Nous sortirons de l'euro que cela nous plaise ou non, par la force des choses. Par Charles Sannat
Publié le 16 Juillet 2013
Certains économistes de la bien pensance comme le trop fameux philosophe, et autrefois prof d'anglais Monsieur Lenglet (responsable économique sur France 2) commence à poser des questions insensées du type: il faut dévaluer l'euro. Insensées il y a seulement 2 ans. Fichtre !
Quelle mouche a piquée l"ami Lenglet ? Quelle avancée finalement ! Il oublie bien sûr de préciser que la banque européenne est totalement indépendante, se trouve à Francfort et n'a pas l'intention de dévaluer.
En conséquence, l'euro ne sera pas dévalué pour donner de l'air à la France et embourber l'Allemagne, dont un euro fort arrange bien ses affaires.
Que faut-il penser de ces avancées. Tout simplement ce qu'en dit Charles Sannat: on finira par sortir de l'euro de gré ou de force ! Par la force des choses économiques. Mieux vaudrait en sortir en douceur par la négociation que brutalement.
Il est tout de même étonnant que ce que dit Marine Le Pen qui s'appuie sur des travaux d'économistes reconnus comme Jacques Sapir, conforté par d'autres profs d'économie comme Charles Sannat ne soit pas entendu simplement parce que nul n'est prophète dans son pays. Elle a raison et la classe politique UMP et PS, responsables de l'échec économique et de la crise veulent la faire taire. Ils veulent casser le thermomètre. Mais la fièvre reste...
Gérard Brazon
Par Charles Sannat
Pour bien comprendre les tendances et enjeux des années à venir, nous avons fait le choix de revenir longuement sur les origines de la crise que nous traversons. Il ne s’agit pas d’une crise économique comme les autres. C’est une crise systémique. C’est même une crise du système.
Cela veut dire que le système dans lequel nous avons tous vécus jusqu’à présent touche à sa fin dans sa configuration actuelle. Notre monde va changer et comme le disait Winston Churchill, «mieux vaut prendre le changement par la main, avant qu’il ne nous prenne par le cou».
Cette compréhension des causes, des risques, des tendances fortes qui conditionneront nos vies, auront un impact évident sur les choix de placements et de gestion patrimoniale de chacun d’entre nous.
L’objectif ultime de cet ouvrage est de mettre gratuitement et à la portée de tous l’analyse que nous faisons de cette crise et de la situation.
Alors que faire ? Contre quoi nous battons-nous ?
Pour répondre à cette question du « que faire », encore faut-il être capable d’établir un diagnostic partagé. Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que les raisons de la crise actuelle fassent l’objet de débats intenses y compris par les économistes.
Pour certains, la crise est financière et trouve son origine dans les errements de la finance, dans une mauvaise régulation ou encore dans la désormais très célèbre crise des « subprimes ». C’est vrai et c’est partiel.
Pour d’autres, la crise, c’est la « faute à » la mondialisation. nous avons perdu nos capacités de production au profit des pays émergents et du premier d’entre eux, la Chine. nous devenons des musées, des économies basées sur les services immatériels. nous ne produisons plus de véritables richesses, mais, surtout, en passant d’une économie de la production à une économie du service, nous avons supprimé une part significative des emplois. Or le travail reste, dans nos économies, le principal vecteur de redistribution. C’est vrai et pourtant c’est partiel.
Pour les écologistes, la crise est environnementale. nous détruisons notre planète. nous consommons chaque année plus de ressources que la terre ne peut nous en fournir. nous devons devenir « décroissants ». J’ai déjà exprimé à de multiples reprises mon point de vue, en dehors de toute idéologie « écolo ». la croissance infinie dans un monde fini est, par nature, une aberration intellectuelle. Alors, c’est vrai bien sûr, mais c’est partiel.
Pour les souverainistes, les nationalistes ou les patriotes (je le dis sans aucune connotation négative de quelque sorte), la crise, c’est la « faute à l’euro », « la faute à la monnaie unique ». Comme l’a encore si bien dit Nicolas Dupond-Aignan à l’assemblée nationale lors du débat sur le traité budgétaire, il est illusoire de croire que nous pouvons avoir une monnaie unique, alors que nous avons des zones économiques hétérogènes, si cela n’est pas accompagné d’une économie de transfert des pays riches, compétitifs et excédentaires, vers les pays pauvres, peu compétitifs et déficitaires. C’est parfaitement vrai. D’autant plus que nos grands amis allemands ne semblent pas particulièrement pressés de payer pour toute l'Europe du sud, France comprise. J’en veux pour preuve les dernières déclarations du ministre allemand, disant avant son arrivée à l’eurogroupe qu’il n’est pas utile que l'Espagne demande l’aide de l'Europe, ce qui peut vouloir dire aussi que l'Allemagne n’a pas envie de payer pour l'Espagne. Donc, tout cela est parfaitement vrai, et pourtant c’est partiel.
Pour les libéraux, la crise, les déficits, la dette, tout cela, ces boulets qui enchaînent nos économies, c’est lié à la présence d’un état omniprésent, omnipotent, omniscient et omnivore de richesse produite. trop d’état, trop de dépenses sociales, trop d’assistanat, trop de taxes pour financer des états providence devenus obèses. C’est assez vrai en Europe, particulièrement du sud. Cela l’est nettement moins pour les pays anglo-saxons, royaume-Uni et États-Unis en tête. Alors oui, l’état est trop gros, particulièrement en France, mais l’endettement est partagé par tous les pays occidentaux, y compris les plus libéraux. Alors c’est vrai. mais encore une fois, c’est partiel.
Pour les socialistes, les communistes, les crypto-marxistes, et toute autre personne teintée des idéaux de gauche (je le dis sans aucune connotation négative), la crise est liée à l’ère de l’argent-roi, à une mauvaise redistribution des profits et des inégalités qui augmentent. Pour eux, la crise, c’est les banques et les banquiers. surtout les traders. Ceux qui font n’importe quoi, et disons-le, ces derniers temps il y en a un paquet. la crise, c’est aussi un manque de régulation. la mise au pas de la finance et la fin du toujours plus de profits et ses cortèges de licenciements boursiers. C’est évidemment vrai, mais c’est partiel.
Pour les européistes, la crise, c’est le manque d’intégration européenne et l’absence de fédéralisme. il faut donc forcément plus et mieux d’europe, moins de décisions nationales, plus de décisions fédérales, de mécanismes communs. il faut le renforcement de l’intégration européenne, des « unions bancaires », fiscales ou budgétaires. C’est bien sûr vrai. il ne peut y avoir de monnaie unique avec 16 pays différents. néanmoins, cela reste partiel. une crise multifactorielle
Vous l’aurez compris, et cette liste est loin d’être exhaustive, la crise que nous affrontons n’est pas qu’une crise de gouvernance, elle n’est pas qu’une crise d’endettement, elle n’est pas qu’une crise environnementale, elle n’est pas qu’une crise européenne ou de la monnaie unique l’euro, elle n’est pas qu’une crise de l’état providence, elle n’est pas qu’une crise démographique, elle n’est pas qu’une crise de la mondialisation et de ses déséquilibres. non, la crise que nous affrontons est le cumul de l’ensemble de ces crises. À un tel niveau de complexité, d’imbrication, de déséquilibre, le terme même de crise est impropre. nous ne sommes pas en crise. nous sommes face à une reconfiguration complète de nos modes de fonctionnements économiques sous la pression de facteurs historiques. nous entrons dans un nouveau monde. Quitter l’ancien ne peut se faire que dans la souffrance.
Des enjeux démographiques aux volontés de puissance de certains états, de la construction européenne qui nous est proche à celle de nouveau grands ensembles, des progrès technologiques destructeurs d’emplois à la mondialisation, du défi de la redistribution des richesses à celui de l’alimentation, partout, le monde que nous avons connu après la seconde guerre mondiale s’effondre. Avec cet effondrement, ce sont nos certitudes qui vacillent, qu’elles soient politiques, économiques, géopolitiques, ou même scientifiques et techniques, sans oublier les aspects sociétaux. Alors que faire ?
La fiscalité environnementale.
Il faudrait mettre en place une véritable fiscalité environnementale, qui prendrait en compte le véritable coût de production d’un bien. Son coût de production, ce n’est pas que la main-d’oeuvre. C’est aussi et surtout le coût de la matière première non-renouvelable, le coût en pollution, le coût en transport. Avec une fiscalité comme celle-là, le prix des choses changerait du tout au tout. La nécessité des délocalisations aussi. les bénéfices des grandes multinationales chuteraient de façon dramatique. Des millions d’actionnaires perdraient beaucoup d’argent. nous ne le ferons pas et pourtant nous y viendrons.
Répudier la dette.
il faudrait répudier les dettes, plutôt que d’essayer de faire croire désespérément que nous arriverons à la rembourser à coup d’austérité de plus en plus forte au fur et à mesure où les récessions s’aggravent en raison même des plans d’austérité décidés pour pourvoir payer les dettes. absurde ! Vouloir payer à tout prix les dettes a pour conséquence une insolvabilité empêchant de les rembourser ! Ne pas rembourser les dettes, c’est ruiner l’ensemble des épargnants en une seconde. Toute l’épargne de millions de vies anéantie en une décision. Le lendemain, ce sera l’impossibilité pour l’état d’emprunter sur des « marchés » qui n’existeront plus. Nous ne le ferons pas et pourtant nous y viendrons.
Sortir du carcan de l’euro. Il faudrait sortir de la monnaie unique. C’était une belle l’idée, comme l'Europe d’ailleurs. Cela ne pouvait pas fonctionner. L’euro était une construction politique. Pas une construction économique. il n’y a pas d’Union de transfert et il n’y en aura pas puisque les allemands considèrent à juste titre qu’ils n’ont pas vocation à payer les RSA et la CMU française.
L’euro fort pour les allemands est une bonne chose. Il étouffe les pays moins compétitifs comme la France. Il détruit les pays encore moins compétitifs comme l'Espagne. Il anéantit carrément des pays comme la Grèce. Le temps de la construction européenne n’est pas celui des crises ni des marchés. Il vaut mieux sortir en bon ordre que d’attendre la catastrophe inévitable.
Nous ne le ferons pas et pourtant nous y viendrons, car l’euro est en train de se disloquer sous vos yeux. Accepter la décroissance et le capitalisme durable. La croissance infinie dans un monde fini, c’est fini ! Terminé.
Deux solutions :
- nous éliminons 50 % de la population humaine par un génocide dont les critères d’épuration sont à déterminer ;
- nous essayons tant bien que mal de vivre tous ensemble, le mieux possible. Et là, pas le choix. nous devrons choisir ce que nous ferons croître, comme certaines technologies, et nous devrons choisir ce que nous ferons décroître, comme certains aspects de la surconsommation stupide que nous pouvons tous les jours constater.
Un monde plus sobre ne remet pas en cause le capitalisme ! D’ailleurs, le capitalisme n’existe réellement que dans sa définition la plus simple : le respect de la propriété privée et les moyens de production privés (mais pas forcément de façon exclusive d’ailleurs). Pour le reste, le capitalisme évolue à travers les époques.
Dans une économie de la décroissance, une société comme Carrefour ou l’Oréal, dont les business model sont basés sur la consommation de masse, ne sont pas l’avenir. Ils sont le passé du futur monde. L’adaptation sera difficile. Elle signifie pour la majorité des entreprises la disparition, ou en tout cas une forte décroissance, des flux financiers captés. C’est pour cela que personne ne veut en entendre parler. Alors nous ne le ferons pas et pourtant nous y viendrons, nous n’aurons tout simplement pas le choix.
La refonte du système monétaire. Après une débâcle monétaire suite à l’explosion de la bulle mondiale d’endettement, il faut être capable de redonner confiance aux acteurs dans une nouvelle monnaie.
(extrait d'un livret sur les tenants et les aboutissants de la crise: Les vrais raisons de la crise par Charles Sannat