Sarkozy, « l’ami » des musulmans à la mosquée de Paris
Publié le 15 Mars 2012
La cérémonie, annulée la semaine dernière pour cause de téléscopage avec les débats sur l'abattage rituel, est venue parachever l'entreprise dedéminage amorcée après les tensions suscitées entre le gouvernement et les communautés juive et musulmane.
Accompagné des ministres de l'intérieur et de la défense, le president de la République, Nicolas Sarkozy, a inauguré, mercredi 14 mars, à la Grande mosquée de Paris (GMP), une plaque à la mémoire des soldats musulmans tombés pour la France durant la guerre 1914-1918. Un dépôt de gerbe, un rapide moment de recueillement, une Marseillaise, puis le président a passé près de trois-quarts d'heure avec Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur.
"Polémiques qui n'ont pas lieu d'être"
Un temps qui a donné au chef de l'Etat, habitué des lieux depuis son passage au ministère de l'intérieur en charge des cultes, l'occasion de "rendre hommage au sacrifice de tous les musulmans morts pour la France". Mais cette visite a surtout permis au chef de l'Etat d"assurer" les responsables de communauté musulmane, " de la place des musulmans dans la République française".
Après avoir lui-même relancé le débat sur l'abattage rituel lors de discours récents, le chef de l'Etat a demandé mercredi "à nos concitoyens musulmans qu'ils ne sentent pas blessés par des polémiques qui n'ont pas lieu d'être". Les musulmans ont "le droit de vivre leur foi comme n'importe quel citoyen", a ainsi assuré M.Sarkozy. Ses interlocuteurs "savent compter sur mon amitié, mon soutien et ma confiance dans cette institution que nous avons créée", a-t-il ajouté dans une allusion au CFCM, dont il avait imposé l'émergence en 2003 et qui traverse aujourd'hui une profonde crise de légitimité. Il les a enfin assurés de sa "disponibilité pour que nous les aidions à former des imams parlant français ou à entretenir [la grande mosquée de Paris] ".
"Pas de problème avec le président de la République"
De son côté, M.Boubakeur, rappelant "les 300 000 morts musulmans morts durant les guerres françaises" depuis la fin du 19ème siècle, a salué "un geste symbolique qui va droit au coeur des musulmans". Cela montre aussi que "après avoir été toléré puis accepté, l'islam est aujourd'hui estimé", a assuré M.Boubakeur, visiblement décidé à minimiser les tensions. S'il a déploré l'utilisation "par certains" de l'islam comme "facteur électoral", il a assuré qu'il n'y avait "pas de problème avec le président de la République". En aparté, un responsable de la mosquée a souligné "les liens particuliers qui unissent les dirigeants de la GMP et le président de la République, qui se sent ici chez lui".
M.Moussaoui, plus inquiet face au risque que des "discours blessants reviennent" dans le débat public, a souhaité pour sa part que les responsables politiques disent régulièrement "haut et fort leur respect" pour leurs concitoyens musulmans.