La France contre les croix et les auréoles! Par Robert Ménard
Publié le 15 Décembre 2012
Tribune libre de Robert Ménard*
Cyrille et Méthode vont retrouver leurs auréoles sur les euros slovaques. Eh oui, la Commission européenne a finalement accepté que les deux apôtres slaves, les deux saints échappent aux fourches caudines des laïcards qui sévissent dans les instances européennes. On les verra bien, avec croix et auréoles, sur la pièce de deux euros émises à l’occasion des 1150 ans de leur arrivée dans ce qui deviendra la Slovaquie.
Nous avions rapporté, ici même, les arguments des ronds-de-cuir bruxellois. Ces apparatchiks avaient invoqué le « respect de neutralité religieuse », s’abritant derrière un règlement communautaire qui les autorisent à de telles mesures – j’allais dire, de telles extrémités – quand un « projet de dessin est susceptible d’engendrer des réactions défavorables parmi ses citoyens ».
Vous vous en doutez, personne n’a manifesté dans les rues de Bratislava. Pas une seule« réaction défavorable » à la présence de ces « détails » qui révulsent Bruxelles. Tout au contraire : on s’est ému. L’Église locale a même dénoncé, on s’en doute, ce « manque de respect envers l’histoire du pays ».
Mais alors, qui était donc à l’initiative de cette saisie de nos censeurs européens ? Deux pays figurez-vous. La Grèce, d’une part. On peut le comprendre : la patrie de l’orthodoxie est chatouilleuse sur toutes ces questions. Mais aussi… la France !
Je ne sais pas qui, à Paris, a décidé d’initier une telle démarche. Des fonctionnaires sourcilleux, appartenant à quelque loge ? Des politiques se shootant au laïcisme qui fait fureur aujourd’hui de l’extrême gauche à l’extrême droite ? Qu’importe. On se souvient encore de la levée de boucliers quand on invoqua, lors de la discussion de la Constitution européenne, les « racines chrétiennes » de notre continent… On était en 2004. Rien n’a changé. Non, pas tout à fait. À Bruxelles, on a fini par entendre les protestations des Slovaques qui, à 62%, se déclarent catholiques. À Paris, on continue de patauger dans les vieilles querelles du siècle passé… de quoi nous donner envie de sortir l’ail et le crucifix !
Un mot encore. En 1985, Jean-Paul II avait proclamé Cyril et son frère Méthode co-patrons de… l’Europe.