Marine Le Pen maintient l'exclusion du FN d'Alexandre Gabriac. Que le ménage soit...
Publié le 30 Avril 2011
"Ma décision a été prise et l'exclusion a été prononcée", a déclaré Marine Le Pen sur RTL.
Les appels "à davantage de clémence "lancés par de Bruno Gollnisch et son père, Jean-Marie Le Pen, n'ont donc pas porté.
La semaine dernière, ce jeune élu de 21 ans avait été convoqué devant la commission des conflits du parti, qui avait recommandé de prononcer un simple blâme, mais le même jour Marine Le Pen avait prononcé son exclusion, comme elle l'avait laissé
entendre dès le début de l'affaire, fin mars.
"Je serai ferme et brutale s'il le faut, parce que nous en avons soupé de ce type d'agissement", avait affirmé Marine Le Pen fin mars à l'AFP, précisant par ailleurs qu'Alexandre Gabriac "est un type de l'Oeuvre (française)", un groupuscule nostalgique du pétainisme.
Appels "à la clémence " de Bruno Gollnish et Jean-Marie Le Pen
Désormais président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen avait trouvé cette "réaction
rapide", jugeant que sa fille n'avait pu prendre connaissance du rapport de la
commission. Bruno Gollnisch s'était pour sa part dit "extrêmement étonné que la présidente
ait pu prendre cette décision alors qu'elle se trouvait à 10.000 km de là, en
vacances en Thaïlande".
Plus jeune conseiller régional de France, Alexandre Gabriac avait été élu par les adhérents au comité central du FN, en janvier dernier, sur la liste de Bruno Gollnisch, le challenger malheureux. Il était candidat aux cantonales en Isère (Grenoble-6) et s'était qualifié pour le second tour. C'est justement à la veille de ce deuxième tour que la photo avait fait le tour du net.
"La commission des conflits a fait preuve d'indulgence (...) mais elle a un avis consultatif et c'est la présidente du Front national qui a la décision dernière", a expliqué Mme Le Pen. "Même à 10.000 km, avec le téléphone et le mail on est informé en temps réel. J'ai donc été informée en temps réel des travaux de la commission et j'ai pris ma décision en toute connaissance de cause", a-t-elle ajouté.
Elle a par ailleurs jugé "assez inamical" de la part de M. Gollnisch, son rival malheureux pour la présidence du parti, de révéler son lieu de vacances, en y voyant "une atteinte à sa vie privée".
Le 25 mars, le site nouvelobs.com avait publié une photo, non datée, d'Alexandre Gabriac, conseiller régional FN en Rhône-Alpes et candidat aux cantonales dans l'Isère (Grenoble-6), faisant de la main gauche le salut hitlérien devant un drapeau nazi, une image peu conforme à la stratégie dite de"dédiabolisation" incarnée par Marine Le Pen.
Un autre élu FN devant la commission des conflits
Contactée par l'AFP, la présidente du FN a par ailleurs indiqué qu'un autre jeune candidat aux cantonales (canton de Soulaines-Dhuys, Aube), Jean-Baptiste Cordier, qui figure sur une photo en compagnie de personnes faisant le salut nazi, "irait devant la commission des conflits de la même manière".
Cette photo, où le frontiste ne fait pas lui-même le salut hitlérien, est apparue la semaine dernière sur un site internet créé début avril, "fafwatch", et qui multiplie la diffusion de photos de militants d'extrême droite. "Je ne suis pas dupe du travail d'un certain nombre d'officines dans ces révélations au compte-goutte", a déclaré Marine Le Pen..
Mardi 26 avril , le secrétaire général du FN, Steeve Briois, avait affirmé à l'AFP que "ce n'est pas innocent si tout cela sort aujourd'hui, au moment où Marine menace Sarkozy", en y voyant la main d'"une cellule, soit du ministère de l'Intérieur, soit de l'Elysée".
Emotion en Rhône-Alpes
Une suspension de séance "symbolique" a eu lieu le jeudi 7 avril au Conseil régional Rhône-Alpes. De droite et de gauche, les élus du Conseil régional ont protesté contre la présence d'Alexandre Gabriac dans l'Assemblée. "Notre région ne peut pas être souillée par de tels comportements", a déclaré le président PS de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, en référence à la photo d'Alexandre Gabriac circulant dans la presse et sur internet mais dénoncée par ce dernier comme étant un montage.
"J'ai saisi le procureur de la République de Grenoble (...) C'est maintenant à la justice d'exercer ses responsabilités", a ajouté M. Queyranne avant d'accorder une courte suspension de séance demandée "à titre symbolique" par les élus de la majorité de gauche pour exprimer leur indignation.
A l'issue de la suspension de séance, Olivier Wyssa, vice-président du Groupe FN au Conseil régional Rhône-Alpes, a dénoncé un "lynchage médiatique" à l'encontre d'Alexandre Gabriac. Les élus de l'opposition de droite ont quant à eux condamné "unanimement et fermement ces agissements", regrettant que M. Gabriac siège toujours au Conseil régional.
Les partis de la majorité de gauche du Conseil régional Rhône-Alpes ont par ailleurs indiqué, avoir "interpellé le garde des Sceaux, Michel Mercier" dans un courrier afin qu'il "puisse se saisir de ce dossier".