Hamas et Fatah : l’impossible gouvernement unifié. Traduit par Nancy VERDIER
Publié le 1 Décembre 2011
November 2011
http://www.hudson-ny.org/2626/hamas-fatah-unity-government
Traduit de l’anglais par Nancy VERDIER
Chaque fois que le Fatah et le Hamas annoncent qu’ils vont en finir avec leur contentieux, les palestiniens se rendent bien vite compte que les deux partis rivaux ne leur disent pas la vérité.
A beaucoup d’égards le statu quo n’est pas une mauvaise chose pour l’une et l’autre des deux formations. Elles ont en réalité un intérêt commun à maintenir leur situation de fait le plus longtemps possible.
- Pour le Fatah qui contrôle l’essentiel de la rive occidentale, la situation est parfaite. Grâce au flot continu d’aides en provenance des Etats-Unis et de l’Union Européenne, l’économie de cette région est relativement bonne et les milliers de fonctionnaires de l’Autorité Palestinienne reçoivent régulièrement leurs salaires.
Ceux qui pensent que le Fatah rêve de retourner sur la Bande de Gaza se trompent. Depuis qu’il en a été évincé durant l’été 2007, le Fatah n’est plus tenu responsable des évènements qui s’y déroulent. La direction du Fatah n’est plus critiquée pour les attaques aux rockets et missiles lancées depuis la Bande de Gaza contre Israël et personne ne peut mettre en cause Mahmoud Abbas et Salam Fayyad si les conditions de vie des 1.5 millions de palestiniens qui résident à Gaza ne s’améliorent pas.
Ce qui n’était pas le cas avant 2007, quand l’Autorité Palestinienne et le Fatah étaient responsables pour l’ensemble des évènements de la Bande de Gaza, des attaques terroristes contre Israël, de la misère de la population, et des armes incontrôlées circulant en contre - bande par les tunnels sous terrains creusés depuis l’Egypte. Le Fatah est maintenant installé sur la rive ouest et bénéficie des millions de dollars qui se déversent chaque mois dans ses coffres. De façon étonnante la présence des forces de sécurité d’Israël sur la rive occidentale est l’une des raisons majeures pour lesquelles Abbas et Fayyad sont encore au pouvoir. Les leaders du Fatah savent que le jour où Israël se retirera de la rive ouest, le Hamas deviendra si puissant qu’il prendra contrôle de toute la région en quelques jours ou quelques semaines.
- Pour le Hamas, d’un autre côté, le statu quo est une bonne chose, parce que le mouvement islamiste continue de contrôler la Bande de Gaza sans faire face à une dure et véritable contestation. Cinq ans de sanctions économiques, de blocus et d’opérations militaires n’ont pas permis de miner la pression forte du Hamas sur la Bande de Gaza.
Le “Printemps arabe” qui semble avoir été kidnappé par les Frères Musulmans et ses alliés du monde arabe et l’accord récent pour un échange de prisonniers ont tout simplement rehaussé l’image du Hamas dans les circonscriptions électorales de Gaza.
Le Fatah et le Hamas ont chacun de leur côté leur propre gouvernement, leurs forces de sécurité qui opèrent dans les zones qu’ils contrôlent sur la rive ouest et à Gaza.
Ils ont même leurs propres prisons où ils détiennent et torturent mutuellement les détenus de l’autre camp.
Tandis que Abbas et Fayyad reçoivent des fonds des américains et des européens, le Hamas a une aide financière en provenance d’Iran et de certains pays du Golf.
A la fois le Fatah et le Hamas savent que l’unité signifierait la perte du soutien financier de leurs maîtres occidentaux, de Téhéran et du monde arabe.
C’est la raison pour laquelle ils ne sont pas pressés pour conclure un accord en vue de former un gouvernement unifié. Qui en a besoin puisque les palestiniens ont déjà deux gouvernements ?
- Abbas et le dirigeant du Hamas Khaled Meschal ont déjà menti par deux fois aux palestiniens au cours des six derniers mois.
La première fois c’était en mai, quand les deux hommes ont annoncé au Caire qu’ils avaient atteint un accord “historique” de réconciliation pour en finir avec leurs divergences et pour former un gouvernement réunifié.
La seconde fois, ce fut la semaine dernière quand ils se sont rencontrés à nouveau dans la capitale égyptienne et ont déclaré qu’ils s’étaient mis d’accord pour ouvrir une nouvelle page de leurs relations et travailler en partenariat.
Beaucoup de palestiniens demeurent sceptiques sur les intentions du Fatah et du Hamas. Ils savent que les deux parties préféreraient préserver le statu quo plutôt que de risquer de perdre leurs aides financières à cause d’un gouvernement unifié. En ce qui concerne le Hamas et le Fatah deux états palestiniens sont préférables à un seul.
Toute reproduction de cette traduction est loisible à condition de citer l'auteur de la traduction Nancy Verdier et le blog Puteaux-Libre. Merci.