Qui est le "Français de souche"? par Didier Raoult. Préface gérard Brazon
Publié le 26 Août 2012
Voilà un article paru sur Le Point très politiquement correct traitant du "français de souche" dont la teneur est bien entendu de ridiculiser l'expression et ceux qui l'emploient
L'analyse que nous fait Didier Raoult de cette expression est claire et donc, les tenants du français de souche sont par définition, de profonds débiles nationalistes qui n'ont rien compris à la France, à sa culture et à sa géographie. Patriotes circulez, vous êtes trop c....
Mais, le "professeur Didier Raoult" passe volontairement sur ce qui est le français, son identification à la nation française et à son histoire. Comment résumer ce qu'est un Français voire comment résumer ce qu'est un Didier Raoult? Est-ce son lieu de naissance, son école, ses études, sa vie privée? En parti mais pas seulement. C'est aussi sa famille et l'histoire de celle-ci ainsi que les récits entendus dans celle-ci. Jamais le petit voisin d'à côté ne pourra prétendre avoir vécu la même chose. C'est donc très facile de se foutre des français de souche mais il suffit de démonter la démonstration pour réaliser que le but de l'article est d'abord l'oeuvre d'un bien pensant! Le ridicule par le ridicule. Cqfd.
Gérard Brazon
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Les créations de mots et de concepts peuvent servir à déguiser des termes dont l'usage est interdit par la loi ou par l'évolution des moeurs. Au cours de la dernière campagne électorale, la question des "Français de souche" a émergé comme une évidence pour ceux qui ont employé l'expression. Habitant à Marseille, la croisée du monde méditerranéen, et ayant eu la chance d'y voir arriver un des meilleurs spécialistes scientifiques mondiaux de l'étude génétique des origines humaines, j'ai naturellement examiné cette question du point de vue du scientifique.
Il est d'abord bien difficile de définir géographiquement ce qu'est laFrance. En effet, ses frontières n'ont cessé de changer au cours des siècles. Marseille pendant longtemps n'a pas été française, le comté de Nice et la Savoie n'ont rejoint la France qu'il y a peu de temps, et l'Algérie a été un département français de 1830 à 1962. L'Alsace et la Lorraine étaient allemandes pour une partie du XIXe siècle et du XXe siècle. Les habitants de Saint-Louis au Sénégal eurent un statut de citoyens français dès la Révolution française, et cette citoyenneté s'étendait à quatre communes du Sénégal en 1916 ! Qu'en est-il des Français des Comores ? Ceux de Mayotte restés attachés à la France sont français, pas ceux des autres îles devenues indépendantes. Ainsi, la France est une variable géographiquement instable, un mythe.
Le droit du sang génétiquement infondé
Concernant la génétique, les choses sont beaucoup plus complexes. Ainsi comment différencier la part de la population française vivant en Europe qui est issue des vagues d'envahisseurs celtes, germains, romains, huns, arabes (lors des grandes invasions du Moyen Âge,) Normands ou de tous les peuples méditerranéens dans le sud de la France, et la part née des migrations économiques des autres pays d'Europe, d'Afrique et d'Asie ? Il existe seulement quelques îlots ayant conservé une certaine homogénéité génétique, dont les Basques qui ne sont regroupés dans aucune nation unique.
La réalité est qu'il n'y a aucune superposition entre le territoire français et son origine génétique. D'ailleurs, les récentes études génétiques ont montré qu'on trouvait en France un mélange des trois grands groupes d'hominiens archaïques que nous connaissons actuellement : Neandertal, Cro-Magnon et l'homme de Dénisova, originaire de Sibérie, dont les gènes nous ont peut-être été apportés par les Huns. Dans tous les cas le métissage est généralisé.
Ainsi le "droit du sang" n'est pas génétiquement fondé. D'autant que l'on estime que 5 à 10 % des enfants ne sont pas du père officiel, mais d'un inconnu, dont on ne connaît pas les gènes ! La définition retenue en France et aux États-Unis du "droit du sol" dépend du périmètre du pays au moment où l'enfant naît ou de la nationalité des parents.
Je redoute que le terme "Français de souche" ne serve qu'à exclure ceux que l'on ne veut pas comme Français... (ce qui était le but de cet article finalement. Ndlr Gérard Brazon)
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C’est la rentrée, la fin des vacances. Le Français de base (le mot souche donnant des boutons à trop de gens) a pu apprécier à quel point son pays est beau, incroyablement doté par la nature, etc., etc. Il a pu, le cas échéant, comparer son terroir d’origine avec d’autres auxquels des populations différentes de la sienne tiennent elles aussi. On appelle ça l’attachement aux racines, c’est un phénomène universel. Migrant pour quelques semaines, le Français de base a ainsi complété ses humanités, découvert, rêvé, jugé et critiqué, avant de se replonger dans la lecture du Point.
Le Point est l’un de ces périodiques dont il arrive que la lecture donne une subite envie de se coller une balle dans la tête. Les tares de l’espèce gauloise y voisinent avec les splendeurs des civilisations étrangères, l’auto-flagellation hebdomadaire y fait figure de routine imposée, la haine de soi y suinte, sournoise, entretenue par quelques chroniqueurs impatients de voir s’effacer la mémoire de la plus vieille nation constituée d’Europe. Le Point, c’est le métissage des idées qui façonnent l’opinion et puisque l’on parle de métissage, le journal se devait de saisir le citoyen bronzé à son retour de Casamance ou de Djerba, pour le replonger séance tenante dans son bain ordinaire.
« La France est un mythe géographiquement instable » nous prévient-il. C’est qu’il convient de ne pas perdre de temps, le vacancier encore ensommeillé par ses siestes pouvant s’imaginer vivre encore quelques mois, voire quelques années, dans un fantasme national obsolète, voire dangereux pour sa santé mentale. À la baguette, le Professeur Didier Raoult. Professeur de quoi ? Le Point ne le précise pas. En revanche, il sera aisé de deviner par qui ce pédant péremptoire, agressif et en fin de compte assez ignorant, a été enseigné. Bref, en attendant que l’Histoire de France disparaisse entièrement des manuels scolaires, Monsieur Raoult, muni de sa petite pelle colérique, de ses gants d’embaumeur et de sa moulinette à broyer les souvenirs de famille, prépare le terrain sous lequel un certain nombre de ses pairs célèbrent déjà les obsèques de son méprisable pays.
Et à entendre son ton de stentor de Café du Commerce, on sent bien que participer à l’enterrement lui fait des choses étranges dans la région du bas-ventre. Poings serrés, jarrets tendus, paupière frémissante, Monsieur Raoult éjacule la « visque » passablement jaunie des branlotins relativistes mêlant les Huns, les Vandales et les Germains, le rattachement de la Savoie (par referendum soit dit en passant) et l’annexion de l’Alsace par Louis XIV, fonçant, d’une fulgurance très dîner-en-ville, de Mayotte à Néanderthal pour nous asséner l’évidence : le Français n’existe pas. Il est une chimère, un ectoplasme intemporel, une scorie dont le grand ménage en cours débarrassera bientôt les ruines du château.
Je ne sais combien Monsieur Raoult a touché pour sa pige estivale, mais faire un chèque pour deux feuillets expédiés entre le café et le départ pour la plage montre jusqu’où Le Point est susceptible de descendre pour boucler ses numéros d’Août.
Car enfin, et fort sérieusement, il est clair que le Professeur Raoult ne s’est pas donné la peine de seulement connaître ce qui s’est passé entre la fusion franco-romano-gauloise du 5è siècle et l’entrée de la ville de Nice (par referendum, cher Professeur) dans l’ensemble national : l’exact contraire d’une instabilité géographique à tendance centrifuge, j’entends par là le patient et obstiné travail de souverains qui, très tôt dans l’Histoire, comprirent qu’il existait un espace géographique naturellement délimité qui s’appelait France, et que bordaient, comme nulle part ailleurs de par le vaste monde, un ensemble de côtes, de rivières, de montagnes, lui assurant une pérenne et solide sécurité.
Par un amalgame « invasions barbares au 5è siècle = métissage obligatoire au 21è », d’une honnêteté intellectuelle rappelant le fumet d’une soupe d’orties, Monsieur Raoult retouche la photo à la tronçonneuse, et omet très volontairement l’élément essentiel de toute cette affaire : la constitution, très tôt, d’une nation, à partir de provinces figées durant plus de mille ans dans des systèmes endogamiques assurant leur identité propre, auxquelles une langue commune, une envie partagée de destin et le désir rémanent de défendre la fusion des gènes en un seul corps, ont donné ce dont nous sommes aujourd’hui les héritiers (moi sûrement, le Professeur…?). La France est un tout cohérent. Si elle ne l’est pas, alors aucun pays au monde ne l’est.
Le problème de Monsieur Raoult, c’est qu’il n’a pas lu Braudel, ou alors, s’il l’a fait, c’est qu’il est encore persuadé qu’il y était question de la Pologne, du Texas ou du royaume khmer. S’il est pourtant un pays au monde où le flou géographique s’est rapidement dissipé entre des frontières dûment « vaubanisées », c’est bien le nôtre. Que dire sinon de l’Allemagne, de l’Italie, du monde slave et de quelques autres? Chimères ou nations valides?
Monsieur Raoult est un fossoyeur. L’appartenance à la France lui pèse. Que ne décide-t-il d’en quitter les rivages pour aborder ceux de ces nations jeunes où lèvent les grandes espérances du monde futur? Pourquoi donc s’obstine-t-il à enfoncer le clou de la dispersion ultime dans le cadavre écartelé de sa patrie? Quel sombre projet médite-t-il lorsqu’il s’amuse ainsi à mentir, à truquer, à déformer pour mieux désinformer? Qui l’emploie en vérité pour ce travail? Car ne nous y trompons pas. Ces besognes-là répondent à des commandes. On exécute, ici, la France.
Au Professeur Raoult je rappelle un lieu et deux dates. Le lieu : Verdun. Les dates : 843, naissance officielle de la France en tant que personne. 1916, la souche rassemblée dans un prodigieux, indicible, effort, empêche l’arrachage de l’arbre planté onze siècles auparavant. Cent ans après, les négationnistes sont à l’oeuvre à l’école, dans les médias et les palais gouvernementaux. Car il s’agit bien de cela aujourd’hui : nier l’histoire, l’âme, les tripes et tout le reste. Assassiner la mémoire. Alors, une question au fossoyeur : qui vous paie, Monsieur, pour prétendre me priver un jour de la mienne ?
Alain Dubos