Tunisie-Egypte: quand la religion fait la Politique ! Par Chantal Crabère
Publié le 15 Décembre 2012
Si l’on examine avec sérieux les évènements de Tunisie et d’Egypte on a l’impression d’actes manqués, de personnes dépossédées d’un combat, de révolutions ratées
Par Chantal Crabère de Riposte Laïque
Ces peuples semblent floués mais on pourrait dire, en plaisantant, à l’insu de leur plein gré, puisqu’ils ont élu démocratiquement des responsables religieux qui voulaient promouvoir l’islam et qui ne s’en cachaient pas. Ils sont maintenant aux commandes en toute légalité et on a l’impression que le temps se gâte, notamment pour les Égyptiens qui frôlent la préemption autocratique du pouvoir par Morsi…. Mais n’était-ce pas prévisible ? En votant en grande majorité pour des partis de l’islam, à quoi s’attendaient Tunisiens et Égyptiens ? De quel type de constitution pouvait accoucher un pouvoir religieux, si ce n’est d’une constitution qui ferait la part belle à la religion, la seule place dont ces personnes voulaient être le centre ?
Si l’on se réfère à l’histoire passée, et que l’on prend en exemple l’Iran, on se rend compte que plus la religion est forte plus le piège se referme, emprisonne les individus et verrouille rapidement tous les systèmes. Combien d’années a-t-il fallu à Khomeyni pour maîtriser les pouvoirs : médiatique, judiciaire, législatif et économique (les mollahs sont de très bons hommes d’affaires capitalistes) ? Deux pas plus, et le régime est toujours en place, 30 ans après. L’exemple iranien, dont le peuple est soumis aux règles de la loi islamique, n’aurait-il pas dû mettre les autres peuples en garde ?
Les croyants de l’islam sont-ils capables de se désengluer de ce carcan génétique qui retient leur pensée prisonnière comme dans un univers kafkaïen? Sont-ils capables d’envisager qu’il puisse y avoir d’autre voie d’autre horizon que celui d’une gouvernance islamique, que l’on devrait, au moins, avoir le choix. Peuvent-ils imaginer que l’on puisse mettre en place des pouvoirs constitutionnels qui ne soient pas basés sur l’islam ? Sans doute les démocrates et les laïques y sont prêts mais pas la majorité de la population. Que penser du vote des Tunisien(ne) s dont la constitution était très en avance, dont la prise de distance avec le religieux était bien avancée ce qui aurait dû les inciter à voter autrement? Si les islamistes sont maintenant aux Ministères de l’Education, de la Culture, de l’information et des cultes, comment peut évoluer ce pays? On note déjà une nette régression du statut des femmes !
Alain Dubos demande notre soutien aux Égyptiens Il faut, en effet, appuyer les opposants aux islamistes, mais il est difficile de quantifier le rapport des forces. Que faire si les gens se sont, eux-mêmes, en grand nombre, choisis leurs propres bourreaux ? Quel type de révolution font ceux qui manifestent au cri de : »Allah Akbar » quel pouvoir veulent-ils vraiment si ce n’est un pouvoir islamique? Ces clans ne sont pas arrivés là par un coup de force, mais par des élections libres.
La Tunisie et l’Egypte ont, peut-être, tourné la page d’une forme de dictature et franchi un grand pas, mais lorsqu’elles sauront qu’il vaut mieux tenir les religieux à l’écart du domaine politique, alors seront-elles vraiment sur la voie de la sagesse et de la liberté.
Le chemin vers une vraie démocratie, dont la religion ne serait pas l’élément fondateur, n’est pas pour demain, il faudra vraisemblablement encore du temps. Avant cela l’appât des pétrodollars des monarchies du Golfe va peser lourd dans la balance.
Des mouvements de résistance aux islamistes vont certainement naître de la situation de ces pays, pourraient-ils rejoindre les mouvements européens naissants ? De ces évènements l’Europe doit tirer une leçon. Il est inquiétant de constater que nos élus, nos médias, prompts à pointer du doigt la situation au sud de la méditerranée, se voilent pudiquement les yeux pour ne pas voir la menace islamiste se profiler aussi dans nos pays.
Chantal Crabère