Tunis et Tombouctou : deux visages de l’inquisition islamiste par Chantal Crabère
Publié le 4 Juillet 2012
Selon un communiqué du Comité de défense des valeurs universitaires, de l’autonomie institutionnelle et des libertés académiques, Monsieur Habib Kazdaghli, Doyen de la faculté des Lettres de la Manouba devrait comparaître à Tunis le jeudi 5 juillet au Tribunal de première instance de la Manouba. Il est accusé d’avoir agressé une étudiante portant le niqab. Nous avions relaté dans Riposte Laïque les évènements graves qui s’étaient produits en mars 2012 dans cette université.
Tunisie : la contre-révolution salafiste
Posted on 16 mars 2012
Deux étudiantes en niqab, soutenues par des salafistes extérieurs à la faculté, s’étaient introduites dans le bureau du Doyen, endommageant du mobilier et tentant de détruire des dossiers, les intégristes agressant même des étudiant(e)s. Le Doyen dit avoir repoussé cette étudiante niqabée de son bureau, elle prétend être tombée. Le Bureau du Doyen avait été la cible de jets de pierres et un climat de violence s’était développé pendant 2 jours avec, même, la profanation du drapeau tunisien. Le Procureur de la République auprès du Tribunal de première instance de La Manouba avait, d’ailleurs, constaté les dégâts
Le 22 juin 2012, au siège de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, les membres fondateurs du Comité ont examiné comment soutenir le Doyen. Ce Comité appelle l’autorité de tutelle : « à assumer ses responsabilités administratives en assurant la sécurité des institutions universitaires et en protégeant les enseignants, les étudiants et le personnel administratif des agressions physiques et morales». Il faut rappeler que le Doyen avait demandé, sans succès, l’intervention des forces de l’ordre au cours de ces évènements de mars.
Face à la forte pression salafiste le gouvernement Tunisien faiblit. Récemment il y a eu de graves évènements au cours desquels des énergumènes s’en sont pris à des œuvres d’art et aux Artistes….
Maintenant le Doyen qui a essayé, de son mieux, de résister dans son bureau de l’université se retrouve en accusation…. N’aurait-on pas aussi, à Tunis, égorgé un musulman converti au christianisme ? De quel côté est le pouvoir ? Quel avenir pour la Démocratie tunisienne ?
A quelques milliers de kilomètres de là, au Mali c’est aux monuments historiques de Tombouctou, d’une valeur inestimable, classés au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, que s’en prennent certaines milices religieuses.
Ces phénomènes rappellent la destruction des bouddhas d’Afghanistan par les talibans. Jusqu’où les adeptes de la piété islamique vont-ils porter le glaive et la violence ? Quand on s’en prend, au nom d’Allah, aux lieux de savoir, aux intellectuels, aux lieux de la culture, aux musées, aux œuvres d’art, aux artistes , et enfin à son propre patrimoine c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans une culture. Pour en arriver là n’y a-t-il pas de sérieuses aberrations dans les fondamentaux, dans l’ enseignement ou dans la transmission de cette religion ?
Quand des croyants veulent imposer, à tous, leur vision unique de la foi, alors l’inquisition a le vent en poupe et le totalitarisme est en marche. De quoi l’islam a-t-il enfanté ? Ce monde est-il en train de s’auto-détruire ou va-t-il, au contraire, installer sa terreur un peu partout ?
Chantal Crabère