Traîtres et comploteurs dans l’Allemagne hitlérienne...

Publié le 29 Avril 2013

Entretien avec le Dr Bernard Plouvier, auteur de Traîtres et comploteurs dans l’Allemagne hitlérienne (éditions Dualpha)

Propos recueillis par Fabrice Dutilleul pour FrancePhi Diffusion Info

 

Le sujet paraît presque surréaliste, puisqu’à Nuremberg, l’accusation alliée a insisté sur l’omniprésence et la quasi omniscience des policiers de la Gestapo. On est donc en droit d’imaginer que les traîtres étaient peu nombreux et voués à une mort certaine. Pourquoi donc insister sur un phénomène mineur ?

Peut-être parce que les accusateurs de Nuremberg ne savaient pas de quoi ils parlaient ! Et, à leur suite, les auteurs universitaires, académiques et mondains ont fait chorus, pour ne pas déprécier la victoire des Alliés et pour accentuer encore le côté policier du régime nazi.

Qu’appelez-vous un traître ?

Celui ou celle qui vend ou donne, par conviction politique ou religieuse, les secrets de sa patrie, celui qui se sent davantage « citoyen du monde », « prolétaire », « croyant » ou « déviant sexuel » qu’attaché à la terre de ses pères.

Et ces hommes et femmes cosmopolites, marxistes ou vénaux ont-ils été nombreux?

Oui et non ! En regard de la population allemande et autrichienne engagée dans l’expérience politique, économique, sociale et culturelle du nazisme, les traîtres n’ont été qu’une infime minorité, jouant toutefois un rôle fondamental lors de la guerre. On ne peut écrire l’histoire militaire de la IIe Guerre mondiale, surtout dans la campagne de l’Est, sans tenir compte du nombre ahurissant de traîtres parmi les officiers allemands ; en l’ignorant, cela rend strictement impossible la compréhension de bien des événements des années 1941-1945.

Les agents recruteurs du Komintern et ceux du GRU ont trouvé, avant, puis durant la guerre, quantité de traîtres dans l’aristocratie et le milieu des artistes, mais aussi dans le corps des officiers d’états-majors et des hauts-fonctionnaires ministériels (les diplomates préférant généralement trahir en faveur des Alliés occidentaux, jugés plus raffinés). Ils ont misérablement échoué, en revanche, à débaucher de façon significative savants, techniciens et ouvriers, qui se sont révélés farouchement patriotes jusqu’à la débâcle, pour la quasi-totalité d’entre eux.

L’on est surpris de constater que tous les traîtres n’ont pas été débusqués par les polices de sécurité du Reich et que la moitié des traîtres capturés ont survécu à la guerre, n’ayant pas été exécutés !

Décrire ces traîtres, sans prétendre à l’exhaustivité, est l’originalité de ce livre, car le sujet des complots contre Adolf Hitler a été très souvent traité, mais généralement de façon décousue, en séparant les complots du temps de paix de ceux de la période 1939-1945, et surtout de façon fort incomplète.

Alors que ce sont pour l’essentiel les mêmes personnages ?

Oui et non ! Pour les comploteurs des années 1938-1944, c’est dans les milieux aristocratiques, singulièrement ceux qui avaient de fortes attaches cosmopolites, et chez les officiers de métier qu’il faut chercher les deux tiers des comploteurs qui, à plusieurs reprises durant une guerre qui fut la plus formidable et la plus meurtrière de toutes, une guerre qui ne pouvait se terminer que par l’anéantissement de l’un des ennemis en lice, ont trahi leur serment de fidélité au chef de l’État-chef des Armées.

Toutefois, ils ne forment que l’arrière-garde des comploteurs. Le IIIe Reich est né en dépit d’une ambiance de putsch militaire qui avait pour but d’empêcher l’accès au Pouvoir d’Adolf Hitler.

Les communistes ont immédiatement pris le relais, grâce à l’incendie du Reichstag que l’un des leurs avait perpétré, par une initiative personnelle fort maladroite.

Puis la frange dirigeante de la SA, les hommes de l’entourage d’Ernst Röhm, qui étaient davantage des condottiere nationaux-bolcheviques que des nationaux-socialistes, ont fomenté un complot, étouffé dans l’œuf, par une initiative très hardie d’Adolf Hitler.

De l’été de 1934 à l’affaire des Sudètes, l’opposition s’est réfugiée dans les salons, les clubs et les boudoirs. La particularité des complots qui se succèdent de 1938 à 1944 tient au fait qu’ils associent des faiseurs de plans de société pour l’après-Hitler (et l’on compte à peu près autant de plans que de cénacles), des ambitieux qui se disputent les postes de commandement du futur régime et des traîtres authentiques, misant sur la victoire des Alliés, occidentaux et soviétiques, pour parvenir eux-mêmes au Pouvoir, « dans les fourgons de l’ennemi. »

La présentation des faits et des acteurs ne peut être aussi manichéenne que ne l’ont fait jusqu’à nos jours la plupart des auteurs. Il n’y a pas des « bons » opposés à des « méchants », comme le disaient Roosevelt et Churchill dans leurs discours, alimentant la propagande de guerre alliée, qui sert encore de fondement à l’écriture des « historiens sérieux », diplômés et patentés.

 

Traîtres et comploteurs dans l’Allemagne hitlérienne, Dr Bernard Plouvier, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 436 pages, 35 euros

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Point de vue

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B
<br /> Pour en rajouter un peu, vu sur Youtube :<br /> <br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=j140pNFThoc&feature=em-share_video_user<br /> <br /> <br />  <br />
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