Pour le MRAP, inscrire Jihad sur un tee-shirt d'enfant est "une plaisanterie innocente"
Publié le 6 Mars 2013
Me Gaële Guenoun (d) et sa cliente, la mère de Jihad, le 19 décembre 2012 au palais de justice d'Avignon (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)
Bouchra Bagour, 35 ans, et son frère Zeyad Bagour, 29 ans, comparaîtront sur citation du parquet d’Avignon.
Le 25 septembre, le garçonnet de 3 ans, prénommé Jihad et effectivement né un 11 septembre, était venu en classe, dans son école de Sorgues (Vaucluse), porteur d’un cadeau de son oncle: un tee-shirt portant les inscriptions «Je suis une bombe» sur la poitrine et au dos «Jihad, né le 11 septembre».
Le procès initialement prévu le 19 décembre avait été renvoyé à la demande de la défense, qui souhaitait un délai supplémentaire pour étudier la recevabilité de la constitution de partie civile de la ville de Sorgues.
«Ils ne comprennent pas aujourd’hui les faits qu’on leur reproche», avait déclaré en décembre à la presse leur avocate, Me Gaële Guenoun, qui a sollicité Me Frédéric Salvy, du barreau de Rodez, pour assurer la défense de M. Bagour.
«Ma cliente a fait preuve d’une grande naïveté», avait-elle ajouté. «Son fils s’appelle Jihad, c’est le prénom que son père lui a choisi. Ma cliente ne fait aucune apologie», avait-elle insisté, rappelant que sa cliente avait présenté ses excuses aux enseignants de l’école et que le tee-shirt n’avait été porté qu’une fois.
Le frère «a peut-être voulu faire une marque d’humour,» avait-elle encore dit, évoquant une «mauvaise blague».
Frère et soeur ont reçu le soutien du Mrap, qui estime «qu’il s’agissait d’une plaisanterie innocente» et rappelle que Jihad est «un prénom classique dans la tradition arabo-musulmane». (Oui comme le 11 sept probablement. Qu'elle aurait été la réaction du MRAP si un enfant s'appelant Adolph était allé à l'école avec l'inscription Shoa sur le tee-short! Où un petit Jésus ou un petit Pierre avec une caricature de mahomet. Ndlr Gérard Brazon)
Lancée sur les réseaux sociaux, une pétition du Mrap contre la plainte avait recueilli lundi 134 signatures. Le maire (UMP) de Sorgues, Thierry Lagneau, ne croit pas à «une plaisanterie» et qualifie l’affaire de «grave et importante».
«L’association de ces quatre mots, on voit bien à quoi on veut faire allusion, on n’a pas marqué en totalité la date de naissance de l’enfant», a-t-il indiqué à l’AFP.
«Les gens ont apprécié que j’ai réagi. Si je ne l’avais pas fait, de quoi m’aurait-on accusé ? De banaliser quelque chose qui est assez grave», a-t-il ajouté.
Les deux prévenus, qui ne sont pas identifiés comme des islamistes radicaux et que le Mrap décrit comme «une famille paisible», encourent cinq ans de prison et une amende de 45.000 euros.