L’islam est-il un frein au développement économique ? par John Cassidy - revu par Gérard Brazon

Publié le 7 Juillet 2011

Un article paru dans Capital qui désormais fait passer des messages en utilisant le non-dit. Voila donc un long article qui nous explique pourquoi les pays musulmans ne sortent pas de la misère économique. Leurs élites religieuses oui, mais pas les peuples placés sous la dictature islamique. Alors je sais bien que je suis partie prenante mais il est important de prendre conscience que même dans des articles économiques anodins, il y a un discours de fond. L'islam n'est pas responsable de la misère de ces peuples malgré l'évidence des faits y compris économiques.
En lisant, vous allez découvrir des erreurs fondamentales qui remettent en cause la connaissance historique de l'auteur de cet article. Il ne sufit pas de parler macro économie pour oublier les racines des sociétés et l'histoire des peuples. Un seul exemple pour conclure: La Tunisie était le grenier à blé de l'Empire Romain, où est ce grenier aujourd'hui? Que s'est-il passé entre temps?  Il ne suffira pas d'un printemps pour changer les choses; En Tunisie et ailleurs. Oui l'islam est un frein à l'économie mais pas seulement à l'économie, c'est un piège mortifère à l'humanité.

Gérard Brazon

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Article du Journal Capital 
L’islam est-il un frein au développement économique ? Le retard des pays musulmans est l’une des causes du «printemps arabe». Il tire ses origines de la reli­gion. Mais pas seulement. 
De Paris en 1789, au Caire et à Tunis en 2011, le défi est le même : transformer la Révolution en un progrès durable. 

S’ils veulent avoir une chance d’y parvenir, les nouveaux gouvernements d’Egypte et de Tunisie vont devoir comprendre pourquoi leurs pays ont pris tant de retard. Personne, en effet, ne peut contester que le monde arabe est à la traîne de l’Occident. Dans une série de rapports publiés par l’ONU, plusieurs intellectuels arabes reconnaissent que le développement du Moyen-Orient a été entravé par un déficit de liberté et de connaissances. Dans de nombreux pays, pointent-ils, le taux d’alphabétisation des adultes dépasse à peine 50%, aucun brevet scientifique n’est déposé et les indicateurs affichent des résultats peu reluisants. Avec moins de 5 millions d’habitants, le petit Costa Rica exporte plus de produits manufacturés que l’Egypte.

Pour beaucoup d’analystes, le principal responsable de la situation n’est autre que l’islam.

«On ne peut pas comprendre la performance économique de ces nations sans la mettre en rapport avec la foi et la culture musulmanes», tranche, par exemple, l’historien de l’économie David Landes dans son livre «Richesse et pauvreté des nations» (1998). Selon lui, le monde islamique a développé un complexe d’infériorité face à la montée de l’Occident, rejetant les inventions européennes telles que l’imprimerie et écartant «les nouvelles connaissances et les idées modernes, soupçonnées de véhiculer des hérésies». Selon Bernard Lewis, de l’université Princeton, l’influence de l’islam est si envahissante qu’elle empêche de nombreux Etat arabes de s’interroger sur les vraies raisons de leur retard. «Toutes les réponses apportées sont religieuses… Si les choses vont mal, nous sommes punis par Dieu pour avoir abandonné le droit chemin», indique-t-il dans son livre «Que s’est-il passé ?» (2002). L’idée que la religion joue un rôle central dans le dynamisme économique remonte à Max Weber et à son fameux traité sur «L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme», publié en 1905.

 En embrassant un code moral ascétique fondé sur le mérite individuel, les protestants, notamment calvinistes, étaient selon lui particulièrement adaptés pour jouer le nouveau jeu économique.

Mobiliser des capitaux dans la poursuite rationnelle du profit ? Weber n’a pas examiné l’attitude des musulmans envers le travail et l’entreprise, mais les économistes Luigi Guiso, Paola Sapienza et Luigi Zingales l’ont fait il y a quelques années, en s’appuyant sur les données du World Values Survey, un ensemble d’enquêtes multinationales couvrant 66 pays. Dans leur étude parue dans le «Journal of Monetary Economics», ils notent qu’«en moyenne, les religions chrétiennes sont considérées comme propices au développement économique, alors que l’islam y est associé négativement». En comparaison avec les protestants, les catholiques, les hindous et les juifs, les musulmans sont en général moins disposés à partager les credo du libéralisme tels que «la concurrence est bonne», «la propriété privée des entreprises doit être renforcée» ou encore «l’inégalité des -revenus est nécessaire pour inciter à l’effort individuel». On peut dès lors se poser la question : dans quelle mesure l’islam est-il compatible avec une économie prospère du XXI siècle ?

Pour Timur Kuran, un économiste qui a grandi en Turquie et enseigne à l’université Duke (Caroline du Nord), ce sont les coutumes sociales et les règles religieuses des premiers temps de l’islam qui sont en cause.

Il n’insiste pas sur l’interdiction par le Coran du prêt à intérêt, contournée depuis longtemps et qui n’a pas empêché l’émergence récente d’une puissante industrie de la finance islamique: des centaines de banques et de fonds d’investissement prétendent aujourd’hui être «conformes à la charia»(Grâce à un pétrole mis en valeur par des occidentaux. Note de gérard Brazon). Mais il estime en revanche que les pratiques ancestrales des affaires et de l’héritage ont freiné l’émergence de grandes entreprises industrielles, comme General Electric, General Motors ou IBM. A l’époque médiévale, les partenariats commerciaux étaient la principale forme d’activité au Moyen-Orient. 

Ces constructions juridiques, qui permettaient aux commerçants d’amasser des fonds pour les expéditions lointaines, ont été pendant des siècles en avance sur leur temps. 

Mais elles se sont révélées mal adaptées à la création d’actifs durables, comme les usines et les chemins de fer. Dans un partenariat islamique, tout associé peut en effet sortir de l’affaire lorsqu’il le désire, et le décès de l’un d’entre eux suffit à remettre en question toute l’opération(L'auteur ne dit pas que c'est l'islam mais "un partenariat islamique".Quelle est la différence? Note de Gérard Brazon) Voilà pourquoi la plupart des entreprises créées par ce biais ont été faibles et peu durables.

Au XIX siècle, les entités commerciales les plus solides dans les pays islamiques émanaient presque toutes de non--musulmans, tels que les Arméniens et les juifs. «Avant le XX siècle, note Kuran, la région n’a pas produit un seul cas de mobilisation financière privée massive, sauf lorsque les étrangers étaient impliqués

Le Coran impose aussi de partager au moins les deux tiers de la fortune des défunts entre les membres de leur famille. Combinée à la forte incidence de la polygamie chez les plus riches, cette règle d’héritage égalitaire a, certes, évité aux sociétés islamiques d’évoluer vers des systèmes féodaux. Mais elle a aussi nui à la pérennité des entreprises locales. Le résultat, c’est que le Moyen-Orient a été très lent à développer les outils du capitalisme, comme les marchés boursiers. Et qu’il a laissé s’installer de lourdes bureaucraties, qui découragent encore aujourd’hui l’innovation. «Même si, par magie, tous les régimes autocratiques de la région tombaient, le secteur privé et la société civile ne reprendraient pas leurs droits avant des décennies», prévient Kuran. (On notera qu'il évite de parler des régimes théocratiques comme dans la péninsule Arabe ou au Soudan. Note de Gérard Brazon).

L'islam est-il pour autant le principal responsable du retard des pays musulmans ? Ce n’est pas si sûr. 

Pour commencer, notons que cette religion, du moins dans sa formulation initiale, est loin d’être hostile aux entreprises. «Le marchand honnête sera assis à l’ombre du trône d’Allah», annonce le prophète Mahomet. Le califat qu’il a lui même fondé avec ses successeurs était d’ailleurs un vaste empire commercial,(Là aussi on passe sous silence les razzias, les déportations d'esclaves, les pillages, les conversions aux cimetterres, etc. Note de Gérard Brazon) avec des avant-postes sur la côte Atlantique et en Asie centrale. En plus de la vente des épices et des métaux précieux,(des esclaves aussi) on y avait développé avec succès des industries manufacturières, telles que le papier, les tapis et les textiles de coton, alors même que l’Europe stagnait dans le Moyen Age. Pourquoi cet empire a-t-il fini par être dépassé par l’Occident ? L’explication la plus immédiate tient moins à l’islam qu’au colonialisme et aux pillages organisés par les pouvoirs politiques successifs. C’est en les écrasant sous les taxes et les réquisitions que les Mamelouks, descendus du Caucase, ont  ruiné l’agriculture et le commerce du Moyen-Orient à partir de 1382. (Il est à noter que cette affirmation des mamelouks "descendus du Caucase" est  scandaleuse d'un point de vue historique puisque les mamemouks sont les decendants des Serbes, des Géorgiens, des Slaves - d'où le nom d'esclave - des Bosniaques et autres Caucasiens enlevés et mis en esclavage lors des razzias turcs musulmane dans cette région et vendus aux arabo-musulmans sur le marché des esclaves ou le blanc était côté. Il est quand même étonnant qu'un journal économique oublie "ce détail" Note de Gérard Brazon. Lire ici).

Avec l’arrivée des Ottomans au XVI siècle, la situation a empiré. «En l’absence de toute politique de travaux publics, les canaux d’irrigation se sont envasés, la famine et les maladies se sont multipliées», note l’historien Peter Mansfield. Le détournement progressif de la route commerciale terrestre entre les Indes et l’Europe – les marchandises étant désormais transportées par galion via le cap de Bonne-Espérance – a achevé de saper le fondement traditionnel de l’économie arabe. (Là aussi on peut noter que l'affirmation que ce serait la colonisation - voir plus haut - qui serait l'explication. Tous lecteurs de cet article peuvent se rendre compte que l'auteur affirme une chose et son contraire commercial dans la foulée. Note de Gérard Brazon)

Aujourd’hui, le principal problème économique de la région n’est pas la religion, mais la démographie. 

Au cours des trente dernières années, la mortalité infantile a chuté de plus de la moitié, entraînant une forte croissance de la population. En Egypte, l’âge médian est actuellement de 24 ans, au Yémen, de 18. Et une personne sur quatre de 15 à 24 ans est sans emploi au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, selon l’OIT. Pour fournir des emplois à toute cette jeunesse, les économies arabes devraient croître à des taux similaires à ceux de la Chine et de l’Inde. La situation est d’autant plus instable que beaucoup d’Etats ont développé leurs systèmes d’enseignement supérieur. En Egypte, par exemple, environ 25% des jeunes en bénéficient, mais il n’y a guère d’emplois à la clé. «Les diplômés du supérieur ont presque dix fois plus de risque de se retrouver au chômage que les jeunes qui sortent de l’école primaire, observent les économistes Marcus Noland et Howard Pack. Il n’est pas surprenant que de nombreux leaders de l’agitation actuelle soient diplômés de l’université

Pour un régime autoritaire, c’est une chose d’avoir à traiter avec des foules de paysans et d’ouvriers réclamant de la nourriture. Mais donner satisfaction à des diplômés qui, comme en Egypte et en Tunisie, exigent la liberté et des emplois gratifiants est un défi autrement redoutable, que la seule démocratisation ne suffira pas à relever. (On notera aussi le fait que l'islam à travers ces écoles coraniques, ses prêches d'imam nie la spécificité de l'individu et sa capacité à être lui-même. Note de Gérard Brazon)

Heureusement, il existe un modèle de croissance à portée de main. Il y a trente ans, l’Indonésie et la Malaisie étaient encore des nations pauvres et rurales. Depuis, leur PIB par tête a été multiplié par cinq ou six, et ces deux nations musulmanes sont aujourd’hui des pays industrialisés à revenu intermédiaire. Ni l’une ni l’autre n’ont pourtant imité l’Occident : elles ont suivi un modèle de développement fondé sur un parti unique.(Comme si l'Europe n'avait pas connu les régimes de parti unique. Mais pire encore, l'Algérie et bien d'autres pays islamique connaissent le système de parti unique. Là aussi, l'auteur prouve sa faiblesse dans le domaine de l'Histoire à moins que ce ne soit de l'enfumage. Note de Gérard Brazon). 

Autre grand pays islamique, la Turquie a su pour sa part, éliminer depuis 1980, les obstacles au commerce et aux investissements étrangers. Aujourd’hui, elle est la quinzième économie de la planète, le deuxième exportateur mondial de ciment et un gros producteur de téléviseurs, d’autobus et de navires.( Là aussi, l'auteur passe sous silence la révolution d'Attaturk et sa formidable sortie de la Turquie du Moyen-âge. Il place la date de 1980 qui correspond curieusement à l'arrivée de la démocratie certes, mais aussi d'un parti islamique. Note de Gérard Brazon)

 Pour l’Egypte, la Tunisie et les autres nations arabes, tout l’enjeu est de parvenir à inonder pareillement le marché mondial de produits et de services réclamant beaucoup de main-d’œuvre. Pour attirer davantage d’investisseurs étrangers et le savoir-faire technique qui les accompagne, il leur faudra aussi assurer la stabilité politique, limiter la corruption (l’expérience de l’Indonésie de Suharto démontre qu’il n’est pas nécessaire de la supprimer complètement), faire disparaître les barrières qui hérissent encore le monde des affaires et harmoniser les règles administratives.

Selon la Banque mondiale, il faut trois fois plus de temps pour démarrer une entreprise en Arabie saoudite qu’au Maroc ! Si elle s’attelle vraiment à cette tâche, la prochaine génération de dirigeants arabes découvrira vite que celle-ci est bien plus utile que de perdre son temps avec des panégyriques ou des jérémiades sur l’héritage de l’islam.

John Cassidy, Copyright 2011

«The Conde Nast Publication, Inc» - © Capital 

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Point de vue

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