Liban : Michel Samaha, en état d'arrestation, aurait avoué....
Publié le 10 Août 2012
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L'ancien ministre, arrêté jeudi matin, aurait admis avoir planifié des attentats au Liban sur ordre de Damas.
Quelques heures après son arrestation, ce matin, par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), l'ancien ministre Michel Samaha serait passé aux aveux, selon plusieurs chaînes locales.
Selon la LBC, Michel Samaha aurait avoué avoir planifié des attentats terroristes prévus lors d'iftars au Liban-Nord. Toujours selon la chaîne, M. Samaha aurait précisé avoir transféré des armes, dans sa propre voiture, de Syrie au Liban. Des aveux qui seraient intervenus après ceux du chauffeur de l'ex-ministre, arrêté avec lui.
La MTV a ajouté que l'ancien ministre aurait reconnu travailler sur ordre syrien.
Pour sa part, la chaîne New TV a précisé que les autorités disposeraient d'une vidéo prouvant son implication dans la planification d'attentats dans le nord du pays.
Un responsable des services de sécurité a également affirmé à l'AFP que Michel Samaha a été arrêté dans le cadre d'une affaire d'explosifs saisis qui devaient être notamment placés dans le nord du Liban.
Le responsable a refusé de dire la nature du lien entre l'ancien ministre et cette affaire d'explosifs. Il a cependant souligné que les explosifs n'ont pas été saisis au domicile de M. Samaha où les forces de sécurité ont procédé à l'arrestation de l'ancien ministre.
Des sources de sécurité interrogés ce matin avaient déjà indiqué que M. Samaha aurait été arrêté pour des raisons sécuritaires liées à des attentats contre des députés. Ces sources avaient fait état d'un possible rapprochement entre une tentative présumée d'assassinat contre le député Khaled Daher du Akkar, et l'arrestation de M. Samaha.
Hier à l'aube, une bombe sonore a explosé dans une oliveraie à une trentaine de mètres du domicile du député Daher à Bebnine (Akkar).
S'exprimant à la MTV, le député Daher a déclaré, à la mi-journée, être surpris par les informations établissant un lien entre une tentative présumée d’assassinat à son encontre et l'arrestation de l'ancien ministre. Il a néanmoins précisé avoir reçu "des mises en garde contre une tentative d’assassinat avant qu’une grenade ne soit lancée près de notre domicile au Akkar". "Nous ne voulons pas anticiper les résultats de l’enquête, le pays est la cible d’un complot et c’est ce que nous avait promis le régime syrien", a-t-il encore ajouté.
En milieu d'après-midi, le procureur général par intérim, Samir Hammoud, a affirmé à la VDL (93.3) que l’enquête avec M. Samaha n’était pas encore achevée. "Il va bien et n’est soumis à aucune pression. Je surveille personnellement l’interrogatoire".
Une force des services de Renseignements a investi, tôt jeudi matin, l'appartement de l'ex-ministre à Beyrouth qu'elle a fouillé avant de se rendre à Jouar, près de Khenchara (Metn), où elle l'a arrêté après avoir fouillé sa résidence secondaire, a indiqué l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), qui a précisé que l'ancien ministre est interrogé par les renseignements des FSI.
Un responsable au sein des Forces de sécurité Intérieure a confirmé à l'AFP qu'il avait été arrêté par une section des services de renseignements sur ordre du procureur général.
Le Premier ministre Nagib Mikati avait affirmé dans la journée que l’arrestation de Michel Samaha était liée à des questions de sécurité et non à une collaboration avec Israël ou au Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé d’enquêter sur l’assassinat de l’ancien dirigeant Rafic Hariri.
Alors que les sources officielles ne livrent aucun détail public sur l'affaire, les informations livrées par des sources anonymes prolifèrent depuis ce matin.
L’arrestation de M. Samaha est liée à des préparatifs d’attentats dans plusieurs régions libanaises, ont indiqué ce matin des sources de sécurité haut placées citées par la LBC. Ces mêmes sources ont fait état de la découverte de nombreuses charges explosives prêtes à être utilisées. Elles n’ont cependant pas précisé où ces charges ont été découvertes.
Des membres des forces de sécurité libanaises se déployant à l’entrée de l’immeuble beyrouthin où réside l’ancien ministre libanais, Michel Samaha, arrêté le 9 août 2012. REUTERS/Mohamed Azakir
Selon la LBC, deux voitures appartenant au ministre ont également été saisies.
L'ANI a indiqué, de son côté, que des dossiers, un ordinateur et des cassettes vidéo ont été saisis au domicile de M. Samaha et que sa secrétaire, deux de ses gardes du corps, et son chauffeur ont également été arrêtés.
L’épouse de l’ancien ministre, Gladys, a affirmé à la LBC ce matin que M. Samaha se trouvait dans son lit lorsque les FSI l’ont forcé à les accompagner dans l’un des quatre véhicules de police qui attendaient devant la résidence familiale à Khenchara. Plus tard, s'exprimant devant des journalistes, elle a estimé que cette "arrestation revêt un caractère politique". "Il représente un certain groupe politique et j’attends de ce groupe qu’il ne reste pas les bras croisés", a-t-elle ajouté.
Réactions politiques
Alors que la LBC avait indiqué, ce matin, que plusieurs responsables libanais avaient été mis au courant à l’avance des détails de l’opération d’arrestation de l’ancien ministre, dont le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel, ce dernier à démenti l'information.
Le ministre de la Justice Chakib Cortbawi a, quant à lui, estimé que la façon avec laquelle Michel Samaha a été arrêté est "complètement inacceptable". Le ministre a ajouté, sur la chaîne NBN, qu'il fera une demande d'enquête sur l'opération d'arrestation auprès du procureur général par intérim.
Le secrétaire-général du parti Baas pro-Assad, Fayez Chokr, a également condamné "la bassesse et la petitesse" de la manière avec laquelle l'ancien ministre a été arrêté, rapporte l'ANI. "Une telle opération ne devrait être menée que si Michel Samaha est accusé de trahison nationale", a déploré M. Chokr estimant que M. Samaha est "plus honorable" que toute la caste politique actuelle.
Le député Mohammad Hajjar, du bloc parlementaire du courant du Futur, a, pour sa part, affirmé que les forces politiques qui se sont élevées contre l'opération devraient attendre les résultats de l'enquête.
Son collègue Hadi Hobeiche (Futur) a indiqué que "les forces de sécurité n'auraient pas mené l'opération si elles ne détenaient pas des informations sûres" à charge contre Michel Samaha. "L'accusation qui a été évoquée est plus dangereuse que la collaboration", a estimé M. Hobeich en allusion aux informations faisant état d'un possible rapprochement entre une tentative présumée d'assassinat contre le député du Akkar, Khaled Daher, et l'arrestation de M. Samaha.
L'immeuble où réside, à Beyrouth, l'ancien ministre
Michel Samaha. REUTERS/Mohamed Azakir
La Voix du Liban (100.5) a indiqué, pour sa part, que l'ancien ministre a été arrêté pour diffamation lors d'un entretien télévisé et sur ordre du procureur général.
M. Samaha, également détenteur d'un passeport canadien, est un défenseur acharné du régime du président syrien Bachar el-Assad. Ancien député, il a été plusieurs fois ministres du temps de la tutelle syrienne sur le Liban. Michel Samaha a été notamment ministre de l'Information en 2003 dans le gouvernement dirigé par Rafic Hariri.
La VDL (100.5) a rapporté que le Parti syrien national social (PSNS) s’apprêtait à couper les routes et à manifester à Khenchara pour protester contre l’arrestation de Michel Samaha. Dans l'après-midi, la VDL (93.3) a indiqué que les partisans de l’ancien ministre ont décidé de manifester vendredi s’il n’est pas relâché d’ici là.