Politique: les minarets et l'aberration du Journal LIBERATION
Publié le 1 Décembre 2009
Je suis satisfait du résultat de la votation suisse concernant l'interdiction de la construction de minarets sur son sol!
Cette votation appelle plusieurs réflexions mais particulièrement sur celle de la démocratie suisse qui elle, autorise la votation c'est à dire, la parole au peuple.
En France, nous en avons plein la bouche de la démocratie mais nous sommes loin d'avoir le niveau de la démocratie Israélienne (Proportionnelle intégrale) dans un pays en guerre depuis 60 ans ni celle de la Suisse qui autorise le référendum d'origine populaire.
Mon propos n'est pas de dénigrer la démocratie française mais de constater que nous devrions, au lieu de nous gargariser, nous moquer ou de s'attrister pour les Suisses, réaliser qu'en Suisse la messe n'est pas dite une fois les élections habituelles terminées. Doit-on regretter que le pouvoir du peuple existe ? Ce Dimanche, le peuple a parlé et s'est prononcé contre l'érection des minarets à 57,5%.
Alors LIBERATION fait son titre : Suisse le vote de la honte! Suivi d'un commentaire que je trouve, pour le coup honteux, venant d'un journal de gauche: "la Suisse est-elle trop démocratique? En permettant à ses citoyens de s'exprimer dans les urnes sur un sujet aussi brûlant que la place de l'islam en Europe, elle leur donne la possibilité de dire tout haut ce que la pudeur interdit ailleurs(...)" Pudeur, le mot est lâché, c'est énorme et lamentable! Trop de démocratie serait donc un manque de pudeur désormais pour LIBERATION! Que vient faire la pudeur dans un référendum populaire?
Rien que le titre est parfaitement scandaleux envers le peuple suisse et sa démocratie majeure. Comme si le peuple devait accepter le diktat d'une minorité sans rien dire par "pudeur". A contrario, le résultat contraire aurait été considéré comme le vote de l'honneur par les tenants de la bien pensance que représente Libération. Pitoyable cette vision de la démocratie. Pour tout dire, très stalinienne!
Mais au delà, comment peut-on s'ériger en censeur des peuples qui décident en leur âme et conscience et souhaitent rester libres de leurs choix? Au nom de quoi si ce n'est de la démocratie?
L'avis du peuple en cours de mandat? Ce n'est pas le cas en France malgré l'entrée dans la constitution du "référendum populaire" qui est quasiment impossible à organiser du fait de la lourdeur du système! (Un pourcentage d'électeurs inscrits qui ouvrirait à une proposition de loi faîte aux assemblées. Elles ont le loisir de s'en saisir... ou non)! C'est dire combien c'est un leurre que j'ai dénoncé en son temps tout comme l'abolition d'un référendum obligatoire pour tout nouvel entrant dans l'Europe! Au nom de quoi pourrait-on donner des leçons de démocratie aux Suisses?
En conclusion, jamais nous n'aurons, en France, une "votation" à la Suisse. Une expression que méprise le journal Libération puisqu'il en juge le résultat honteux.
Donner la parole au peuple sur des sujets qui l'interpellent à un moment donné ne me semble pas inutile! Ce serait donc populiste que d'être démocrate messieurs les censeurs? A la différence de cette gauche portée par Libération, j'aurai accepté un vote contraire à mes idées.
En fait, c'est nous qui devrions avoir honte que notre démocratie ne soit pas suffisamment mûre pour accepter ce type d'expression populaire!
Voici un extrait du billet d'Yvan Rioufol éditorialiste au FIGARO (...) Cette "votation" serait celle de la peur, entend-on parmi les phrases toutes faites. J'y vois plutôt un acte de courage. Ceux qui dénoncent un peuple pusillanime sont ceux qui, depuis ce matin, tremblent comme des feuilles devant les possibles réactions du monde musulman. Les Suisses ont décidé de passer outre les intimidations de l'ombrageux islam politique et ils ont bien fait. Ils estiment que l'islam, dont ils ne contestent pas la présence dans leur pays, n'a pas besoin de signes extérieurs ostensibles pour exister. Personnellement, je leur donne raison. La visibilité recherchée par les minarets est devenue du même ordre que celle voulue par les voiles islamiques ou les burqas. Les citoyens ont refusé l'emprise de l'islamisme. Ils parlent au nom de nombreux européens, et leurs dirigeants paniqués l'ont compris.
Dominique Paillé comme Xavier Bertrand ont déclaré, pour l'UMP, ne pas être sûrs de la nécessité de minarets en France. Cet éveil est un premier pas. Dans ce débat qui s'ouvre, je conseille pour ma part d'écouter l'intellectuel musulman Abdelwahad Meddeb.
Dans la revue Le Débat (mai-août 2008) il déclarait, critiquant les minarets "empruntant la forme conquérante d'une érection phallique": "Il nous faut "inventer" des mosquées européennes (...) Concevons une mosquée de l'islam "intérieur" qui doit être celui de l'Europe". Pour lui, c'est à l'islam de "s'adapter" à l'Europe, à sa culture et à son héritage chrétien. Les Suisses ne disent pas autre chose, en demandant à cette religion de respecter, dans ses édifices, l'identité du pays d'accueil. Où est le scandale, sinon chez ceux qui prétendent encore parler au nom du peuple?
Yvan Rioufol
Comment ne pas se souvenir que l'actuel Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui souhaite l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, déclarait en 1997: "Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes nos casques et les croyants nos soldats."
Alors quand LIBERATION dit que c'est une honte de refuser les minarets sait-il au moins de quoi il parle?
Lire aussi l'excellent billet de Christian Romain du MoDem de Nanterre
Gérard Brazon