Pourquoi les français quittent (fuient) la France?
Publié le 5 Mai 2013
De la sueur et des larmes : épisode 2. Les promesses de stabilité fiscale auront vite fait long feu ! En dévoilant sa stratégie pour ramener le déficit public sous la barre symbolique des 3% du PIB en 2014, débattue la semaine dernière à l'Assemblée, le gouvernement a reconnu officiellement la nécessité de nouvelles hausses d'impôts et de cotisations. Dans la sinistrose ambiante et le climat délétère (merci, M. Cahuzac!), voilà qui devrait finir de convaincre de nouveaux candidats au départ. Dans le sillage de quelques grands patrons, artistes ou sportifs - de Gérard Depardieu à Alain Afflelou, de Richard Virenque à Jean-Michel Jarre, de Bernard Charlès à Mathieu Kassovitz - qui ont décidé ou envisagent d'aller s'installer sous d'autres cieux, ils sont en effet de plus en plus nombreux à quitter la France.
Combien ? L'ampleur du phénomène demeure difficile à mesurer, mais les infos qui remontent du terrain vont toutes dans le même sens : ces derniers mois, le mouvement s'est accentué. Créateurs de start-up, patrons de PME exportatrices et cadres dirigeants forment les nouveaux bataillons d'expatriés. (La vraie richesse de la France et non les "djeunes" des cités et l'immigration à Bac-10. ndlr Gérard Brazon).
Autant de contribuables aisés, souvent polyglottes et globe-trotteurs, exaspérés par le "matraquage fiscal" et les mesures Hollande. Déconcertés par l'ère du soupçon et le renforcement des contrôles. Soucieux encore de fuir l'ostracisme à l'égard des "riches" et de "ceux qui réussissent", les lourdeurs administratives comme les pesanteurs sociales.
Cette vague de partants grossit la masse, plus ancienne, des "exilés sociétaux", comme certains les ont baptisés : jeunes diplômés, chercheurs, cuisiniers, médecins, économistes, retraités... Jusqu'à certains lycéens, qui avouent déjà leur intention d'aller étudier à l'étranger !
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Par Jérôme Chatin pour L'Expansion
Que coûte l'exil fiscal ? Aucun chiffre incontestable n'existe. Les estimations portent tantôt sur le manque à gagner pour les finances publiques, tantôt sur la perte de croissance induite. Voilà dix ans, un rapport du Sénat évaluait le déficit pour l'Etat à 85 millions d'euros. L'économiste Christian Saint-Etienne a chiffré, de son côté, les pertes de croissance dues à l'ISF entre 3 et 4 milliards. Et cela avant même le déluge des mesures Hollande... Une méthode consiste à s'appuyer sur les flux financiers mesurés entre la France et l'extérieur dans la balance des paiements. Les quelque 1,6 million d'expatriés, s'ils étaient demeurés dans l'Hexagone, sur la base d'un PIB par habitant de 27 550 euros, auraient créé environ 45 milliards d'euros de richesse. Au total, l'expatriation (au sens large) rapporterait un solde positif de 47 milliards net, c'est-à-dire déduction faite des revenus des immigrés et des dividendes versés aux investisseurs étrangers en France. Quoi qu'il en soit, in fine, un exilé fiscal engendre un manque à gagner."Bien sûr, on peut se dire : voilà autant d'"ambassadeurs" qui essaiment dans le monde. Se réjouir de voir Barack Obama appeler à ses côtés, pour le conseiller, Esther Duflo - une consécration pour cette économiste prodige. On peut aussi déplorer le départ de talents, regretter la perte de savoir-faire. Pour que demain la France ne devienne pas seulement une grande maison de retraite ou un club de vacances.