A propos de culture: traditions en Afrique, tortures en France, qu'en pense Aurélie Philipetti

Publié le 3 Novembre 2012

La doxa socialiste et les droits de l'hommiste considérent que toutes les cultures se valent. Qu'il n'y a pas de cultures supérieures et d'autres inférieures et donc que chaque acte venant d'une culture est égale à l'autre.

Cela met le joueur de djembé au niveau de Mozart, l'Aborigène australien à celui de Voltaire, les griots d'Afrique à celui de Victor Hugo, les femmes girafes à celui de Manon Roland, les scarifications des visages de femmes africaines, pour les protéger des razzias arabo-musulmanes, au niveau de David et je pourrais continuer longtemps cette énumération forcément fastidieuse. 

Toutes les cultures sont respectables. Toutes les cultures sont explicables. Toutes les cultures ont leurs racines qui ne peuvent être critiquables, mais toutes les cultures ne sont pas égales par ailleurs.

Rien que de le dire à la radio, à la télévision me vaudrait les foudres de la bien pensance et probablement se résumerait à l'insulte suprême: raciste! Parce que chez nous, dans notre propre pays, dire du bien de sa culture est encore possible, mais en faire une comparaison s'apparente à un propos xénophobe au mieux, raciste au pire.

Voici dans l'article et la vidéo qui suivent, l'expression d'une culture au Cameroun qui est explicable et expliquée. Le repassage des seins des jeunes filles. Cette pratique douloureuse pour les petites filles me fait penser à l'excision autre pratique culturelle comparable 

On pourra constater que les jeunes filles d'Afrique subissent les pires sévices au nom de la culture. Tous les attributs de leur féminité naissante sont l'objet d'une attention monstrueuse. L'homme étant au centre de la peur ou l'objet de cette attention. Le pire est, que cela s'accompagne de la complicité d'autres femmes qui au lieu de se libérer de la peur et se mettre au niveau de l'homme, participent à leur mise en infériorité. C'est cette question que je me pose en permanence quand je vois des jeunes filles nées France, accepter d'être mises en infériorité par des hommes au nom d'une religion ou d'une culture.

Alors oui, je sais bien qu'en France, autrefois, les jeunes filles n'avaient pas toutes les possibilités de vivre comme les garçons, toutefois, elles n'ont jamais eu à subir ces tortures culturelles que la gauche, la bien pensance de droite également, veulent à toute force, nous faire considérer comme étant égales à nos valeurs.  

Gérard Brazon 

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 "Beaucoup de femmes s’inquiètent quand la puberté de leur fille arrive vers 8 ou 9 ans. Elles considèrent que c’est trop tôt"

Georgette Arrey Taku est la secrétaire exécutive de Renata, (le Réseau national des associations de tantines), qui s’occupe de l’éducation sexuelle des Camerounaises.

Il est difficile de dire quand cette tradition a commencé. Tout ce que l’on sait, c’est que des femmes aujourd’hui âgées ont déjà subi ce traitement à leur adolescence. La dernière étude sur le sujet concluait que le massage des seins était pratiqué dans tout le Cameroun, et particulièrement dans le centre et l’ouest. Cette pratique existe chez les riches comme chez les pauvres.

Si le repassage des seins est autant ancré dans les mœurs, c’est parce que les mères qui l’ont subi se sont vues expliquer par leur propre mère que c’était pour les protéger. Elles répètent donc le geste pour protéger leur fille à leur tour. C’est un cercle vicieux qui fonctionne sur l’ignorance plus que sur la tradition.

Beaucoup de femmes s’inquiètent quand la puberté de leur fille arrive, vers 8 ou 9 ans. Elles considèrent que c’est trop tôt et donc se mettent en tête que la fille va attirer les garçons et risque une grossesse précoce.

Des jeunes filles se font masser jusqu’à 14 ou 16 ans. En faisant disparaître leurs seins, les mères imaginent ainsi contrôler leur effet sur les hommes et donc leur sexualité. Ceci est évidemment une illusion, nous accueillons régulièrement dans notre association des filles-mères qui ont pourtant eu les seins massés. C’est pourquoi nous tentons de convaincre les parents que seul le dialogue peut permettre une éducation sexuelle efficace.

"Les femmes, le plus souvent la mère ou une des tantes, utilisent des spatules, des pierres à écraser ou encore des pilons"

Sur le moment, la douleur est inimaginable. Les femmes, le plus souvent la mère ou une des tantes, utilisent des spatules, des pierres à écraser ou encore des pilons. Ces objets sont chauffés et servent à frapper la poitrine naissante. Sur le coup, cela entraîne des brûlures, mais aussi des infections et des abcès. Les conséquences à long terme ne sont pas moins catastrophiques. Des femmes sont suivies par des gynécologues pendant des années après le 'massage'. Et, d’après certains spécialistes, les victimes seraient davantage sujettes aux cancers du sein. Par ailleurs, dans l’intimité, ces poitrines abîmées deviennent un véritable complexe. J’ai rencontré une fille qui n’osait même plus se déshabiller devant ses amies.

Notre travail, c’est de faire comprendre aux mères que le massage des seins cause bien plus de tort à la jeune fille qu’une puberté normale. Nous sommes beaucoup sur le terrain, à la sortie des églises, dans les réunions traditionnelles de mères de famille. Nous faisons témoigner celles qui ont pris conscience du mal qu’elles avaient fait. Mais faire changer les mentalités prend du temps, d’autant qu’il n’existe pas de loi interdisant cette pratique.

La poitrine d’une victime. © Réseau national des associations des tantines.

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Point de vue

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