Histoire de Hongrois: Orbán bat Sarkozy par K.-O. Par François Falcon
Publié le 7 Avril 2014
Par François Falcon pour Bd Voltaire
Les deux champions originaires de Hongrie se jaugent depuis des années, même s’ils ne boxent pas exactement dans la même catégorie : Sarkozy est un poids coq qui combat en France chez les lourds, alors qu’Orbán est un poids lourd qui boxe dans une fédération poids coq : la Hongrie. Le tout s’équilibre et, de fait, le premier round fut équilibré : à l’âge de 28 ans, Nicolas Sarkozy était élu plus jeune maire de France tandis que Viktor Orbán devenait, au même âge, le plus jeune député du Parlement hongrois.
À 38 ans, le premier occupait le poste de ministre du Budget à Paris tandis que le second devenait Premier ministre à Budapest. Enfin, en 2007, à l’issue d’une brillante campagne frappée du sceau du bon sens, c’est-à-dire du populisme et du conservatisme, Nicolas Sarkozy fut élu président de la République française avec un confortable 53 %. Trois ans plus tard, son challenger Orbán était élu chef du gouvernement de Hongrie sur un score équivalent et à l’issue d’une campagne électorale similaire.
C’est alors que le combat a changé d’âme : à peine élu, Nicolas Sarkozy prônait « l’ouverture », s’entourant de Bachelot, de Yade, de NKM et autres Frédéric Mitterrand, enterrait ses promesses de campagne pour verser dans le libéral-libéralisme ambiant, et imposait à son pays un traité européen que celui-ci avait pourtant clairement refusé.
À l’inverse, Viktor Orbán, initialement libéral et pro-européen, n’a cessé depuis son arrivée au pouvoir de promouvoir les valeurs traditionnelles et les valeurs nationales, tout en prenant de sérieuses distances avec l’Union européenne de Barroso. Le résultat fut sans appel : en 2012, Nicolas Sarkozy subissait une cuisante défaite face à un adversaire pourtant hésitant et ventripotent, et malgré le beau travail final de son coach Buisson, qui a su limiter la casse au dernier round.
À l’inverse, « Orbán le victorieux », pourtant handicapé par l’usure du pouvoir, par un taux de chômage de 10 % et par la concurrence d’un FN local et radical – le Jobbik, fort de 21 % des voix –, a de nouveau triomphé ce dimanche sur le score sans appel de 46 %.
Le combat est désormais terminé : Viktor Orbán a mis Nicolas Sarkozy au tapis, et s’il s’avérait que la Hongrie ait donné à l’Europe un nouveau Charles de Gaulle, il est clair qu’il a bien plus de chance de s’appeler Viktor que Nicolas.