Béziers : le FN a-t-il intérêt à rejeter ce que représente Robert Ménard ? Par Jeanne Bourdillon
Publié le 30 Mai 2016
Et pourtant, Robert Ménard, à Riposte Laïque, nous l’aimons bien. Nous le considérons comme un vrai patriote, un esprit libre, et un amoureux de la liberté d’expression.
Nous avons aimé la création de Boulevard Voltaire, avec Emmanuelle Duverger, son épouse, et Dominique Jamet. Nous apprécions que tous les jours, ce nouveau média, axé sur la liberté d’expression et l’amour de notre pays la France, offre chaque matin un journal internet de réinformation de qualité, où par ailleurs quelques contributeurs de Riposte Laïque amènent en toute liberté leurs contributions ponctuelles. Et nous apprécions qu’il publie des articles avec lesquels nous ne sommes d’accord, mais mais qu’on puisse y répondre.
Nous avons été, disons-le, admiratifs devant la conquête de la mairie de Béziers par Robert, qui, enfant du pays, a su, en dehors des appareils traditionnels, regrouper, autour de lui, une équipe qui a su redonner espoir à une ville en perdition.
Le travail effectué par Robert et un petit noyau de militants, est tout simplement exceptionnel, et sa victoire est de celles qui redonne espoir aux vrais amoureux de la France. Il l’a fait en sachant rassembler son camp, autour de lui.
Depuis deux ans qu’il est à la mairie de Béziers, il a redonné une fierté à ses administrés, en réhabilitant, petit à petit, un centre-ville laissé à l’abandon par ses prédécesseurs.
Il a multiplié les combats politiques qui en ont fait l’homme à abattre par les adeptes du politiquement correct. Il a osé dire que dans certaines écoles, 65 % des élèves étaient, si on en croit leur prénom, de confession musulmane. Il a débaptisé une place du 19 mars 1962. Il a réclamé une Garde biterroise, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo. Il a fait venir dans sa ville des intervenants que personne n’invite, y compris les maires du FN : Eric Zemmour, Philippe de Villiers, Renaud Camus…
Ces derniers temps, bien que disant partout qu’il voulait se consacrer uniquement à Béziers, Robert Ménard s’est lancé dans une nouvelle campagne. Estimant qu’il n’était pas possible que les patriotes perdent à nouveau en 2017, et craignant que la stratégie du FN ne permette pas la victoire qu’il appelle de ses voeux, il a organisé, les 27-28-29 mai, les journées de Béziers, sur le thème qu’il n’était pas possible d’attendre 2022. Sa théorie, qui peut se discuter, est une remise en cause de la stratégie du parti de Marine Le Pen, et de réclamer « L’union des Droites ».
Dans un contexte où, en interne, au Front national, la ligne de Florian Philippot et de Marine Le Pen est de plus en plus contestée, et que Marion Maréchal Le Pen apparaît comme de plus en plus populaire, cette initiative ne pouvait pas laisser le FN indifférent.
Après l’avoir fortement critiqué, le parti de Marine Le Pen avait décidé d’envoyer Marion, Gilbert Collard et Louis Aliot.
Caroline Alamachère a raconté, dans cet excellent article, ce qu’avait été l’état d’esprit de la journée de samedi, ses tables rondes et la richesse des participants. Elle n’a pas évoqué l’incident qui provoque les gorges chaudes de la presse, pour une fois très présente. Robert Ménard ayant expliqué qu’il n’était pas le marche-pied du FN, Marion (sans doute sur injonction du duo Marine-Philippot) a décidé de quitter plus vite que prévu la réunion.
http://ripostelaique.com/beziers-beau-monde-reussite-quoi-faire.html
Elle a reproché à Robert Ménard d’occulter le fait que sa tante était la candidate incontournable pour 2017. Gilbert Collard s’est senti obligé d’en rajouter une louche, utilisant ses talents oratoires pour chercher à faire la leçon, voire humilier, le maire de Béziers. Manifestement, l’appareil du FN est mobilisé contre celui qui paraît être devenu un « emmerdeur ».
David Rachline, sénateur-maire de Fréjus, dit qu’il a attrapé le grosse tête. Florian Philippot, de manière crapuleuse, lui reproche de faire la campagne de Juppé, rien de moins.
On peut ne pas partager la vision de Robert Ménard. On peut s’interroger sur la présence de Valeurs Actuelles, et de quelques invités qui sont ouvertement hostiles au Front national. On peut ne pas aimer le nom « Oz la Droite ». On peut ne pas partager, comme nous, un certain nombre des cinquante-et-une propositions qui sont sorties de ces journées. Mais le rôle du seul parti qui représente une alternative, en 2017, face à l’UMPS, n’est-il d’abord de rassembler son camp, les patriotes, avant de chercher d’hypothétiques alliances ailleurs ?
Marion a su utiliser le savoir-faire des Identitaires, en recrutant Philippe Vardon et quelques-uns de ses camarades. Quand on voit le courage des militants de Génération Identitaire, qui réussissent, en plein état d’urgence, à tenir une manifestation parisienne, on ne peut que regretter le sectarisme de la direction du FN, sous l’influence de Philippot.
A une époque où la France socialiste laisse notre pays en pleine délinquescence, abandonnant la rue aux clandestins, aux gauchistes et aux antifas, livrant le pays aux clandestins et aux islamistes, il est temps que le camp patriotique dépasse ses querelles, et sache d’abord regrouper sa famille, et à tenir un discours qui donne de l’espoir aux Français, pour 2017.
Le moins qu’on puisse dire est que, pour l’instant, on ne sent pas, malgré tout le talent de Marine Le Pen, des propos qui montrent qu’elle veut vraiment gagner en 2017, parce que c’est la dernière chance de la France. Disons-le, nous trouvons le FN, dans ses propos actuels, en dessous, par rapport à la délinquescence de la France. Et on sent, de manière irritante, un rare mépris à l’encontre de la famille patriotique, et l’envie de draguer plutôt à gauche. Il paraît que cela s’appelle la dédiabolisation.
Est-ce vraiment une stratégie gagnante ? On le saura dans un an, mais nous avouons notre perplexité, voire notre inquiétude.
Jeanne Bourdillon