Inquiétudes en Algérie: deux régimes islamistes à sa porte!
Publié le 1 Novembre 2011
En France les dirigeants affichent leur satisfaction. Alain Juppé en premier! Mission accomplie semble-t-il penser!
La dictature est abattue! L'Ogre Kadhafi est mort, Vive l'islam rigoriste! On peut toutefois se poser la question de l'intérêt de cette guerre s'il s'agit de celui du peuple Libyen. Mais bien sûr, ce n'est pas de lui qu'il s'agit!
Les Français restent ce qu'ils sont. Il suffit que le Président parle à la télévision et il remonte dans les sondages! Elle est pas belle la vie se dit-il ! Je fais ce que je veux, même de "grosses bêtises" et le peuple avale et en redemande! La question est, jusqu'où est-il capable d'avaler? A mon avis, encore très loin... De Gaulle avait raison!
Gérard Brazon
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Ennahda en Tunisie, le CNT en Libye. Après la chute des régimes dictatoriaux de Ben Ali et Kadhafi, les deux nouvelles forces qui s’imposent dans ces deux pays affichent leur islamo‑conservatisme.
En Tunisie, le parti de Rached Ghannouchi revendique un islamisme modéré et assure qu’il n’entend pas revenir sur les grands acquis que sont les droits des femmes et les libertés individuelles.
En Libye, les leaders du CNT commencent à révéler le modèle de société qu’ils entendent construire dans le pays libéré de son tyran. Dans un discours prononcé hier dimanche, le président du conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, a affirmé que la future loi du pays sera basée sur la chariâa. (Merci la France et ses 300 millions d'euros d'aides militaires ndlr Gérard Brazon) S’il est revenu sur la question de la polygamie après les inquiétudes exprimées par plusieurs pays Occidentaux, l’interdiction de l’alcool et l’inégalité des hommes et des femmes sont toujours évoquées.
Ainsi, d’ici quelques mois, l’Algérie risque d'avoir à ses frontières Est deux pays dirigés par des gouvernements en majorité composés d’islamistes. Cette situation ne manquera pas d’avoir des répercussions en Algérie, où plusieurs courants et personnalités islamistes sont déjà en train de se positionner dans l’attente de la mise en place des réformes politiques annoncées par le président de la République et actuellement discutées au Parlement. Certains anciens leaders du FIS ont même fait leur retour sur la scène politique et médiatique ces derniers mois, comme par exemple El Hachemi Sahnouni qui fustige la consommation d’alcool et mène une médiation pour la libération de détenus politiques, ou encore Anouar Haddam qui annonce son retour en Algérie après un exil de dix ans aux États‑Unis. Ces victoires des courants islamistes chez nos voisins pourraient les inciter à être encore plus actifs.
D’autant que les islamistes algériens pourraient compter sur le soutien ou la bienveillance de leurs homologues tunisiens et libyens. En effet, le CNT a déjà des relations étroites avec les leaders de l’ex‑FIS. Ainsi, Abassi Madani a rencontré à plusieurs reprises des responsables du CNT au Qatar où il vit en exil. Régulièrement, l’émir du Qatar réunit autour de lui l’ancien chef du FIS avec d’autres responsables islamistes, dont des dirigeants actuels du CNT. Ce n’est pas un hasard si Abassi Madani a réclamé très tôt la reconnaissance du CNT par l’Algérie.
Un terreau propice au renouveau de l’islamisme politique
Le pouvoir algérien a assis sa légitimité ces vingt dernières années sur la lutte contre l'islamisme politique. Une position mal vue par les mouvements islamistes dans la région. La répression d'Ennahda en Tunisie est intervenue en 1992, après celle du FIS en Algérie. Les militants des deux partis ont partagé la contrainte de l'exil et se sont forgé des relations et des amitiés solides. Et l’ancien président Ben Ali a toujours cité la terrible expérience algérienne pour justifier sa politique anti‑islamiste. Ennahda, qui s’apprête à accéder au pouvoir en Tunisie, ne l'a sans doute pas oublié.
Dans ce contexte, quelle attitude les autorités algériennes vont-elles adopter face à cette nouvelle donne ? Après la vague des révoltes arabes qui a déjà poussé le pouvoir à faire des concessions, l’Algérie doit faire face au risque d’islamisation de la région. Jusqu’ici, le régime a toléré une certaine expression en interne du conservatisme religieux, qui suscite l’adhésion d’une partie de la population. Va‑t‑il continuer dans cette voie ou durcir le ton ?
Sur le plan international, Alger pourrait aussi tenter de trouver de nouveaux partenaires pour contrer cette pression venue de l’Est. Y aura‑t‑il un rapprochement avec le Maroc, afin de faire bloc dans les futures relations maghrébines ? Le Maroc ne serait d'ailleurs pas opposé à une telle option. Ou assistera‑t‑on à une relance des relations privilégiées avec les autres pays du Sahel, dans une logique plus globale de renforcement de son influence au sein de l’Union africaine ? C’est en tout cas déjà chose faite en ce qui concerne le deuxième cas, avec une intensification des discussions au plus haut niveau entre les pays du Sahel. Et la lutte antiterroriste n’est pas le seul sujet au menu des discussions.