Dreux: Gérard Hamel Maire de Dreux fier de sa politique "communautariste"!
Publié le 26 Novembre 2012
L'image de votre ville reste marquée par l'alliance, il y a trente ans, de la droite avec l'extrême droite. La crise ne risque-t-elle pas de raviver le communautarisme de l'époque ? J'ai été élu il y a quinze ans en m'opposant à cette extrême droite justement et, depuis, je n'ai eu de cesse de lutter contre le sectarisme pour que Dreux devienne une ville agréable à vivre. Je ne crois pas avoir été réélu par hasard. Mais, c'est vrai, je sens remonter la fracture entre les communautés, et la crise n'y est sans doute pas pour rien. D'où le lancement d'un Projet de cohésion sociale.
Retrouvez-vous les mêmes problèmes qui déchiraient Dreux il y a trente ans ? Non, ce n'est plus une fracture politique, ni l'enjeu national que cela avait été à l'époque. C'est une fracture sociale, entre Drouais. Les uns reprochent aux autres leur situation. Comme ailleurs sans doute mais ce qui m'importe, moi le maire, c'est Dreux. J'entends des réflexions très désagréables dans les dîners en ville de bien-pensants. Or, pour moi, il n'existe pas de communautés. Il ne doit y en avoir qu'une, celle des Drouais. Tous doivent vivre en harmonie.
La peur de "l'étranger" existe toujours, à Dreux comme ailleurs…Combien y a-t-il de population étrangère à Dreux ? Même pas 10 % ! Pas plus, et même souvent moins qu'ailleurs. La deuxième génération d'immigrés, elle, se sent aussi française que les Français de souche. 40 % de la population drouaise est musulmane. Et alors ? Il n'y a pas de cellule terroriste à la mosquée de Dreux ! La deuxième, voire la troisième génération, se sentent victimes de discrimination, sinon de racisme et, logiquement, risquent de se réfugier dans le communautarisme. Leurs parents en ont déjà été victimes ici quand, embauchés sur les chaînes de Philips, ils ont fini par se faire licencier. Leurs enfants, aujourd'hui, revivent cette galère, alors que, tous les chefs d'établissements me le confirment, ce sont eux qui font le plus d'efforts pour s'en sortir.
Ne craignez-vous pas que l'on vous reproche d'être "le maire des immigrés" ? Ce serait stupide. Je reste de droite, et je suis le maire de tous. Tout le monde aujourd'hui a besoin qu'on bâtisse un cadre de vie agréable, qu'on mène une politique pour la santé, pour l'emploi et qu'on mette en place les qualifications correspondantes.
« Je veux une ville pour tous parce que je veux un avenir pour chacun »Je sais que je ne vais pas me faire que des copains dans mon camp, mais j'ai la responsabilité de ma ville et de la cohésion de ses habitants.
L'intégration, c'est un échec ? Mais l'intégration de qui ? Les enfants de la deuxième ou troisième génération sont nés ici, ils ont grandi ici, ils veulent vivre ici. Rien ne les vexe plus que de leur parler d'intégration et c'est normal, ils sont autant chez eux que moi. Dreux, c'est leur ville aussi, n'en déplaise aux bien-pensants. On souffre d'une méconnaissance de l'autre, on doit se parler et se comprendre. Vivre ensemble, vivre bien ensemble. Et je ne fais pas de l'angélisme, il y a des voyous drouais et pour eux, je ne veux rien d'autre que de la fermeté.
Un maire a-t-il tous les pouvoirs pour endiguer le communautarisme ?J'espère. Il en a en tout cas le devoir. Je ne me suis pas levé un matin en me disant "Tiens, je vais faire un Projet de cohésion sociale". C'est un an de boulot. J'ai reçu une centaine de personnes. Élus, associatifs, habitants, jeunes, vieux, religieux ou non. Et en tant que président de l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), j'ai visité une cinquantaine de villes qui souffrent de communautarisme. Tout le monde peut faire le constat du communautarisme, mais il faut avoir le courage de s'y attaquer, quitte à
déplaire.
Concrètement, qu'allez-vous faire ? Du concret, justement. Cinq ateliers vont travailler sur ce projet "UnieCité". J'ai une cinquantaine de propositions d'actions. Ce n'est pas une "Politique globale de la Ville". C'est du Drouo-Drouais pour les Drouais. Les ateliers nous diront, d'ici février, si ces projets doivent être améliorés, voire supprimés. Et en face, je mets les 5,5 millions d'euros de la Dotation de solidarité urbaine. D'autres villes ont des problèmes, mais moi je suis maire de Dreux, je ne suis pas maire de la France. Je ne veux pas attendre que ça se passe ou que ça casse. J'agis. Je veux une ville pour tous parce que je veux un avenir pour chacun.
Un tel projet n'aboutit pas en quelques mois. Serez-vous candidat à un quatrième mandat, en 2014 ? Que je me représente ou non, je reste maire jusqu'en mars 2014. Et que les Drouais me reconduisent ou pas,
j'ai la responsabilité d'agir maintenant.
Éric Moine
eric.moine@centrefrance.com