dangereuse pour les enfants. Enfin un problème de conscience, d’une part à ceux qui ne veulent pas consommer de la viande issue d’un abattage qui a bénéficié d’une dérogation au droit commun en matière de souffrance animale, et d’autre part aux chrétiens qui n’ont guère d’interdits alimentaires sinon justement celui de ne pas consommer de la viande sacrifiée à un dieu, Dieu s’étant lui-même donné en sacrifice.
Chacun est libre de pratiquer sa religion chez soi, la collectivité ne doit pas prendre en compte la religion des uns ou des autres car c’est le vivre ensemble qui est menacé. Nous le constatons tous les jours dans les entreprises, les crèches, les lycées, collèges etc… Une minorité ne doit pas imposer à la majorité ses interdits religieux, c’est le fondement même de la démocratie.
Je souhaite que le principe de laïcité, le sens commun et plus prosaïquement le bon sens soient appliqués dans notre ville et je compte sur vous pour y veiller.
Je vous prie d’agréer, Madame le Maire, mes sincères salutations.
*************
Question orale posée par Catherine Rouvier pour le groupe Rassemblement Bleu Marine lors de la séance du Conseil municipal du 26 mai 2014 :
La question est relative à une information donnée par la Provence sous le titre » le jambon pas le bienvenu à la crèche » le 26 /04 sous la plume de madame PARDINI. Il concerne la demande d’une maman désirant que son enfant à la crèche puisse passer du lait aux petits pots » petits pois jambon « . Il lui a été répondu par monsieur Bovero que » depuis 10 ans les crèches d’Aix en Provence ne servent plus de porc « .
Notre parti , le Rassemblement bleu Marine, se fait l’écho de l’inquiétude légitime de nos administrés à la suite de cette révélation , non démentie à ce jour . Il nous apparaît en effet qu’iĺ s’agit d’une décision fondée non pas sur des impératifs de santé publique mais sur le désir de se plier à des revendications communautaristes . Cette décision est préjudiciable à la filière porc , très importante pour nos éleveurs français, et à la transmission précoce des goûts de notre terroir où le jambon figure en bonne place. En outre les » chaperons rouges » sont une entreprise privée nationale mais qui bénéficie depuis 2009 d’une délégation de service public à Aix en Provence . A ce titre elle doit se plier à la règle républicaine de laïcité qui suppose qu’on n’impose pas à la collectivité des interdits alimentaires de nature religieuse .
Je propose en conséquence de subordonner le maintien et la reconduction de la délégation de service public des « petits chaperons rouges » à l’abrogation de cette décision d’exclusion du porc dans les repas qui y sont servis .
Je vous remercie .
Mme le Maire : En réponse, je constate que vous ciblez seulement les crèches et pas les cantines. Pour les cantines, il faut savoir qu’il n’y a pas de problème, sauf que bien entendu quand un enfant ne mange pas de porc, il est proposé un menu de substitution.
Mme Rouvier : C’est normal. Bien sûr.
Mme le Maire : En ce qui concerne les crèches, vous avez raison, mais le délégataire qui a soumissionné à un marché public, n’utiliserait pas - d’après les informations que vous m’avez fournies – que la Provence a fourni – n’utiliserait pas de porc.
Nous allons lui demander de faire en sorte qu’il n’y ait pas de problème à cet égard et que dans l’avenir, il y ait, comme à la ville et comme dans les crèches s’il en est besoin des menus complétés avec du porc .
En tout état de cause, le délégataire est titulaire d’un marché public, il va falloir obtenir son adhésion pour se faire. Mme Devesa s’y emploie.
Mme Rouvier : Je vous remercie