Français, votre patrimoine historique fout le camp !
Publié le 29 Février 2012
Communiqué de Karim Ouchikh, conseiller politique à la Liberté d’expression de Marine Le Pen
Depuis trop longtemps déjà, agissant impunément sans se voir opposer la moindre entrave, nos oligarchies mondialisées se livrent sans vergogne à leur passion favorite : effacer peu à peu des consciences de nos compatriotes les traces du passé prestigieux de la France, en alignant servilement notre modèle de civilisation sur les standards mondiaux, afin d’anéantir définitivement l’exception française du concert des Nations.
De la suppression déroutante des épreuves de culture générale au concours d’entrée à Sciences-Po à l’étrange disparition de l’enseignement d’histoire-géographie du tronc commun de terminale S, l’Education nationale n’est pas la seule institution française à souffrir de cette misérable entreprise ou le reniement le dispute méthodiquement à la détestation de soi. Parce qu’il concentre assurément l’âme de son peuple, l’emblématique patrimoine historique de la France est la cible de toutes les attaques, notamment de celles de Nicolas Sarkozy, pour qui l’attachement à l’histoire singulière et à la civilisation éblouissante de notre pays représente sans doute la valeur la plus méprisable.
Nul n’ignore que le chef de l’Etat maîtrise pleinement l’art de circonvenir subrepticement l’opinion publique, avec une habilité rarement portée à ce degré de perfection, en professant tout et son contraire, sur quelque sujet que ce soit : la question de l’intégrité du patrimoine historique de la France n’échappe en rien à cette duplicité permanente.
Histoire d’afficher un semblant d’intérêt pour la préservation de notre patrimoine culturel, qui cadre pourtant mal, en la matière, avec un bilan des plus calamiteux, Nicolas Sarkozy a invité à déjeuner à l’Elysée dix-sept personnalités du milieu du patrimoine historique, ce vendredi 24 février 2012, pour aborder diverses questions d’actualité, des nouveaux droits à construire au problème de l’implantation des éoliennes à proximité des sites historiques, sans oublier l’avenir des monuments classés.
Gageons que chaque participant à cette grossière opération de promotion électorale aura gardé lucidement à l’esprit le souvenir des innombrables atteintes à la protection du patrimoine historique, artistique ou culturel, commises sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, à l’exemple de la scandaleuse rétrocession au bénéfice de la Corée du Sud, voici deux ans, d’ouvrages d’une valeur historique inestimable conservés jusqu’alors dans les précieuses collections de la Bibliothèque nationale, ou bien, plus près de nous, du transfert, fortement encouragé par des groupes de pression mercantiles, du patrimoine monumental de l’Etat au profit de collectivités territoriales passablement appauvries qui, ne pouvant guère l’entretenir, se condamneront tôt ou tard à s’en délester au profit d’opérateurs privés.
Paisiblement attablé sous les ors de la République, aucun des convives n’aura été dupe d’un discours lénifiant qui venait tout juste d’être contredit par l’annonce de la vente prochaine, programmée par l’Etat en mars prochain, de quatre somptueux hôtels particuliers parisiens, – de l’hôtel de Clermont à l’hôtel de Broglie, de l’hôtel de Vogüé à l’hôtel Mailly-Nesle -, soit autant de transactions immobilières lucratives qui viendront encore davantage appauvrir le domaine public en privant celui-ci d’un patrimoine historique considérable, au bénéfice des appétits insatiables de milliardaires chinois, de magnats russes ou de princes du Qatar.
Pour couronner le tout, les membres de cet auguste auditoire se seront légitimement interrogé, entre deux coups de fourchettes, sur la sincérité d’une parole présidentielle qui ne cesse de se briser pitoyablement à l’épreuve des faits : de la très probable cession à venir du haras national du Pin au profit du secteur privé, à la mise en vente, à un rythme effréné, du patrimoine immobilier de l’Assistance publique (Hôtel-Dieu de Lyon, de Marseille, en attendant celui de Paris…) ou de celui, tout aussi imposant, du Ministère de la Défense, au bénéfice à chaque fois de chaînes d’hôtelleries de luxe ou de promoteurs immobiliers, n’assiste-t-on pas, au gré de cette triste litanie, à la programmation perpétuelle d’une vaste braderie qui s’est ouverte, ces derniers années, aux dépens de notre patrimoine national ?
Pour justifier pareille politique, Nicolas Sarkozy délivre toujours la même explication, peu convaincante : soulager les finances publiques de l’entretien coûteux d’un patrimoine à ce point considérable que les pouvoirs publics ne disposeraient plus guère des moyens d’en supporter la charge. En d’autres termes, la logique malthusienne qui préside désormais à la gestion des finances publiques de la France imposerait à notre pays, sous le contrôle vétilleux des fonctionnaires de Bruxelles, de devoir se séparer, la mort dans l’âme, de ses bijoux de famille. Selon Bercy, qui a annoncé clairement la couleur, dès juin 2010, l’État n’a-t-il pas l’intention de vendre 1.700 immeubles ou terrains lui appartenant d’ici à 2013…? En bonne logique, le programme de Nicolas Sarkozy pour les présidentielles prévoit de n’affecter à la restauration du patrimoine national que 5 % du produit de ces cessions d’actifs immobiliers : si peu, serait-on tenté de dire…
D’un point de vue civilisationnel, la France serait-elle devenue l’homme malade de l’Europe ? Notre pays est-il à ce point vulnérable, culturellement, que rien ni personne ne serait en mesure d’affronter le mémoricide de la France qui se commet chaque jour sous nos yeux ? Les investisseurs étrangers ne s’y trompent pas, eux qui viennent en masse faire quotidiennement leurs emplettes immobilières en France, à l’instar de ces milliardaires chinois qui, ces derniers mois, acquièrent en quantité les châteaux bordelais.
En ce domaine comme en beaucoup d’autres, un sursaut de dignité nationale, qui ne ferait aucunement l’impasse d’une saine gestion des finances publiques de notre pays, est-il encore possible ? Assurément, si l’on garde à l’esprit cette immense victoire du bien commun sur les intérêts particuliers que constitua en somme l’affaire de l’Hôtel de la Marine. Après plus d’un an de polémiques, le président de la République vient finalement de donner son feu vert au projet équilibré du Musée du Louvre d’aménagement culturel de ce prestigieux lieu de mémoire, – pourtant promis voici peu aux convoitises d’opérateurs privés – cédant en cela, de guerre lasse, à la puissante mobilisation de l’opinion publique qui avait combattu pied à pied le projet initial de privatisation de l’ancien garde-meuble royal.
Portée à l’échelle du pays, soutenue durablement par une action volontariste des pouvoirs publics qui redéploieraient intelligemment les crédits alloués au Ministère de la Culture, la mobilisation populaire en faveur de la sauvegarde et du rayonnement du patrimoine historique français peut certainement produire des miracles. En cette année johannique, il ne serait sans doute pas inutile, par sagesse, d’en appeler aux mannes de la Pucelle d’Orléans, en attendant le secours bienveillant que nous apportera demain une autre femme providentielle…