Une conférence franco-palestinienne à Jérusalem humilie Israël
Publié le 25 Janvier 2012
Ces assises de la coopération sont un événement assez peu médiatisé. De fait, seule une poignée de journalistes avait fait le déplacement. A JSSNews, nous n’étions pas au courant de cette rencontre au sommet jusqu’à ce qu’une collaboratrice nous informe de la situation. Cette personne, elle-même conseiller municipal, a été invitée par sa mairie à venir suivre les progrès des travaux payés par ses administrés dans les territoires palestiniens. Mais il se trouve que cette participante, que nous appellerons Brigitte, n’a pas d’affinité particulière avec les Palestiniens – ni avec les Israéliens par ailleurs. Elle a simplement été « choquée et surprise de l’engouement anti-israélien » des participants et a tenu à partager son expérience avec notre rédaction.
« Il y a à peu près 200 personnes dans ce voyage, souvent rattachées au PS et au PC, mais aussi quelques anciennes petites frappes ramassées à un moment donné par les Conseils municipaux pour calmer les cités. Il va de soi que la plupart des participants sont acquis à la cause palestinienne. Tout comme le Consul de France à Jérusalem. Et après avoir échangé quelques mots avec un assistant du Consul, j’apprends avec étonnement que le Consul porte également le titre d’Ambassadeur de France en Palestine. Un ambassadeur de France en Palestine dont les bureaux sont situés dans Jérusalem-Ouest… » explique Brigitte.
Dans ce méli-mélo de romantisme palestinien, un seul homme semble sortir du lot : le ministre de la coopération Henry de Raincourt. "Il semble que les journalistes français en Israël soient incapables de faire la part des choses" , aurait-il murmuré à ses proches. Dans les couloirs du Consulat, l’un d’entre eux n’a pas hésité à demander au ministre s’il s’était plaint aux Israéliens de la colonisation. Monsieur De Raincourt aurait tout de suite coupé court à la conversation en expliquant que « les Israéliens connaissent parfaitement la position française sur ces questions et ce n’est pas à moi de leur en parler. Je suis ministre de la coopération et je ne souhaite parler que de coopération. » Le journaliste avait l’air déçu. « Peut-être ne pourra-t-il même pas publier un entrefilet tant cette problématique d’occupation n’était pas présente dans le discours du ministre » ajoute Brigitte.
Selon les chiffres officiels transmis par le Consulat, la France, par l’intermédiaire de ses différents intervenants, consacre 7M€ par an aux collectivités territoriales palestiniennes : 2 M€ sont mobilisés annuellement par les collectivités françaises pour financer des projets, et 5M€ par l’Etat, via l’Agence Française de Développement (AFD). Au total, depuis la conférence internationale des donateurs pour l’Etat palestinien organisée à Paris en décembre 2007, la France a contribué au développement des Territoires palestiniens à hauteur de 260M€, dont 87 M€ au travers de l’AFD, en particulier pour des projets de soutien à la construction d’infrastructures, au secteur culturel et à la gouvernance démocratique. Par ailleurs, en marge des Assises, la France en pleine crise économique vient d’offrir un financement supplémentaire de plus de 10 millions d’Euros visant à « améliorer l’alimentation en eau » du Nord de la Judée-Samarie.
Et Brigitte d’ajouter sa consternation en parlant avec ses collègues venus d’autres horizons. « Ici, il y en a une qui témoigne de sa fierté d’avoir hissé le drapeau palestinien à Toulouse, là vous en avez un qui a tout fait pour que l’itinéraire du groupe passe par la Jordanie et non par l’aéroport Ben Gourion pour ne pas payer les taxes israéliennes d’aéroport…«
Politiquement parlant, Brigitte explique que son groupe est « assez mixte », qu’il y a « un peu de tout » mais que « c’est certain, les verts et les communistes sont les plus actifs dans la dé-légitimation d’Israël. »
Au final, Brigitte se demande « si le gouvernement israélien a bien conscience de ce qui se joue sur son territoire, lors d’une réunion franco-palestinienne en présence de Salam Fayyaad et d’un Ministre de la République. » Elle qui venait pour la première fois de sa vie au Proche-Orient, se demande également si « les Israéliens seront assez masochistes pour accueillir de nouveau l’an prochain sur son territoire autant de gens qui aimeraient voir disparaître Israël de la carte ? »
Au final, Brigitte ne sait plus vraiment qui dénoncer : « la France qui crie à la dette et qui dépense sans compter dans des projets palestiniens ou les Israéliens qui acceptent d’être humiliés de la sorte sans bouger une oreille... » Et si elle dénonçait les deux ?
Jonathan-Simon Sellem – JSSNews Exclusivité