Pourquoi l’excellent programme présidentiel de François Asselineau ne parle-t-il pas de l’islam ?
Publié le 6 Janvier 2012
Dans un précédent article (1), je décrivais le deuxième congrès de l’Union populaire républicaine, UPR, déroulé le 3 décembre 2011 à la Scène Watteau de Nogent-sur-Marne. Son président, François Asselineau, y avait annoncé sa candidature aux élections présidentielles et dévoilé son programme au public venu l’écouter.
Le silence médiatique qui a entouré cet événement n’est pas très surprenant ─ conformisme, complot du silence ou les deux à la fois ? Un silence qui fait pourtant contraste avec le bourdonnement qui monte de la Toile : le Système préfère-t-il accorder un espace démesuré à des personnalités annexes aussi insignifiantes qu’Hervé Morin, Christine Boutin ou Éva Joly, voire Philippe Poutou ?
Il ne s’agit pas ici de palier ce défaut d’information, mais de présenter trois points du programme présidentiel de François Asselineau, en les commentant parfois. Ces points concernent quelques-uns des aspects institutionnels proposés, la question de l’immigration et celle de la laïcité. (2)
Un mot cependant sur ce programme, largement inspiré du programme du Conseil national de la Résistance, CNR, rafraîchi et adapté à la situation désastreuse que connaît la France aujourd’hui. Et comme il faut toujours se référer à l’Histoire, nous savons ce que nous devons au programme du CNR qui, passé le préambule, ne tient pourtant que sur deux pages : la libération, le plein emploi, la sécurité sociale, la croissance, l’amélioration générale du niveau de vie et de l’instruction, la place enviée occupée par la France dans le monde et, de manière plus générale, tout ce que des économistes résument par une jolie expression : les Trente glorieuses. Mais nous savons aussi où en est rendu notre pauvre pays que ce programme a été défait par les successeurs du Général De Gaulle : aux Trente glorieuses ont succédé les « Trente piteuses. »
1. Préambule
La Résistance, c’est le refus de la soumission et le combat pour l’honneur, c’est-à-dire l’obligation de libérer le pays et de rétablir la démocratie pour sauver la République.
Si l’on songe que, depuis Maastricht, la politique gouvernementale a consisté à défaire la souveraineté nationale afin de soumettre le pays à des forces étrangères et qu’elle n’a plus d’autre ambition que celle de « rassurer les marchés » et les agences de notation, on pourra mesurer, en effet, à quel point la France est tombée bas.
Il est donc nécessaire de sortir de l’Union européenne et de l’OTAN pour recouvrer notre souveraineté nationale, sans laquelle il n’y a ni liberté ni démocratie. L’article 50 du Traité sur l’Union européenne, TUE ou encore Lisbonne, en donne justement le mode d’emploi.
Au reste et d’après les traités en vigueur, l’indispensable retour au franc et la restitution de ses prérogatives à la Banque de France ne pourront se faire sans sortie de l’UE ; idem pour le rétablissement du contrôle des flux de capitaux, de marchandises, de services et de personnes ; idem pour la reprise de la défense des intérêts nationaux à l’Organisation mondiale du commerce, OMC.
2. Pas d’issue sans réformes constitutionnelles
Des réformes constitutionnelles sont indispensables si on veut rendre le pouvoir au peuple et le lui conserver. Les principales consistent en l’interdiction des transferts de souveraineté et la suppression de la procédure du congrès (article 89 de l’actuelle constitution, dû à l’UMPS). Sur un autre plan, la transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle composée, un peu sur le modèle allemand, de magistrats professionnels et non politisés, dont la mission est de faire respecter la constitution en veillant à ce que les lois votées et les accords internationaux ou bilatéraux ne la violent pas.
Plusieurs réformes concernent les élections sont à inclure dans cette partie constitutionnelle. La première d’entre elles est l’introduction du référendum d’initiative populaire, sur le modèle suisse, en sus du référendum d’initiative présidentielle. Viennent ensuite la reconnaissance du vote blanc (avec annulation du scrutin si celui-ci dépasse 50 % des suffrages exprimés) et l’équité du financement public (aide proportionnelle aux voix obtenues, vote blanc pris en compte). Un statut de l’élu gravera enfin dans le marbre de la loi la fin du cumul des mandats et des rémunérations. Enfin, les mandats sont renouvelables une fois.
Il ne s’agit ici que d’un aperçu, les lecteurs que ces questions intéressent, pourront s’ils le souhaitent se référer aux chapitres 1 et 2 du programme présidentiel de François Asselineau. Je souhaite pour ma part que les autres candidats républicains y mettent le nez et qu’ils puissent s’en inspirer.
3. L’immigration et les flux migratoires
Dans sa conférence intitulée 10 raisons qui imposent de sortir de l’Union européenne (3), François Asselineau s’attaque, dans la cinquième raison, aux problèmes de l’émigration et à la gestion démente des flux migratoires.
Il reconnaît que les flux migratoires non contrôlés déstabilisent la société française, sans oublier la société des pays d’émigration, vouée au marasme par la perte inexorable de ses élites. Eh oui, l’UE a établit une Blue Card, sœur jumelle de la Green Card américaine, qui permet de recruter à bon compte médecins, ingénieurs et chercheurs, et de les payer au rabais.
Pour mettre fin à une situation devenue démentielle, il faut absolument dénoncer le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), dont les articles 67, 77 et 79 déterminent, pour les États membres, les conditions d’entrée, de séjour et de contrôle des immigrés. L’article 79 régit en particulier l’immigration clandestine, le séjour irrégulier et l’éloignement.
Il est donc vain de s’en prendre à l’immigration ou aux immigrés, comme le faisait à bon compte Le Pen père, alors que le patronat et les traités européens sont la cause de désordres devenus insupportables. S’attaquer aux conséquences en refusant de considérer la cause est aussi illusoire que les fanfaronnades qui surgissent à la veille des grands rendez-vous électoraux, propices aux effets d’annonce. Claude Guéant ne fait pas autrement avec ses coups de menton et ses rodomontades stériles, cantonné à la posture télévisuelle tandis que Laurence Parisot, qui n’en est pas dupe, s’en tient à la stricte application des traités européens.
Le traitement appliqué à l’affaire des Roms bulgares et roumains et plus récemment aux « réfugiés » tunisiens démontre à ceux qui en douteraient encore que le gouvernement a les mains liées. Seule Bruxelles décide.
Ainsi, pour reprendre le contrôle de la politique migratoire et permettre aux Français d’avoir leur mot à dire sur cette question, il n’y a d’autre solution que de dénoncer le TFUE et de sortir de l’Union européenne. François Asselineau ajoute, dans son programme présidentiel, qu’en outre un référendum sera organisé pour que le peuple puisse enfin s’exprimer sur cette question.
3. La laïcité
François Asselineau et l’UPR affirment leur attachement à la laïcité et à la loi fondamentale de 1905 qui l’établit, à laquelle la cohésion nationale est due ─ cohésion bien mal en point aujourd’hui. Le programme présidentiel entend rétablir les principes républicains essentiels de la laïcité et du refus du communautarisme.
Application stricte de la loi donc, sans dérogations et sans ces stupides adjectifs malintentionneusement accolés à la laïcité pour la vider de son sens.
Cependant, François Asselineau ne se prononce pas sur l’islam, dont il ne me semble pas connaître les textes. Inutile de s’attaquer à un sujet qui divise au lieu de rassembler, donne-t-il à entendre, désireux de ne pas tomber dans la rhétorique néoconservatrice du choc des civilisations.
4. Du choc des civilisations
Le choc des civilisations ? Une théorie produite ou plutôt répandue par des universitaires américains néoconservateurs, dont Samuel Huntington se fit le chantre, du moins selon ce qui est communément admis. En réalité, la paternité de cette théorie revient au professeur Mahdi Elmandjra, un marocain musulman qui fut le premier, en 1992, à définir ce qui passe aujourd’hui pour un concept, employant pour cela l’expression de « guerre civilisationnelle » ─ ce que Huntington reconnaît dans son livre fumeux, paru en 1996. (4)
La théorie est sous-tendue chez Huntington et ses émules par l’idée d’affrontement sans réconciliation possible et, par conséquent, de l’obligation pour les États-Unis de maintenir leur hégémonie sur le monde. En d’autres termes une version plus crue de l’atlantisme, défendue par les néoconservateurs dans une stratégie visant à établir un ordre libéral qui régnerait sur la planète au bénéfice d’une oligarchie.
Cette théorie est en fait un leurre, un bricolage idéologique censé justifier une politique incroyablement belliciste en prétendant désigner de nouveaux ennemis, au nombre desquels l’islam a une place assignée. Réfuté par Wafa Sultan, ce bricolage idéologique a toutefois été reçu sur le Vieux continent, où il a trouvé d’ardents défenseurs dans les cercles ultralibéraux, qui ont en fait leur idéologie, mais aussi de nombreux adeptes au sein de l’élite dont la carrière dépend du Système et qui, par opportunisme, s’est rangée dans le camp des européistes et des américainolâtres traitres à leur pays.
Au-delà des incohérences et des à-peu-près conceptuels et géopolitiques que cette idéologie renferme, ses fondements ne résistent pas à un certain nombre de questions, notamment celles-ci :
Comment expliquer que ceux qui s’en prévalent dans les cercles d’influence et dans les hautes sphères du pouvoir soient les amis des pétromonarchies théocratiques du Golfe persique, dont la politique constante de subsides à l’islam, y compris dans sa version terroriste, est bien connue et contre laquelle les services spécialisés n’ont cessé de mettre en garde ?
Comment expliquer que des alliances apparemment incestueuses soient nouées avec ces parangons de l’islam pour abattre des régimes moins à cheval sur les préceptes coraniques comme en Libye, voire laïques comme en Syrie, et tout cela pour y installer qui ? Des régimes islamiques qui ne tiennent que pour la charia.
Comment expliquer que ce soit les mêmes qui ont permis à la finance islamique de s’exercer en toute discrimination en France, un pays qui, en principe, la bannit ? Comment expliquer qu’ils aient voté, dans les deux chambres, la transposition dans le droit national les oukases dictés par le bras armé de l’Ordre libéral, via ses bureaux de Bruxelles et de l’OMC, dont maintes dispositions sont contraires à la laïcité ?
Comment comprendre enfin qu’ils soient les premiers à s’illustrer, au plan local, par tous ces manquements à la laïcité qui favorisant les dérives communautaristes, multipliant ici les dérogations à la loi de 1905, soutenant là des établissements scolaires fondés sur des bases confessionnelles ?
Comment se fait-il qu’ils autorisent l’utilisation des équipements sportifs et culturels selon des critères ethnico-religieux contraires à l’égalité citoyenne, le service de menus différenciés dans les cantines scolaires et le financement public de mosquées au moyen d’artifices juridiques qui violent la laïcité ?
Pourquoi tout cela sinon parce que ces élus et ces irresponsables politiques et administratifs ont déjà tiré un trait sur la France, marquant de la sorte leur allégeance à l’Ordre libéral, quelle que soit la rhétorique employée pour habiller leur forfaiture ? C’est sans doute le prix à payer pour conserver la place lucrative qu’ils occupent et les privilèges qui s’y attachent, à l’opposé des principes républicains qu’ils sont censés incarner. Le comble de leur cynisme éclate quand ils gémissent devant les électeurs, les uns contre l’immigration et ses nuisances, les autres contre l’islam, alors qu’ils sont les vrais responsables des désordres que nous constatons chaque jour, satisfaits de l’œuvre accomplie et parfaitement conscients que moins il y a de République, moins il y aura de France.
Et pour finir comment ne pas voir que cette pseudo idéologie du conflit des civilisations convient en premier lieu aux juristes de l’islam, ceux que les pieux musulmans désignent par « savants », qui peuplent Al-Azhar et ses succursales, montent en chaire sur Aljazeera et d’autres chaînes dédiées diffusées par satellite ? Indécrottablement islamocentristes, ces savants sans science abhorrent la laïcité et plus généralement la démocratie, demeurent fermés à la pluralité du monde sauf quand ils le divisent en trois maisons, selon une filiation implacable rattachée à leurs prédécesseurs des temps anciens : la Maison de l’islam, où s’applique la loi d’Allah, la Maison de la mission et du prêche, où il faut inviter « de la bonne manière » mécréants et infidèles à embrasser la Vraie religion, préalablement à sa transformation en Maison de la guerre, livrable au djihad et dont la conquête est licite pour que la Terre soit rendue à Allah.
Il existe donc une corrélation ─ d’aucuns diraient une alliance objective ─ entre la réalisation de l’Ordre libéral et la progression de l’Islam dans les pays autrefois démocratiques : détruire les fondements des nations afin de prospérer pour le premier, répandre l’islam en obéissant aux décrets d’Allah pour le second ; l’islam est d’autant plus facile à répandre, est-il assuré, que les nations cibles soient tombées en déliquescence. L’un et l’autre poursuivent le même but, mais pour des raisons différentes, ce qui expliquerait leur connivence et pourquoi ils s’accommodent ensemble.
Voilà une longue digression pour dire que si par hauteur de vue François Asselineau choisit de s’attaquer d’abord aux causes plutôt qu’aux conséquences, il n’est pas moins légitime de critiquer l’islam et de dénoncer ses textes comme la pratique qu’en font tels de ses adeptes, sans donner dans le leurre du choc des civilisations.
Ahmed Ghlamallah
(2) Le programme de François Asselineau est accessible via le site de l’UPR http://www.u-p-r.fr/
(3) http://www.dailymotion.com/video/xill5a_u-p-r-les-10-raisons-qui-imposent-de-sortir-de-l-europe_news (et vidéos suivantes).
(4) On peut lire à ce sujet http://www.alterinfo.net/conflit-de-civilisation_a1250.html et constater le cas qui est fait de Mahdi Elmandjra dans les sites liés à l’islam.