Des juges pour l'expulsion de l'Imam Abakar Mahamat-Zene - par Bivouac ID
Publié le 21 Juillet 2011
Vesoul : L’imam Abakar Mahamat-Zene menace d’État
Ils suivent généralement l’avis du rapporteur public. Mais dans cette affaire, les juges de la cour administrative d’appel de Paris ne l’ont pas suivi.
Le premier plaidait pour l’annulation de l’arrêté d’expulsion du ministre de l’Intérieur mis en œuvre le 9 janvier 2008 et le retour en grâce d’Abakar Mahamat Zene. Les seconds estiment que la décision de renvoyer au Tchad, son pays d’origine, l’ancien prêcheur de la mosquée de Vesoul demeure fondée.
Aux yeux de la justice, l’homme, désormais âgé de 53 ans, qui vivait d’un commerce dans le quartier populaire du Montmarin à Vesoul et de l’organisation de pèlerinages en Arabie Saoudite, dont la gestion est mise en cause par les enquêteurs, représenterait bien une menace à la sûreté de l’État. C’est du moins la conclusion à laquelle la direction centrale des renseignements généraux (RG) parvient dans une note datée du 12 décembre 2006.
Appel à la haine
À partir de témoignages rapportant des propos attribués à l’imam, en France depuis plus de vingt ans, la synthèse dresse cet inquiétant portrait : « Abakar Mahamat Zene propage une idéologie soutenant le djihad armé et incitant à la haine contre le monde occidental et les juifs, idéologie à laquelle une partie de la jeunesse musulmane de Vesoul se montre très réceptive ». Ainsi, selon les policiers, l’homme dont l’échéance de la carte de résident se profilait en novembre 2011 « contribue ainsi à poser les bases idéologiques nécessaires à la constitution de groupe à potentiel terroriste ».
Une note dite « blanche », puisqu’anonyme, et bannie par Nicolas Sarkozy alors qu’il était locataire place Beauvau, que les juges estiment aujourd’hui « probante ». Oui, à leurs yeux, « ses propos constituaient des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre le monde occidental, notamment contre les Américains et la communauté juive ».
Sauf qu’au sein de la communauté musulmane vésulienne, réputée pour être modérée, on réfute tout cela, percevant un complot ourdi par des ambitieux, candidats à la fonction d’imam…
Musulmans, catholiques dont des prêtres, militants des droits de l’homme, ils ont été nombreux à manifester dans les rues de Vesoul leur soutien à Abakar Mahamat Zene durant l’hiver 2008. Eux se sont épuisés. Pas l’association franco-musulmane, gérant la mosquée de Vesoul, engagée dans un bras de fer judiciaire. « Nous sommes mis en cause à travers cette affaire », estime le président Lamine Belaribi, « on ira jusqu’au bout ». Prochaine étape : le conseil d’État.
Par Sébastien MICHAUX sur le site EstRépublicain.fr