Histoire de monnaie et de l'Or...

Publié le 20 Février 2014

Notre monde est dirigé – et c’est le cas depuis déjà un certain temps – par un groupe relativement restreint d’individus qui a le pouvoir de gérer de son plein gré les économies des nations. La gestion des affaires d’une nation implique de forcer les gens à adopter des comportements qu’ils n’adopteraient pas autrement. La gestion nationale d’une économie signifie donc forcer des millions d’individus à faire ce qu’ils ne feraient pas d’eux-mêmes.

Il n’y a pas une seule économie nationale dans le monde au sein de laquelle les gens sont libres de faire ce que bon leur semble, au point que les gens n’ont nulle part le droit de faire ce qu’ils pensent bon. Ils voient leurs choix se réduire de jour en jour au point de n’être poussés à faire que ce qu’ils ont le droit de faire.

L’un des premiers choix faits par les individus il y a des milliers d’années a été d’adopter la monnaie qu’ils désiraient utiliser pour finaliser leurs achats de biens et services. Après avoir utilisé des produits tels que le sel, le cuivre ou les coquillages, ils ont finalement opté pour l’or, que toutes les civilisations perçoivent comme valant bien plus que toute autre ressource. En conséquence, l’or et l’argent se sont prouvés être efficaces en tant que monnaies.

Le fait que nous soyons privés aujourd'hui de la possibilité d’utiliser ces métaux en tant que monnaie indique que nous sommes moins bien lotis que nos ancêtres qui vivaient il y a des milliers d’années. Nous sommes forcés par nos maitres à utiliser une monnaie factice. La conséquence principale de l’utilisation de monnaie fiduciaire est le mal-investissement.

Il est clair que si nous ne sommes pas autorisés à faire ce que nous jugeons bon, tout ce que nous faisons ne va que de notre second, troisième ou quatrième intérêt. Toute personne qui ne peut choisir ce qu’il y a de mieux pour ses intérêts personnels enregistre une perte. Notre monde économique a été tant affaibli et distordu par l’accumulation de pertes et les faux investissements que les dommages sont aujourd’hui irréversibles.

Plus de 7,3 milliards d’Humains foulent aujourd’hui le sol de notre planète, et à l’exception de ceux qui vivent dans les jungles et les déserts, aucun d’entre eux ne peut agir en ses propres intérêts. Nous enregistrons tous des pertes, que nous en soyons conscients ou non.

Additionnez ces pertes et ces mauvais investissements et vous obtenez le monde d’aujourd’hui, qui évite la banqueroute et l’effondrement en s’aventurant sur un lac gelé.

L’idée que les économies nationales peuvent et devraient être gérées prévaut tout autour du monde. Le monde est donc ‘géré’ vers la stabilité, et viendra un jour où un accident se produira et où la glace se brisera sous nos pieds pour nous noyer dans l’eau glaciale.

Nous sommes les témoins des échecs des efforts de restauration de la croissance dans les économies Occidentales, l’économie Chinoise semble en passe de faire l’expérience de grandes difficultés, le gouvernement Japonais a recours à des mesures désespérées pour raviver son économie. Les Etats-Unis se sont lancés dans une politique de création monétaire de 85 milliards de dollars par mois et devraient bientôt augmenter leur monétisation.

En 1956, le Soviétique Nikita Khrouchtchev a prononcé ces fameuses paroles : ‘Nous allons vous enterrez !’ lors d’une réunion avec les diplomates Occidentaux.

Et sa prophétie devient réalité. Il n’y a pas grande différence entre un monde dont les économies sont gérées et un monde socialiste. Toutes les économies socialistes sont gérées, et toutes les économies gérées sont sur le point de devenir des économies socialistes. La différence est que les termes ‘économie gérée’ paraissent acceptables voire normaux à une majorité de gens, alors que le terme ‘socialisme’ en repousse beaucoup. Les termes ont changé, mais pas la substance.

Dans les années 1920, l’intellectuel Italien Antonio Gramsci a écrit sur la manière dont les institutions politiques sont soutenues par une hégémonie inventée par un groupe de gens qui partage les mêmes opinions et valeurs. Et comme la gestion de l’économie joui du support de cette hégémonie, il est nécessaire de comprendre que le socialisme n’est pas une menace qui a disparu avec l’effondrement de l’URSS. Nous vivons aujourd’hui dans un monde en passe de devenir socialiste. Khrouchtchev avait raison !

Gramsci était un petit bossu, et c’est selon moi la raison pour laquelle il a tenté de compenser en adoptant le communisme et en dévouant son intellect à la destruction du monde qui le percevait comme défectueux. Il a passé une grande partie de sa vie en prison sur les ordres de Mussolini est y est mort assez jeune en 1937.

La méthode d’introduction du socialisme de Gramsci n’était en rien une révolution violente, mais la création d’une hégémonie qui supporterait le socialisme. Cette hégémonie serait créée grâce à l’association de deux termes pour obtenir le support populaire. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui ; les gens sont satisfaits du concept de gestion économique alors qu’en réalité, il signifie socialisme. L’hégémonie du socialisme recouvre l’ensemble de notre monde.

Nous savons ce qui est arrivé à l’Union Soviétique : il a sombré dans la banqueroute. L’URSS, que certains intellectuels ont qualifié de ‘lumière morale du monde’ tout en détournant le regard des famines, des goulags et de la terreur de ses services secrets, a fini par faillir. La différence entre l’Union Soviétique et le monde d’aujourd’hui n’est qu’une différence de degré, et non d’essence. Notre monde approche du même effondrement que celui qui a emporté l’Union Soviétique.

Il me semble probable qu’un nouvel ordre monétaire international voit le jour avant ou après l’effondrement inévitable du système monétaire actuel. Il semble également probable que l’or joue un rôle au sein de ce système monétaire, qu’il regagne de l’importance. Cela impliquerait un prix de l’or bien plus élevé. L’accumulation extraordinaire d’or par la Chine indique qu’elle se prépare dès aujourd’hui à un tel changement, et cela ne se produit pas sans le consentement de ceux qui dominent l’Occident : le prix peu élevé de l’or  facilite délibérément la préparation d’une transformation.

En revanche, un retour à un étalon or inaltéré lié à la réintroduction de billets, comme l’imagine Antal E. Fekete, me semble très peu envisageable. Un tel changement me semble impossible parce qu’il n’y aurait pas d’hégémonie, pour reprendre le terme de Gramsci, pour supporter un tel mouvement politique : il est politiquement impossible d’établir un tel système parce qu’il demanderait l’abandon, et pas sans coût, des structures non-économiques qui ont été imposées au monde, et l’élimination des groupes tout-puissants qui gouvernement aujourd’hui grâce à ces structures. Ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir ne se réformeront pas hors de ce pouvoir, et il serait une erreur de penser le contraire.

L'agence journalistique officielle Chinoise Xinhua a appelé à la démonétisation du monde. Les implications en sont claires : les Chinois veulent avoir leur mot à dire sur la manière dont le monde est géré.

De mon humble avis, ceux qui dirigent la Chine ne sont pas  conscients du problème représenté par la mauvaise allocation de ressources qui prend ses origines dans

a) un système de réserve fractionnaire qui étend le crédit fiduciaire au-delà de l’épargne,

b) des banques centrales qui émettent des devises fiduciaires et manipulent les taux d’intérêts

et c) un système bancaire qui s’adonne à la non-concordance des maturités en offrant des crédits de long termes supportés par des supposées promesses de déposants. La Chine applique ces pratiques modernes bancaires conventionnelles à grande échelle, proportionnellement à la population de la Chine.

Si la Chine gère son économie en se basant sur les mêmes principes que le reste du monde, quelles différentes mesures pouvons-nous attendre d’elle en tant que grande puissance s’adressant aux dommages profonds soufferts par la structure économique du monde au cours de ce dernier siècle ?

L’inclusion de l’or au nouvel ordre monétaire mondial ne peut que signifier la redistribution du pouvoir de ceux qui nous dirigent. Ainsi, l’or ne sera pas une monnaie employée par les individus. Le nouveau système monétaire devra être soutenu par l’or, et les gens seront autorisés à acheter et vendre de l’or, mais ils n’en détiendront pas en tant que monnaie. Notre nouveau système monétaire devra restaurer la confiance, mais demeurera fondamentalement imparfait.

L’utilisation de l’or au sein d’un nouveau système monétaire se reflètera par un pouvoir accru en termes de gestion des économies nationales individuelles.

La conséquence de long terme – le socialisme à l’échelle du monde – demeurera la même tant que l’hégémonie répondra favorablement au chant de la sirène : ‘Ne vous inquiétez pas, ne cherchez pas à lutter, ne pensez pas pour vous-mêmes, ne cherchez pas à subvenir à vos besoins et à ceux de votre famille, faites ce que nous vous disons de faire et nous – l’Etat – prendront soin de vous’.

De l’eau aura coulé sous les ponts avant que l’humanité cesse d’entendre ce chant.

Signalé par Véronique

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Economie-Finance-Industrie

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M
<br /> Vladimir Bukovsky Ecrivain, ancien dissident soviétique, emprisonné 12 ans en hôpital<br /> psychiatrique.<br /> <br /> <br /> "L'Union Européenne, la nouvelle union soviétique ?"<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=fc4tedQZECY<br />
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