Emotion et indignation autour du suicide du génie et militant de la liberté : Aaron Swartz

Publié le 25 Janvier 2013

La mort d’Aaron Swartz, génie de l’informatique et militant d’un Internet libre
Aaron Swartz, en août 2009.
Aaron Swartz, en août 2009.
Ragesoss / Creative commons

ParSimon Rozé

C’est le genre de nouvelle qui vous donne un sérieux coup au moral : quand le monde d’Internet a appris le 11 janvier dernier le suicide d’Aaron Swartz, à seulement 26 ans, il a réalisé qu’il venait de perdre l’une de ses plus belles figures. Celle d’un jeune homme incroyablement doué, et très engagé.

Aaron Swartz n’était pas l’une de ces rock-stars d’Internet. Il n’avait pas la notoriété d’un Steve Jobs ou le pouvoir d’un Mark Zuckerberg. Mais l’empreinte qu’il laisse sur le réseau mondial n’en est pas moins importante.

Véritable surdoué de l’informatique, c’est lui qui, à seulement 14 ans, participe à l’élaboration du format RSS 1.0, un format encore très utilisé aujourd’hui pour s’abonner à des publications en ligne.

C’est également lui qui participe à la création de Reddit, un des réseaux sociaux les plus populaires aux États-Unis. C’est lui, aussi, qui participe à la création d’organisations commeCreative Commons, qui vise à proposer une solution légale aux personnes souhaitant partager leurs œuvres soumises aux droits de la propriété intellectuelle.

Il se fait d’ailleurs connaître du grand public pour son combat pour la liberté d’expression sur Internet, à l’occasion du débat sur les lois SOPA et PIPA aux États-Unis. Son combat contre ces deux projets de loi, qui visaient à protéger encore plus les droits d’auteurs en allant jusqu’à censurer certains sites, sera couronné de succès, puisqu’elles ne verront finalement jamais le jour.

AAARON SCHWARTZ EXPLIQUE COMMENT IL A STOPPÉ SOPA.

 

Un acharnement judiciaire ?

Cet engagement pour un Internet libre lui vaudra d’ailleurs des ennuis avec la justice. En 2011, Aaron Swartz avait été inculpé de fraude électronique par les tribunaux américains après avoir piraté le portail JSTOR du Massachussetts Institute of Technology (MIT), afin de mettre à la disposition du public près de 5 millions d’articles scientifiques uniquement accessibles par abonnement.

Il s’était introduit par effraction dans la salle des ordinateurs pour y déposer un ordinateur portable et télécharger les articles. Son raisonnement était simple : les recherches qui ont abouti à la publication de ces articles étaient financées par des fonds publics, il est donc normal que tout le monde y ait accès gratuitement et librement.

Le MIT et le bureau du procureur de cet État américain ne l’ont bien sûr pas entendu de cette oreille. Selon l’acte d’accusation, Aaron Swartz risquait une amende d’un million de dollars (750 000 euros) et trente-cinq années de prison.

Pour ses proches, c’est ici que se trouve la cause de son suicide. Dès le lendemain de sa mort, ils pointaient du doigt les autorités : « La mort d’Aaron n’est pas simplement une tragédie personnelle. C’est le produit d’un système de justice qui a recours à l’intimidation et aux poursuites excessives. Les décisions qui ont été prises par le bureau du procureur du Massachusetts et le MIT ont contribué à sa mort », ont-ils écrit dans un communiqué.

La nouvelle de sa mort a secoué les réseaux sociaux

Aussitôt, la nouvelle de son décès a enflammé tout le réseau. Les blogueurs et personnalités d’Internet ont tenu à rappeler l’engagement d’Aaron Swartz et saluer sa mémoire.

De plus, en réaction au suicide du jeune homme, plusieurs universitaires ont décidé de rendre gratuit l'accès à leurs travaux et de les partager sur Twitter grâce au hashtag #pdftribute.

Devant l’émotion, le président du MIT, Rafael Reif, a été contraint de réagir publiquement. Il a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer si l’institution avait injustement accusé le jeune prodige et avait pu lui porter préjudice.

Beaucoup d’émotion, donc, mais également beaucoup de colère, et se pose donc maintenant la question de la législation en matière de droits d’auteurs aux États-Unis. La lourdeur de la peine qu’encourrait Aaron Swartz a lancé un véritable débat dans le pays.

Depuis, deux pétitions ont été déposées sur le site de la Maison Blanche. L’une réclame le renvoi de Carmen Ortiz, la procureur qui a enclenché des poursuites contre le jeune homme. L’autredemande à Barack Obama d’accorder la grâce présidentielle à titre posthume pour Aaron Swartz.

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Du côté des médias

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