Grèce: "Le glas de l'euro sonne déjà"! - Par Jacques Sapir. Préface Gérard Brazon
Publié le 24 Mai 2012
Tous les dirigeant parlent du paiement de la dette! Il faut rembourser la dette! La parole d'un état est sacré! Il se trouve que c'est surtout les décisions prises par des incapables, des faux-culs, des hypocrites ou des carrièristes!
Les peuples n'ont pas à être solidaires d'actions menées par cette engeance qui découvre aujourd'hui son incompétence! A commencer par avoir accepté la Grèce dans l'Europe en sachant qu'elle ne pouvait pas y être! Le politique prima sur l'économie. L'économie se venge! Mais les peuples n'ont pas à payer les incohérences des gouvernements. D'autant plus, que les peuples ont été écartés sciemment des décisions d'engagement de leur Nation et qu'on les a privés en permanence du droit de s'exprimer. Quand ce n'est pas au mépris de leur vote comme pour le référendum de 2005 par exemple!
Le paiement de la dette est devenu plus important que les Nations, les citoyens de cette Nation! Comme si la bonne santé des banques était plus importante que la santé des peuples! Au nom de l'euro? Foutaise...
De temps en temps on entend des vérités du style: pourquoi la banque européenne prête à 0,25% aux banques et que celles-ci prêtent cet argent à 3 à 4 à 6% voire plus aux états européens? sans plus de commentaires d'ailleurs! Comme si c'était normal et sain! Et si les états endettés refusaient de payer ces intérêts d'usuriers? Et si les états exigeaient que cet argent soit prêté en direct par la banque européenne? Quid de cette dette? Gageons qu'elle serait bien moindre!
Ah oui, les traités européens? C'est pas possible... Allons mesdames et messieurs les chefs de gouvernements, si vous ne le faîtes pas et bien ce sont d'autres qui le feront à votre place! Attendez-vous à ce que les peuples décident pour vous.
Gérard Brazon
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Le mémorandum signé entre la "troïka" et le gouvernement grec a démontré sa nocivité. Rajoutant la rigueur à l'austérité, il a plongé la Grèce dans une dépression sans égale. Cette politique est l'équivalent contemporain de la déflation des années 1930 dans son esprit comme dans ses mesures les plus concrètes (baisse autoritaire des salaires, diminution des prestations sociales). Elle conduira aux mêmes catastrophes.
En dépit des coups de menton de Berlin, Francfort ou Bruxelles, il n'existe pas de cadre légal pourexpulser un pays de la zone euro. Les traités n'ont fixé aucun chemin pour en sortir. Ici encore, c'est un bel exemple d'intelligence politique !
L'Union européenne (UE) peut certes décider de suspendre son aide, mettant ainsi le gouvernement grec dans l'incapacité d'honorer ses dettes. Mais ce dernier peut alors prendre conjointement deux décisions lourdes de conséquences.
Tout d'abord, il peut répudier la totalité de sa dette. Les gouvernements de la zone euro, engagés directement à travers le Fonds européen de stabilisation financière, et la Banque centrale européenne (BCE), devront alors "prendre leurs pertes" (64 milliards d'euros pour la France).
Il peut, dans le même temps, réquisitionner la banque centrale de Grèce et lui faire émettre autant d'euros que nécessaire pour couvrir ses besoins de financement à court terme. Cette mesure, illégale, n'en est pas moins techniquement possible. Pour l'essentiel, il s'agit de jeux d'écritures.
Les détenteurs de la dette grecque privée, en provenance des entreprises, ne seront que trop heureux d'accepter cet argent qui sur les comptes en banque n'est pas discernable des euros légalement émis ! La dette des agents privés serait ainsi considérablement allégée. Quant au déficit budgétaire, il est lié pour près de 75 % aux paiements des intérêts sur la dette. Une fois la dette répudiée, le déficit budgétaire serait substantiellement réduit et ne se monterait qu'à 3 % ou 4 % du PIB. A ce niveau, il est tout à fait possible de le financer durablement par des emprunts à la Banque centrale sans effets inflationnistes majeurs. (C'est une suberbe démonstration que la dette n'est que le résultat d'intérêts bancaires d'usuriers qui alimentent les banques. Ndlr Gérard Brazon)
Le gouvernement grec a donc dans ses mains des instruments de rétorsion face aux menaces. Mieux vaudrait donc discuter et renégocier le mémorandum, ce qui est très précisément la position du chef de Syriza, le parti de la gauche radicale, Alexandre Tsypras.
Le glas de l'euro sonne déjà
Au-delà se pose la question de la compétitivité de la Grèce. Soit les pays de l'Union européenne sont prêts à investir dans l'économie grecque, lui permettant de combler une partie de son écart de compétitivité qui s'est accru de 35 % depuis 2002. Soit il faudra se résoudre à une sortie de la Grèce de la zone euro et à une lourde dévaluation (50 %) de la drachme.
Cette solution, pour pénible qu'elle soit, sera préférable à la poursuite de la politique du mémorandum. La dévaluation est en effet une solution possible pour la Grèce. Le déficit de la balance commerciale représentait, en 2011, environ 20 milliards d'euros. Le déficit hors effets des hydrocarbures représentait 15 milliards. Les importations incompressibles, on le voit, ne représentent qu'une partie (25 %) du déficit commercial actuel. Une dévaluation permettrait à la Grèce d'augmenter ses exportations, qui représentaient en 2011 l'équivalent de 27 % du PIB, dont 12 % de ce dernier pour les exportations de biens. Cela est loin d'être négligeable.
Une telle solution sonnerait probablement le glas de l'euro. Mais ce glas sonne déjà avec la crise espagnole et le retour de la crise irlandaise. Une solution à la crise grecque est possible, à la condition que l'on cesse d'en faire un point d'honneur. Les femmes et hommes politiques européens doivent faire preuve de pragmatisme. Sinon, les réalités économiques trancheront pour eux.
Jacques Sapir, économiste, directeur d'études à l'EHESS