Ecriture: Une pause dans la grissaille. Tous n'est pas mauvais.

Publié le 24 Septembre 2010

        J'ai reçu ce texte sur ma messagerie et j'estime qu'il mérite d'être lu par le plus grand nombre. 

         En effet, que dire à un jeune de 20 ans qui vous poserait la question de la vie. A ces jeunes de 20 ans qui ne sont pas devant l'écran de jeux totalement abrutis d'image de violence, qui n'écoutent pas les rappeurs de la haine. Que dire à ceux qui se posent des questions sur leur devenir et refusent de hurler avec les loups le soir dans les cités. Ceux qui aimeraient savoir si la vie a un sens. Qui aiment leur famille, ont des amis et qui souhaitent vivrent dignement. Bref, des jeunes normaux.

Gérard Brazon

 

Décembre 2004. Avec l'aimable autorisation d'Eric Soudan, photographe. Cliquez pour agrandir  « QUE DIRE A UN JEUNE DE 20 ANS »

Quand on a connu tout et le contraire de tout,
quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie,
on est tenté de ne rien lui dire,
sachant qu’à chaque génération suffit sa peine,
sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
font partie de la noblesse de l’existence.

Pourtant, je ne veux pas me dérober,
et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,
en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

«Il ne faut pas s’installer dans sa vérité
et vouloir l’asséner comme une certitude,
mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère».

A mon jeune interlocuteur,
je dirai donc que nous vivons une période difficile
où les bases de ce qu’on appelait la Morale
et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique,
sont remises constamment en cause,
en particulier dans les domaines du don de la vie,
de la manipulation de la vie,
de l’interruption de la vie.

Dans ces domaines,
de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.
Oui, nous vivons une période difficile
où l’individualisme systématique,
le profit à n’importe quel prix,
le matérialisme,
l’emportent sur les forces de l’esprit.

Oui, nous vivons une période difficile
où il est toujours question de droit et jamais de devoir
et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
tend à être occultée.

Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
Il faut savoir,
jusqu’au dernier jour,
jusqu’à la dernière heure,
rouler son propre rocher.
La vie est un combat
le métier d’homme est un rude métier.
Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.

Il faut savoir
que rien n’est sûr,
que rien n’est facile,
que rien n’est donné,
que rien n’est gratuit.

Tout se conquiert, tout se mérite.
Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.

Je dirai à mon jeune interlocuteur
que pour ma très modeste part,
je crois que la vie est un don de Dieu
et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît 
comme l’absurdité du monde,
une signification à notre existence.

Je lui dirai
qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
cette générosité,
cette noblesse,
cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
qu’il faut savoir découvrir ces étoiles,
qui nous guident où nous sommes plongés
au plus profond de la nuit
et le tremblement sacré des choses invisibles.

Je lui dirai
que tout homme est une exception,
qu’il a sa propre dignité
et qu’il faut savoir respecter cette dignité.

Je lui dirai
qu’envers et contre tous
il faut croire à son pays et en son avenir.

Enfin, je lui dirai
que de toutes les vertus,
la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres
et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres,
de toutes les vertus,
la plus importante me paraît être le courage, les courages,
et surtout celui dont on ne parle pas
et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.

Et pratiquer ce courage, ces courages,
c’est peut-être cela

«L’Honneur de Vivre» 

Hélie de Saint Marc

 

            Je ne résite pas à y mettre un poème de mon modeste cru qui rejoint aussi cet interrogation de la vie et celle qui nous accompagne.

 

 

Au détour d’un long sentier, un vieil homme assis.
Je m’approche et m’assois à côté de lui
Il me regarda longuement et me sourit.
Sa canne tremblait. Son regard semblait si loin.
Une voix faible mais douce s’éleva soudain.

« Il ne faut pas oublier. Jamais oublier.

Souvent, il faut mettre beaucoup d’eau dans son vin.
Fermer les yeux bien sûr et admettre parfois.
Les femmes savent. Elles ont ce génie divin
De pardonner nos faiblesses. D'avoir la foi.
Ce que nous sommes incapables de faire
Sans sombrer dans le doute, l'alcool, l'enfer
. »

Assis sur un banc vous me déroulez.
L’amour, la vie qui en a découlait.
Celle qui a partagé votre folie.
Sans espérer un repos dans sa vie

Bien sur, vous avez eu des colères
Des combats dont vous n’êtes pas si fier
Votre bateau a si souvent tangué.
Personne ne peut y échapper.

Un bateau comme un ancrage
Que vous quittiez trop fréquemment
Pour des chaloupes de passage.
Aux rondeurs provocantes qui enflamment.
Tendres et doux calices de femmes
Aux ventres brûlant l’instant présent.
Vous reveniez à bord rapidement.
Comme un marin enivré et honteux.
Son regard vous faisait baisser les yeux.

Dans un long silence, discrètement,
Elle s’éloignait. Vous l’entendiez pleurer.
Vous aviez si honte de ses tourments.
Honte de vos impossibilités.

Le charybde d’enfance est apprivoisé.
Vos abîmes, ces gouffres sont presque comblés.
Et les rancunes s’éloignent à l’horizon
Devant vos réponses à bien des questions.

Assis sur un banc vous me déroulez.
L’amour, la vie qui en a découlait.
Celle qui a partagée votre folie.
Sans espérer un repos dans sa vie
Toujours là, plus solide que la canne.
Elle est votre pays de cocagne
Vous la regardez comme un ange
Vous, le vieux fou à la barbe blanche.

Puis un grand silence. Un sourire aux lèvres.
Sans un mot. Vous êtes parti. Comme dans un rêve !
Vous vous êtes levé et vous m’avez planté là.

   

Gérard Brazon

Poème protégé

Confidence sur un banc

 

 

 

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Point de vue

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