Le pouvoir régional - par Francis Neri
Publié le 18 Juillet 2011
Etant plutôt de culture bonapartiste, ma réaction première au pouvoir régionnal est plutôt de type méfiant. Au fond, le régionalisme et les pouvoirs qui devraient aller avec, m'importe peu. Sans être centralisateur au point qu'un fonctionnaire parisien décide d'un tracé communal, d'un permis de construire dans un hameau ou même dans une ville de province, je crois encore aux vertus du centralisme et de la stratégie d'un état sur son territoire.
Certes, on doit avoir des élus responsables sur le plan de la région mais en aucun cas, comme j'ai pu le lire par ailleurs chez certains fondus de l'Europe, des Présidents de régions qui seraient autant de mini Présidents de la République disputant la région à l'Etat ou s'associant avec d'autres régions d'Europe pour mener leur propres politiques. C'est l'éclatement des nations qui feraient tant plaisir à Bruxelles. Bref, le pouvoir régional oui, mais de simple gestion au plus prés du terrain. La France n'est pas régionaliste. Elle a mis 1300 ans à se construire, ce n'est pas pour se déliter en province ou seigneuries.
Voici un article de Francis Neri qui nous donne un avis éclairé sur "Le Pouvoir régional"
Gérard Brazon
Le pouvoir régional
Il est un enjeu pour 2012 et 2014 sur lequel nos politiciens, à part Marine Le PEN, évitent d’aborder, de débattre et surtout de s’engager face aux citoyens ; c’est celui de la décentralisation, du pouvoir régional et de la participation des Français aux décisions qui les concernent.
Il faut bien dire que le brassage européen et mondialiste ne nous a pas apporté beaucoup de satisfactions dont nous puissions tirer des avantages « locaux » et personnels.
La culture égalitariste, la consommation en grande surface, les zones industrielles, la perte de l’identité régionale, l’Europe des marchands, la mondialisation, la désindustrialisation, l’immigration de masse, bref tout ce qui tend à rendre le monde semblable et univoque a échoué et nous a conduits, de crises en crises, dans l’impasse du chômage, du sous emploi et de la guerre civile larvée.
Si le « cœur » des provinces a bien été détruit selon la volonté programmée des apprentis sorciers de la mondialisation, il est progressivement remplacé par des « identitaires » venus d’ailleurs qui n’ont rien à voir avec la culture « douce France » et veulent avant tout nous imposer la leur.
Mais nos cultures régionales, que certains qualifiaient de ringardes et minoritaires, se réveillent et se mobilisent enfin pour retrouver ses valeurs, qui ont traversé l’histoire, et pour se réapproprier des territoires qu’il faut à présent préserver.
Alors comment en sommes nous arrivés au semi échec d’une bonne idée, la décentralisation que préfigurait la DATAR crée en 1964 pour aménager le territoire par le moyen de l’action régionale ?
Comment se fait-il que nos politiciens de gauche comme de droite veulent tous « recentraliser » le pouvoir ?
Que n’avez-vous, concitoyens de 1969, voté oui au référendum du Général De Gaulle qui voulait, dans un même élan, régionaliser, faire participer le citoyen aux décisions socio économiques et renforcer l’Etat en retirant quelques prérogatives au Sénat qui paralysait, et paralyse toujours, ses décisions ?
Il est vrai que les lois Deferre de 1982, n’avaient pas grand chose à voir avec les propositions du Général de Gaulle et n’ont fait qu’ajouter des régions aux mille feuilles étatiques, confondant pouvoir régional avec délégation de pouvoir et subsidiarité[1] .
A tout prendre, il suffisait de déléguer un maximum de pouvoir aux municipalités et de s’en tenir là.
J’ai à présent le sentiment que comme pour l’Europe et la mondialisation, dans la décentralisation Deferre, le peuple, ses valeurs, son attachement au clocher, son intérêt personnel et local a été oublié.
L’Etat lui-même n’est, semble t-il pas satisfait et il empile les structures, de plus en plus redondantes et dépensières, les « métropoles » par exemple.
Il semble vouloir se prouver, comme à ses administrés, que la décentralisation ne fonctionne pas et qu’il se prépare à recentraliser sans l’avouer.
C’est vrai qu’en période de disette, l’augmentation des coûts de fonctionnement et sociaux augmentent considérablement, les gaspillages ne cessent pas pour autant. Les décisions sont lentes et anarchiques, pas toujours cohérentes et correspondant à des besoins prioritaires vers les « nationaux ». La concertation entre administrations décentralisées se fait avec réticences et les budgets se mobilisent au goutte à goutte.
Préparons nous donc à une « recentralisation », quelle que soit l’équipe qui tiendra les rênes en 2012.
La seule qui ose proclamer sa préférence pour un pouvoir « fort », centralisateur et Jacobin, c’est Marine Le PEN, car comme Charles De Gaulle, elle met en exergue la notion de nation et de son indépendance dans un monde qui « s’universalise » de jour en jour.
Pour ma part, si ce retour de l’Etat s’en tient aux pouvoirs dit « régaliens », je suis pour. Je pense avec quelque nostalgie à l’allocution du Général le 24 mai 1968 sur le référendum « qui visait à l’établissement de rapports nouveaux dans le « vivre ensemble » des Français ainsi qu’à associer les groupes socio économiques et culturels aux élus du sol et les Français à la « participation ».
Bien sûr, la réforme du Sénat était associée au projet, privant ainsi celui-ci de la possibilité de blocage des lois votées par l’assemblée. Les sénateurs, puissants agents d’influence sur les élus locaux ont fait et feront à nouveau capoter tout projet ayant pour objectif de réduire leurs pouvoirs de « mandarins ».
Il s’avère que le débat aujourd’hui n’oppose plus les jacobins et les girondins. Le clivage n’est plus situé entre majorité ou opposition, droite ou gauche. Il y a d’un coté les déçus de la régionalisation et de la participation des citoyens aux décisions. Ces derniers en veulent, semble t-il, encore plus.
La fracture sociale se fait avec ceux de l’autre bord qui apparaissent, aux yeux des « bobos » de droite comme de gauche comme des novateurs en réclamant toujours moins de régionalisme, d’Etat et toujours plus de mondialisme.
Alors osons réclamer plus de régionalisme citoyen et plus d’Etat « responsable ».
Francis NERI
Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.
C'est donc le souci de veiller à ne pas faire à un niveau plus élevé ce qui peut l'être avec plus d'efficacité à une échelle plus faible, c'est-à-dire la recherche du niveau pertinent d'action publique.
La signification du mot latin d'origine (subsidiarii : troupe de réserve, subsidium : réserve / recours / appuis) reflète bien ce double mouvement, à la fois de non-intervention (subsidiarité) et de capacité d'intervention (suppléance).
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