Projet de construction d'une mosquée géante à Athènes -Traduit par Nancy Verdier

Publié le 14 Septembre 2011

Projet de construction d’une mosquée géante à Athènes

by Soeren Kern, September 12, 2011
Traduit de l’anglais par Nancy VERDIER


Malgré la controverse, le parlement grec vient d’approuver le projet de construction d’une gigantesque mosquée à Athènes et son financement par des fonds publics  (levée d’un nouvel impôt)

Cette décision vient dans un contexte de menaces de violence à peine voilées de la part des milliers de musulmans qui résident dans la ville et qui  ont fait pression sur le gouvernement pour obtenir gain de cause. Soit le gouvernement accédait à leurs  exigences soit il devait faire face à un soulèvement.

Le vote du 7 septembre  qui par 198 voix sur  300 entérine l’urgence de la construction de  la première mosquée officielle à Athènes, - la seule capitale européenne à ne pas avoir de mosquée d’Etat – fut approuvé  par des députés de tous les partis de gauche, du centre comme de  droite.  

Le projet de  mosquée a été planifié dans un décret  sur l’environnement réglementant les constructions illégales.  Un appel à propositions fut lancé pour la rénovation d’un bâtiment d’Etat existant sur une base navale désaffectée dans le quartier industriel de Votanikos près du centre d’Athènes.

Le projet invite le gouvernement grec  (à la demande du Ministère de l’Education et des Affaires Religieuses) à financer la construction  d’une mosquée temporaire dans les six mois qui viennent. Une mosquée plus imposante de 1000 mètres carrés d’une capacité suffisante pour accueillir 500 fidèles  musulmans à la fois,   sera construite dans le même secteur dès la fin de 2012 pour un coût estimé à 16 millions d’euros.

La nouvelle survient au moment où la Grèce massivement endettée se bat contre une récession galopante qui a déjà laissé près de 1 million de grecs sans emplois. La Grèce récemment a réclamé 110 milliards d’euros d’aide supplémentaire sur trois ans pour sauver son économie de la banqueroute.

Officiellement la Grèce a une population musulmane d’environ 500 000 personnes, la plupart d’origine turque. Mais au cours des dernières années des musulmans ont migré vers la Grèce en provenance d’Afrique, du Maghreb, du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale ou du Sud - Est asiatique.  

Parmi les 200 000 musulmans vivant à Athènes, beaucoup sont des immigrants illégaux venus d’Afghanistan, du Bangladesh, d’Egypte, du Nigeria et du Pakistan. On estime aujourd’hui que la Grèce qui constitue  la première porte d’entrée pour l’immigration illégale en Europe, a une population d’immigrants illégaux d’environ 2 millions. Ceci dans un pays où la population totale est de 11 millions.

Les musulmans en Grèce prient dans des mosquées improvisées dans des sous-sols d’immeubles, des cafés, des garages et de vieux hangars. Rien qu’à Athènes, il y a plus de 100 lieux de prières précaires sur des sites non autorisés  éparpillés sur toute la ville.  

La décision du Parlement grec approuvant la construction d’une mosquée est le dernier chapitre d’une longue histoire qui remonte aux années 1930  et qui se focalise sur la question de savoir si la Grèce - un pays à prédominance Chrétienne Orthodoxe -  devrait officiellement accueillir les adeptes de l’Islam.

Athènes n’avait pas construit de mosquée officielle depuis 1833, date à laquelle les Ottomans évacuèrent la ville après presque  400 ans de domination turque. Aujourd’hui, il n’y a que dans  l’enclave de Thrace – dominée par les musulmans turcs au nord-est de la Grèce – que le gouvernement grec donne officiellement son appui aux sites et aux sanctuaires  musulmans.  

Lors du bouclage financier pour les  Jeux Olympiques de 2004, le défunt Roi Fouad d’Arabie Saoudite a offert de financer une mosquée géante à Paiania, un faubourg à 20 km à l’est d’Athènes, près de l’aéroport international. Mais ce plan fut abandonné face à l’opposition de l’Eglise Orthodoxe grecque.

En 2006, le gouvernement promit de dépenser 15 millions d’Euros pour l’édification d’une mosquée en 2009. Mais ce projet fut aussi abandonné.

En 2007, les musulmans prirent les choses en mains. Utilisant une donation de 2,5 millions d’Euros provenant d’un homme d’affaire saoudien, une petite organisation à but non lucratif dénommée « Centre éducatif et Culturel  gréco-arabe »  transforma une ancienne usine de textile à Moschato – un faubourg au sud d’Athènes – en un lieu de prières de 6000 mètres carrés  permettant d’accueillir   environ 2000 fidèles à la fois.

Néanmoins, les projets de construction pour une grande mosquée subventionnée par l’Etat étaient restés au point mort étant donné les méandres bureaucratiques  et l’opposition des politiciens locaux, en particulier ceux du parti  d’opposition de centre-droit, Nouvelle Démocratie, et le mouvement populiste LOS (Rassemblement Orthodoxe Populaire).

Cependant, au cours des derniers mois, le Premier Ministre grec George Papandreou et ses alliés au parlement décidèrent de faire avancer le projet de mosquée, après que l’Union des musulmans de Grèce – un groupe qui se prétend représentatif de tous les musulmans de Grèce (et qui est aussi affilié aux Frères musulmans) -  eût organisé en guise de provocation, en plusieurs endroits d’Athènes,  une série de prières publiques de masse pour contraindre le gouvernement à construire une mosquée.  

En novembre 2010 par exemple, des musulmans organisèrent des prières de rues sur 15 sites dans Athènes.  Ainsi par exemple, plus d’1 millier de musulmans occupèrent la Grand Place située juste devant l’Université d’Athènes et se livrèrent à des prières publiques dans l’enceinte le premier jour du festival musulman de Eid al-Adha.  Plus de 7000 policiers furent appelés en renfort pour faire régner le calme.

En août 2011, le gouvernement grec a donné aux musulmans l’autorisation de célébrer le mois sacré du Ramadan au Stade Olympique d’Athènes. L’initiative avait pour but d’éviter le rassemblement prévisible d’une foule de musulmans dans les différents squares et places publics de la ville.

En septembre 2011, cependant, des musulmans célébrèrent Eid al-Fitr, la fin du Ramadan, par des prières publiques  dans les différents squares publics proches du centre ville. Les musulmans furent assaillis par les résidents locaux qui leur jetèrent des œufs et des yaourts. Des membres  of Chrysi Avgi (L’Aube d’Or) un mouvement d’extrême  droite et nationaliste menaça de s’attaquer physiquement  aux musulmans s’ils ne dégageaient pas la place ; les nationalistes grecs furent empêcher d’agir par la police armée.

Des observateurs disent que le gouvernement Papandreou  accélère ce projet de  mosquée par peur de voir le mouvement de Rassemblement des Musulmans devenir plus violent plus tôt que prévu.  

Comme beaucoup d’autres villes européennes, Athènes connaît la violence islamiste depuis plusieurs années. En mai 2009, par exemple, plus d’1 millier de musulmans se sont attaqués aux forces de police dans les faubourgs d’Athènes après l’accusation d’un officier de police qui aurait piétiné un Coran lors d’une vérification de routine dans un café.   

Presque 50 contestataires furent arrêtés au cours de l’émeute, tandis que plusieurs immigrants musulmans et policiers furent hospitalisés. Plus de 70 voitures furent brûlées et une douzaine de magasins détruits.  Une journée auparavant, une plus grande manifestation avait eu lieu, rassemblant près de 1500 musulmans, mais avant que la marche ne dégénère, la police avait fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

Depuis lors, au moins 15 mosquées improvisées  ont été  attaquées et incendiées par des inconnus.  Lors d’un des incidents, au moins trois personnes furent hospitalisées à Athènes, après que les incendiaires eurent mis le feu à un café bar utilisé comme lieu de prières par les immigrants. En mai 2011, les incendiaires mirent le feu à une mosquée préfabriquée dans le quartier de Kallithea  à Athènes, provoquant des dommages sans faire de  blessés.  

Les musulmans disent que la violence est la preuve qu’ils ont besoin d’une mosquée officielle. Mais des sondages récents montrent que plus de la moitié des grecs sont opposés au projet de mosquée et affirment que le gouvernement ne devrait pas financer des institutions religieuses.   

 

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Israël: une démocratie

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