Le départ de Chauprade est une perte pour le FN et le mouvement patriotique
Publié le 11 Novembre 2015
Monsieur Aymeric Chauprade a claqué la porte du Front National. L'homme est direct et n'aime pas, c'est le moins que l'on puisse dire, supporter le joug du militantisme, obéir à la baguette, réagir aux rênes. Il sait qui il est, d'où il vient et jusqu'où il acceptera d'aller.
L'homme est un grand bonhomme, un intellectuel, un géopoliticien de grand talent et je suis assez fier de son livre qu'il m'a dédicacé après une conversation lors d'un congrès.
Peu dans les partis politiques peuvent se targuer d'avoir son talent, son aura, sa puissance et surtout sa simplicité et sa grande modestie face à des militants.
Beaucoup à l'inverse et dans tous les partis, se prennent pour ce qu'ils ne sont pas, se targuent d'écrire alors même qu'ils ont des nègres qui écrivent à leur place et trouvent encore le moyen de se hausser du col sur les plateaux de télévisions. Vous l'avez compris, je suis un admirateur d'Aymeric Chauprade, il le sait, et je le dis souvent.
Aujourd'hui et désormais, il n'est plus au Front National et j'apprends donc du même coup, que le Front National est assez riche de têtes pensantes, d'intellectuels, de penseurs, d'acteurs sur la scène internationale et nationale au point qu'il peut laisser partir un homme de la trempe d'Aymeric Chauprade.
Certes, un parti politique n'est pas une prison. Chacun peut en sortir comme chacun peut y entrer. Personne n'est trainé de force au Front National et la liberté d'expression dans les fédérations reste un fait. Il est vrai qu'il peut toujours dire et faire savoir ! Pour le reste…
Le nouvel adhérent en entrant au FN apporte sa spécificité, son originalité, sa puissance et son expérience dans l'intérêt du parti politique. Mais lorsqu'il décide d'en sortir, c'est que quelque chose s'est passé ! Quelque chose de grave qui fait que le cadre qu'il est devenu, ou le simple militant qu'il est resté, ne se sent plus en phase avec son parti, et là, cela devrait interpeller qui de droit. Où se situe le décalage?
Dans le cas d'Aymeric Chauprade, est-ce de l'incompréhension, des caractères trop trempés, des rancunes, des compétitions internes, des jalousies de prérogatives, une lassitude, une déception, un manque de respect ? Tout à la fois et rien en particulier ?
Le Front National grandit, se transforme par le jeu de la "dédiabolisation" sous la direction claire de Florian Philippot. Tant mieux. La plupart des nouveaux militants viennent de l'UMP, de la gauche socialiste et même de l'extrême gauche. Et comme le dit la chanson, tout cela fait de bon français ! Pour peu qu'ils soient sincères et ne visent pas des postes.
Pour autant, un homme de la trempe d'Aymeric Chauprade (avec qui je partage quasiment l'ensemble du discours, que ce soit sur la Russie, l'islamisme, les djihadistes traîtres à la France) s'en va en claquant la porte. Cela pose tout de même un souci au militant que je suis. Cela ne peut qu'interroger tous les militants et à tous les niveaux. Que se passe-t-il donc au Front National ?
Nous sommes à six semaines des élections régionales. Je le dis comme je le pense, j'ai le profond espoir que le FN ait des régions. De fait, j'espère donc qu'il aura l'occasion de prouver qu'il est parfaitement capable de gérer et d'offrir une alternance politique qui apportera soulagement et prospérité pour les citoyens, comme le font les maires FN dans leur commune.
Une fois dit ça, j'aimerai tout de même que cesse cette opposition en interne qui ne dit pas son nom et qui oppose le FN national-libéral dit canal historique, avec le FN libéral-nouvelle gauche. La France, le souverainiste, le rejet de l'Europe de Bruxelles sont certes un bon ciment, mais pour combien de temps ?
Pour ma part, je reste dubitatif devant l'entrée de jeunes et de moins jeunes militants venus du parti socialiste et de l'extrême gauche. Je suis assez vieux pour connaître la bonne vieille technique des trotskystes, qui consiste à noyauter un parti pour le flinguer à la première occasion ou le trahir. Combien de ces futurs élus venus d'ailleurs seront encore au FN demain ? En clair, constater qu'ils sont souvent parmi les "éligibles" est sans doute un début de réponse au malaise ambiant ! Idem pour les parachutages. Certes, le FN n'est pas le premier à le pratiquer, il l'a déjà fait autrefois, mais les militants qui, ces dernières années ont galéré, ont labouré le béton des villes avec les dents, monté des milliers d'escaliers, frappé à des milliers de portes et ont souffert sous le vent et le froid, ont sacrifié leur vie de famille pour aller coller des affiches, et ont souvent vu péricliter leur chiffre d'affaire, se sentent quelque peu floué d'être mis en face d'un parachutage. Ce n'est pas bien compliqué à comprendre et ils méritent des explications. Y compris, pour les plus chanceux, si le (les ?) colis parachuté est de bonne qualité. Mais lorsqu'il faut faire de la place à des femmes ou des hommes qui, il y a deux ans à peine, dans leurs anciens partis, insultaient les militants du FN, cela ne peut-être que plus dur à avaler. Il ne faudrait pas que les militants canal historique ressentent un effet de "grand remplacement" en interne. Ce qui serait un comble.
Les militants de tous les partis ne sont pas que des bœufs sans âme, sans sensibilité, sans réflexion. Ils sacrifient beaucoup et il faut les respecter. Certes, nous allons vers des fonctionnements où les militants ne seront plus guère utiles! La communication devient le carburant principal. Des études semblent avoir été faites pour estimer l'impact du militantisme face à internet, la télévision, la radio, quelques coups de buzz comme on dit. Le militantisme apparaît (serait) dépassé. Allons-nous faire des partis sans militants? Ce serait à mon sens une erreur et transformerait de facto la politique en bien de consommation sujet à la publicité et donc à l'argent. Nous savons bien que l'argent est déjà le nerf de la guerre. Alors un parti sans militant, dépendant d'une figure de proue, ne serait plus un parti libre et indépendant. C'est pourquoi, la première des obligations d'un parti, c'est le respect de ses militants.
Est-ce qu'Aymeric Chauprade s'est posé ces questions? J'en doute ! Il songe à Philippe de Villiers. Ce dernier est un homme qui a souffert, mais cet homme n'est pas le général De Gaulle. Il n'a probablement pas l'envie de revêtir l'habit de l'homme providentiel, cette perle rare que tous les Français attendent en secret, tant le personnel politique d'aujourd'hui semble corrompu, obsédé par le pouvoir et méprisant le peuple, les Français et la France !
Mais au fond, au-delà des déceptions, des ambitions, que reste-t-il d'autres que le Front National pour sortir rapidement du circuit les tenants du système UMPS qui nous envoie directement dans le mur en nous expliquant pourquoi il ne faut pas mettre la ceinture de sécurité ? Pour notre liberté bien sûr, et notre sécurité !
Quel est l'outil patriote assez conséquent pour changer véritablement la donne UMPS qui, chaque jour, nous explique pourquoi ils feront ce qu'ils n'ont pas fait lorsqu'ils étaient au pouvoir ! Il n'y a que le Front National, aussi imparfait que certains le prétendent à défaut de le prouver. En fait, la plus simplissime des raisons de le vérifier, c'est de voter FN, car qu'il n'a jamais été au pouvoir. Il faut donc qu'il y soit !
A contrario, et à ce jour, si c'est une chance fantastique pour les patriotes, ce sera aussi un grand malheur pour ce parti politique, car il est condamné de facto à la réussite ou à la mort. S'il se plante, s'il trahit les espérances, c'en sera fini du FN. L'espérance est si immense qu'il n'a pas droit à l'erreur.
C'est pourquoi il me semble, à mon humble avis de petit militant de base sans prétention, que la direction ne devrait pas s'effaroucher de voir agir le SIEL de Karim Ouchikh, un parti politique associé, qui fait des actions sur le terrain à la manière, et quelque part, d'un Aymeric Chauprade. Car notre but à tous est bien le même: sauver et restaurer la France.
Gérard Brazon (Le Blog)