Islam et chrétienté : « les comportements doivent changer »
Publié le 20 Février 2013
Le père Christophe Roucou, qui dirige le Service national des relations avec l'islam, est intervenu devant plus de 70 paroissiens. Les questions sont écrites sur des bouts de papier et rassemblées par thème. Reviennent les mots : intégrisme, violence, attentat, invasion, multiplication des mosquées, etc. Ils résument une inquiétude amplifiée par l'actualité, par la crise financière et économique, le chômage, la confusion entre islam et islamiste. De part et d'autre des crispations, des repliements fondamentalistes nuisent aux relations que pourraient entretenir les deux communautés, chrétienne et musulmane.
C'est contre cette vision tronquée et déformée que Jean-Claude Ducousso et Bruno de Lageard ont souhaité organiser cette réunion, samedi matin, à la salle polyvalente de Mouliets-et-Villemartin. Une sorte d'initiation à l'islam à l'échelle de la pastorale du Castillonnais, qui regroupe 15 communes.
Le premier est un ancien cadre commercial à la retraite ; le second est propriétaire du château Flojague à Saint-Genès-de-Castillon. Tous deux sont croyants, catholiques. Ils font ce constat : Castillon-la-Bataille compte un peu plus de 3 000 habitants, dont 30 % sont de tradition musulmane. « Or, les deux communautés ne se parlent pratiquement pas. »
Avant cette journée sur l'islam destinée à des chrétiens, Jean-Claude Ducousso et Bruno de Laugeard ont suivi une formation de sept jours à Paris, au sein du Service national des relations avec l'islam (SRI), créé en 1973 et rattaché à l'Église catholique de France. Et dont la direction est assurée par le père Christophe Roucou, professeur de français, familier de la langue arabe et qui enseigna pendant neuf ans en Égypte. Il a répondu à leur invitation comme plus de 70 paroissiens. (A quand une journée chrétienne pour les musulmans? ndlr Gérard Brazon)
Le thème du débat, « Islam et chrétienté », s'adressait volontairement à eux seuls. Dans un souci d'apaisement. « On ressent parfaitement deux phénomènes en France », explique le père Roucou. « D'une part, la montée de la peur vis-à-vis de l'islam et des musulmans en général ; et d'autre part une volonté de connaissance qui s'exprime à travers une demande croissante de formation. »
Chaque diocèse en France a son délégué. À Bordeaux, Georges Jousse a été nommé directement par le cardinal Monseigneur Ricard. La France est le seul pays en Europe où l'Église affirme cette volonté de dialogue avec les musulmans. « J'ai vécu pendant neuf ans en Égypte et, par expérience, je sais possible une amitié entre chrétien et musulman. » (ben voyons! Il faudrait demander aux coptes ce qu'il en pensent! La dhimmitude fait vraiment des ravages dans l'église catholique! Ndlr Gérard Brazon)
Reste donc à franchir ce rideau de la peur née de l'ignorance. « À ouvrir une porte dans un mur de méconnaissance », dit Bruno de Lageard. Le père Roucou regrette cependant que la moitié des imams en France ne parle pas le français.
Pourtant, comme le souligne Georges Jousse, « c'est par le dialogue que les deux communautés apprendront à se connaître et donc à se respecter malgré leurs différences. » « Non pas malgré, mais avec nos différences », reprend le père Roucou.
Reste enfin maintenant à organiser une rencontre entre chrétiens et musulmans à Castillon-la-Bataille (1). « La question qui se pose aux musulmans est celle-ci : Comment être musulman dans une société "catholaïque", selon le mot de l'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, qui ne l'est pas ? », poursuit le père Roucou. « Une majorité d'entre eux veut vivre sa foi dans le calme et l'indifférence. Ce n'est pas la foi qu'il faut changer mais les comportements. »
(1) Rappelons qu'en décembre dernier, à Libourne, un café théologique public a réuni les trois religions monothéistes à l'initiative de l'imam de la mosquée de Cenon et de Libourne, Mahmoud Doua, auquel s'étaient spontanément associés l'abbé Sebastian Gozdziejewski, le rabbin Jonathan Lévy, son épouse, le pasteur Catherine Lévy.