La baisse des dépenses de la Défense en Europe. Le prix de l'insécurité!
Publié le 5 Janvier 2012
La baisse des dépenses de défense attestée par les chiffres
La tendance à la baisse des budgets de défense n’est pas une vue de l’esprit. Selon les dernières données, produites par l’Agence européenne de défense (Defence Data 2010), les dépenses diminuent régulièrement : 209 milliards en 2006, 206 en 2007, 203 en 2008, 198 en 2009 et 194 en 2010. Une baisse d’environ 2% chaque année (entre 1,4% et 2,5%). Ce alors que le PIB a augmenté (sauf en 2009 chute de 4,2%) et que les dépenses publiques (tous secteurs confondus) a lui aussi régulièrement augmenté (surtout en 2008 et 2009, années du début de la crise). Et cette baisse ne devrait pas s’arrêter en 2011 et 2012.
La défense représente une dépense de 390 euros par habitant en 2010 (pour un revenu moyen de 24.280 euros). Il faut cependant signaler que cette baisse, plutôt qu’un désintérêt manifeste des Européens pour la défense, est aussi la traduction d’une (lente) transformation des armées européennes : moins d’hommes, plutôt mieux payés et davantage équipés. Cette transformation est cependant très lente, et relativement tardive, pour inverser le retard européen. Fait aussi notable : on note toujours une faible propension des dépenses consacrée à la recherche, voire une diminution. Ce qui est plutôt inquiétant.
Presque 20% de personnel en moins en 5 ans
Si on examine la répartition de ces dépenses (hors inflation cette fois), on peut voir effectivement que cette baisse est largement imputable au personnel : les dépenses baissent de plus de 10% en 5 ans : de 110 milliards en 2006 à 98,65 milliards en 2010, par pallier de deux ans (106 et 107 milliards en 2007 et 2008 ; 98 milliards en 2009 et 2010). Le personnel ne représente ainsi plus que 51% des dépenses militaires contre 55% cinq ans plus tôt.
Si on regarde les chiffres des armées, cette baisse est encore plus importante : alors qu’elles employaient dans l’UE près de 2,5 millions de personnes en 2006 (2,425 exactement dont 1,94 millions de militaires), ce chiffre était tombé à peine 2 millions en 2010 (dont 1,62 millions de militaires). Soit 17% de baisse. Si on regarde la part des civils et des militaires, on voit que le ratio reste sensiblement le même entre 2006 (20% de civils) et 2010 (19,4%) : il y a toujours 1 civil pour 4 militaires.
Cette différence de presque le double entre la baisse des dépenses militaires et la baisse des effectifs peut s’expliquer, selon nous, par la professionnalisation, la revalorisation de certains salaires ainsi que les primes de départ. La dépense par militaire tend ainsi à augmenter : de 101.622 euros par an le militaire en 2006 à 119.455 euros par an en 2010. A cela il faut ajouter une part d’équipement qui croit de 20.000 euros environ en 2006 à 26.500 euros environ en 2010, soit un tiers d’augmentation.
Un engagement dans la recherche toujours faible
Les dépenses en investissement (équipements, R&D) tendent plutôt à augmenter, mais très doucement : de 38 milliards en 2006 à près de 42 milliards en 2010. Elles représentent 22% aujourd’hui des dépenses, en croissance d’environ 1 point chaque année (sauf en 2009). Ce chiffre ne doit pas induire en erreur cependant. Ce sont essentiellement les dépenses d’équipement qui augmentent, tandis que les dépenses de recherche & développement tendent plutôt à diminuer : de 9,67 milliards d’euros en 2006 à 8,56 milliards en 2010. Ce qui est trop faible pour rattraper l’écart technologique.
Les dépenses d’opérations et de maintenance, après avoir connu un pic en 2007 (+ 4 milliards à 47 milliards) sont relativement stables, autour de 44 milliards d’euros. Elles représentent 23% des dépenses. Les autres dépenses représentent 4%.
L’externalisation progresse lentement.
L’externalisation a augmenté d’un point en cinq ans, et occupe aujourd’hui presque 8% des dépenses contre 7% des dépenses cinq ans plus tôt. En volume, cela représente en 2010 15,4 milliards d’euros contre 14,1 milliards en 2006.
Les achats d’équipement restent essentiellement nationaux.
Les achats nationaux concernent toujours plus de 3/4 quart du budget : 76,6% en 2010 contre 77,1% en 2006. Les marchés de défense passés en commun au niveau européen progressent légèrement, passant de 6 milliards d’euros en 2006 à 7,5 milliards en 2010, soit 22% des dépenses d’équipement contre 20% cinq ans plus tôt. Ce sont les marchés passés en commun non européens qui diminuent plutôt. Après avoir connu une hausse en 2008 et 2009 (à 1 milliard d’euros), ils retombent à moins de 0,5 milliards en 2010 (contre 0,59 milliards en 2006), soit 1,4% des dépenses d’investissement (contre 2% cinq ans plus tôt et 3% lors du pic de 2008-2009). Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de la directive européenne « marchés publics » ; mais elle devrait sans doute accélérer une tendance qui reste encore minoritaire.
(*) Sur la base des chiffres corrigés de l’inflation.
A noter, hors chiffres du budget et des effectifs, un ''dégraissage'' massif du parc de matériel militaires mit en ligne sur le Vieux Continent. Le nombre de chars de combat en ligne est devenu ridicule avec 240 chars Leclerc en France, la Royal Navy n'a plus de porte-aéronefs et pourrait plus recommencer une opérations comme la libérations des Malouines en 1982, la Belgique et d'autres pays n'ont plus des armées symboliques.
Un exemple avec l'ordre de bataille de l'armée allemande, jadis la plus puissante (pour notre malheur en 1940) de l'Europe de l'Ouest, se voit réduit de façon drastique et ne pourrait même plus recommencer une ''blitzkrieg'' :
* 140 Eurofighter au lieu de 180 prévu, combien vont-ils garder de Tornado ? ils avaient prévus d'en garder 85.
* 40 avions de transportsA400M sur les 60 puis 53
* Réduction à 40 hélicoptères d'attaque Tigre au lieu des 212 puis 80 commandés.
* 2 drones EuroHawk au lieu de 5.
* 16 drones Héron sur 22
* Uniquement 80 hélicoptères de transportsTTH90 pour la Heer. On ne sait pas s'ils vont commander des NH90 pour la Marine et l'armée de l'air.
* 350 véhicule de combat d'infaterie Puma sur les 410 prévus.
* 225 Léopard 2 A6/A7 sur les 2 350 Léopard que l'Allemagne à reçu depuis 1979.
Et pendant ce temps, le reste du monde n'a pas l'air de suivre cette voie de désarmement...