La Une de "Minute" choque ! Elle est choquante. Mais bien moins que de comparer Marine Le Pen à une Truie ou une Araignée ! Par Gérard Brazon
Publié le 13 Novembre 2013
Comme de temps en temps les journaux de la bien pensance de gauche ont parfois des moments de lucidité, je présente un article de Huffington Le Monde. Bien entendu, on pourra lire les appelations "d'extrêmiste de droite" mais on ne peut pas tout demander d'un coup. Gageons que lorsque le Front National saura au pouvoir, tout ce fatras disparaitra dans un même élan de solidarité avec le pouvoir en place. Nous savons ce que font les rats quand un navire coule.
Mais je dois faire attention, nous ne pouvons plus de comparaisons animales. Sauf s'il s'agit de traiter de truie Marine Le Pen "dont on pouurait briser les os" au moment de sa chute il y a deux mois, ou aujourd'hui en la traitant d'araignée, puisque comme nous le dit le Parisien, Marine le Pen tisserait sa toile avec les partis populistes européens. Bientôt avec la bien pensance, c'est Jean de la Fontaine qui sera interdit. Mais il est vrai que c'était un blanc et donc par définion un raciste de français de souche.
Gérard Brazon
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Rien ne va plus entre l'extrême droite et son journal de référence. Très attaqué pour le racisme affiché ouvertement par certains de ses candidats sur les réseaux sociaux, le Front National n'a pas attendu très longtemps avant de se désolidariser de la Une polémique de l'hebdomadaire Minute comparant la ministre de la Justice à un singe. Un divorce en bonne et due forme assumé par Marine Le Pen qui a pris le clavier elle-même pour marquer sa désapprobation sur Twitter.
"Cette Une est inadmissible, profondément choquante. Comme souvent les Unes de Minute", a renchéri ce mercredi 13 novembre sur France Info, le vice-président du parti d'extrême droite, Florian Philippot. Symbole du "nouveau FN", cet énarque propulsé à la tête du FN par la seule volonté de Marine Le Pen a été plusieurs fois la cible de l'hebdomadaire.
Une rupture qui remonte à octobre 2010
Car la brouille entre le Front National et le journal qui l'a soutenu dès sa naissance dans les années 70 ne date pas d'hier. Depuis son élection à la tête du parti de son père en janvier 2011, Marine Le Pen et sa stratégie de dédiabolisation sont dans le collimateur de Minute, qui a suivi le chemin inverse. Dès la campagne interne, le magazine a pris fait et cause pour Bruno Gollnisch, ancien dauphin de Jean-Marie Le Pen et bien plus en phase avec la ligne nationale-radicale des origines.
Comme le relevait alors le blog Droites Extrêmes du Monde, l'hebdomadaire s'était attiré les foudres des marinistes en l'accusant de vouloir "verrouiller l'appareil", futur organigramme du FN à l'appui. "Larebière [rédacteur en chef de l'hebdomadaire] est le patron des Identitaires qui ont été des concurrents du FN lors des régionales. Il n'y a pas que Woerth qui connaisse des conflits d'intérêts. Minute aussi", grinçait alors Marine Le Pen.
La riposte ne s'était pas faite attendre: lors du congrès de Tours de janvier 2011, les journalistes d'extrême droite s'étaient vu refuser leur accréditation par un Jean-Marie Le Pen un brin revanchard. "Il y a des hostilités qui sont légitimes", estimait alors le fondateur du FN. "Mais quand il y a volonté de nuire, comme l'ont démontré Minute et Rivarol (autre journal d'extrême droite) au cours de leurs derniers numéros... Leur hostilité n'est pas légitime".
Le lobby gay et la crise à Minute
Depuis, les relations sont allées cahin-caha entre FN et Minute, l'élection présidentielle calmant temporairement la dispute. Mais les difficultés économiques du journal, l'incitant à durcir le ton quitte à verser dans l'homophobie crasse, l'ont encore éloigné d'un FN en quête de respectabilité. Et le bras de fer a brutalement repris à la faveur d'une Une encore très controversée au Front National. Surfant sur les polémiques entourant le débat autour du mariage gay, Minute accusait au mois de janvier 2013 la direction du FN de cacher en son sein un "lobby gay".
Une critique ciblant les réticences de Marine Le Pen à entrer de plain pied dans la bataille contre la loi Taubira. Cette attaque tombait d'autant plus mal que la direction du FN était alors très partagée sur la ligne à suivre, Marine Le Pen et Florian Philippot préférant réserver leurs critiques à la situation économique et sociale du pays.
"Ce sont des analyses dignes des complotistes d'extrême droite de l'entre-deux-guerres. Vous savez, pendant l'entre-deux-guerres, on ne disait pas gay, on disait juif, mais c'est du même niveau. Ce n'est pas étonnant que cela vienne du journal Minute. C'est le degré zéro de la politique", avait vivement réagi Florian Philippot, visé par ces attaques.
"Ce journal est un torchon. C'est inadmissible", avait tranché Marine Le Pen. Depuis, le torchon n'a jamais cessé de brûler.