Université d’été du PS de la Rochelle: le cadeau de rentrée de Marine Le Pen.
Publié le 24 Août 2013
Marine Le Pen serait-elle devenue l'héroïne de la gauche. C'est l'UMP qui doit baver d'envie devant ce constat. En fait, en plaçant Marine Le Pen sur un tel piédestal politique, les socialistes en font la figure de l'opposition réelle à sa politique. Exit la droite molle, dehors les ténors de la droite classique, inutile de vous affubler de qualificatif de droite forte. La seule force de droite qui compte désormais c'est le RBM-Front National. Ce n'est pas lui qui le dit, c'est le PS qui a tous les pouvoirs en France. Du simple Conseiller Municipal au Président de la République en passant par le congrès.
Gérard Brazon
Par Eric Conan de Marianne (Journal bien pensant)
Illustration - DUPUY FLORENT/SIPA
Depuis quelques jours les grandes voix du PS se relaient dans les médias pour annoncer le grand événement politique de la rentrée auquel participent pratiquement tous les ministres du gouvernement : l’université d’été du parti - qui, allez savoir pourquoi, n’a pas songé depuis vingt ans à une autre ville que La Rochelle. Alors, on écoute, on tend attentivement l’oreille pour savoir de quoi ils vont parler.
Un an après l’élection à tête de l’Etat de l’ancien responsable du parti qui détient le record d’impopularité sous la Vème République et quelques semaines après de multiples polémiques internes au gouvernement et à la gauche, sur la sécurité et la justice entre Christiane Taubira et Manuel Valls ; sur la croissance entre François Hollande et Pierre Moscovici ; sur l’énergie entre Arnaud Montebourg et Cécile Duflot ; sur la laïcité entre Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, sur la pression fiscale entre Philippe Martin et Ségolène Royal - ajoutons même dans le registre sérieux les échanges aigre-doux sur le choix des économies budgétaires entre Jean-Marc Ayrault et Didier Migaud et dans le registre plus futile l’opposition entre Najet Vallaud-Belkacem et Vincent Peillon sur la sidérante « théorie du genre à l’école » - on se dit qu’avec tout cela ils ont du pain sur la planche pour leur trois journées de débat.
Et que les grands cadres socialistes et ministres vont nous expliquer de quels côtés ils souhaitent emmener la France pendant les quatre années à venir, quatre années aussi décisives pour la présidence Hollande, pour la gauche, que pour les Français.
Donc l’on tend l’oreille mais l’on se brûle en renversant brusquement son café du matin en entendant son Premier secrétaire, Harlem Désir, nous révéler le thème choisi par le parti pour cette rentrée : la « mo-bi-li-sa-tion contre le Front National » !
« Le Front national est plus que jamais une menace réelle. J'ai donc décidé de lancer un arsenal anti-FN à La Rochelle pour déconstruire son discours », explique Harlem Désir, ajoutant, comme pour justifier un tel choix : « Nous avons besoin du rassemblement de toute la gauche ». On n’ose croire que c’est le seul sujet qu’ils ont trouvé pour se « rassembler » et se « mobiliser » sans cafouillage, mais toutes les tendances sont en effet à l’unisson.
Le porte-parole du parti, David Assouline, a convoqué rue de Solferino un point de presse hebdomadaire pour nous annoncer que le PS choisissait la « France qu’on aime » contre la « France F-Haine » et Guillaume Bachelay, secrétaire national à la coordination habituellement plus imaginatif a choisi comme thème d’intervention pour démarrer la journée de samedi « Faire gagner la démocratie contre l’extrême droite ». Tout le week-end, des ateliers très vintage sont prévus pour se former aux « argumentaires anti-FN ».
Résumons donc : le Parti socialiste détient la majorité absolue à l’Assemblée nationale, la majorité absolue au Sénat, il dirige 21 régions sur 22 et 56 départements sur 96, il est majoritaire dans 27 des 39 villes de plus de 100 000 habitants et dans 15 des 20 premières villes de France.
Et ce parti majoritaire comme jamais aucun parti ne le fut en France, ce parti qui a donc en charge l’avenir du pays, des régions, des communes, consacre son conclave annuel au Front national.
Marine Le Pen n’a guère besoin de s’époumoner à répéter qu’elle est au centre de la vie politique française ; le PS le fait pour elle !