Même des arabo-musulmans se rendent compte...
Publié le 7 Janvier 2011
Certains musulmans, dont le chercheur irakien Mohammed Al-Khodari, dénoncent l'absence d'imputabilité et d'auto-critique dans le monde musulman.
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Dans le vacarme des cris de guerre émanant des sites et télévisions musulmanes, des voix arabes courageuses s’élèvent pourtant et émettent une auto critique féroce et une ouverture vers l’Occident.
Peu nombreux, si l’on compare avec les fondamentalistes dans les médias, certains musulmans décrivent leur propre perception du monde arabe d’une façon inhabituelle et parfois surprenante. « Pourquoi les Arabes se vantent-ils de leur courage, alors qu’ils sont les plus poltrons du monde ? » s’interroge le mois dernier sur al-Jazeera, Mohammed al-Khodari, chercheur irakien. « De tous les peuples, les Arabes sont les plus enclins à se résigner à l’injustice, à la tyrannie et à la persécution ».
Montrant la photo d’un kamikaze, il déplore : « Regardez ce type rétrograde, ce vaurien, ce pur produit des peuples arabes, il s’est fait exploser chez nous en Irak, pendant une messe, pendant que des gens priaient Dieu, et pourtant sa famille et ses amis sont fiers de lui ! ».
Ziyad Noujeim, journaliste libanais, lors d’une interview en octobre sur la chaîne libanaise OTV, déclarait que les travers de la société arabe commencent avec le déni de réalité. « Nous refusons d’admettre qu’il y a un vrai problème entre la chrétienté et l’islam. Nous prétendons que « nous vivons en paix ensemble », mais tous les dix ans il y a des émeutes qui font 25 000 morts et blessés.
Nous prétendons que tout va bien dans les familles libanaises, mais pas un seul homme ne vit avec sa propre épouse. Impossible de savoir qui est vraiment l’époux de qui. Nous refusons de prononcer le mot « Israël » préférant dire « la Palestine occupée ». «Toute notre culture est basée sur deux choses et deux choses seulement : le mensonge et le déni de réalité. Nous accusons Israël pour tout et n’importe quoi. Si un jour Israël n’existait plus, que ferions-nous alors ? »
Le célèbre écrivain de Bahrain, Dihyaa al-Musawi, a osé formuler une analyse très dure sur You Tube : « Nous avons une culture de gibet dans laquelle nous essayons en permanence de pendre les penseurs et les poètes. Nous sommes contre la créativité et la civilisation. Nous ne sommes pas parvenus au point où il nous faudra bien admettre notre défaite, notre défaite culturelle. Dans le passé, nous avons eu une civilisation mais depuis longtemps nous régressons. Nous exportons la violence. Nous terrorisons des pays entiers. Du haut de ses chaires, notre clergé piège son public en éructant des sermons de haine envers « l’autre ».
Sheik Abd al-Hamid al-Ansari, ancien recteur des études juridiques de l’université du Qatar, attribue les caractéristiques rétrogrades du monde arabe à la disparition de la pensée critique et à l’absence totale du sens des responsabilités qui en résulte.
« Malgré toutes les défaites subies depuis un demi-siècle (une référence apparente aux guerres contre Israël) nous n’avons rien appris » reconnaît-il sur Abu-Dhabi TV. « Nous répétons qu’Israël est notre ennemi et que nous le haïssons, mais demandons-nous plutôt pourquoi Israël est toujours victorieux. C’est parce qu’Israël a une tradition d’imputabilité ».
Malgré le fait qu’Israël a gagné la guerre contre le Hezbollah en 2006, dit al-Ansari, la plupart des Arabes ont choisi de croire le contraire. « Sachez qu’Israël, après la guerre, en dépit de ses résultats probants, a exigé un comité pour examiner la responsabilité du gouvernement, car la victoire n’était pas totale mais que seulement 80% de ses objectifs avaient été atteints. Nous, au contraire, sommes encore en train de crier sur les toits que nous avons gagné ».
Bien qu’Israël soit l’objet de diabolisation dans les médias arabes, il n’est pas rare qu’il soit décrit positivement, comme le fait al-Ansari, en tant que modèle de société duquel les Arabes pourraient apprendre. « Les gens parlent de la manière dont Israël attaque Gaza (lors de l’opération Plomb fondu d’il y a deux ans) dit Faysal al-Qassem invité sur al-Jazeera. « Par Allah, si Gaza se révoltait contre un tyran arabe, est-ce qu’il resterait encore quelque chose debout ? ».
Les ferments idéologiques du monde arabe sont observés par MEMRI (Middle East Media Research Institute) depuis une décennie, d’où les citations et les clips-vidéos mentionnés dans cet article sont extraits.
[...] Certains forums djihadistes sur Internet ont mis en garde les musulmans vivant en Occident de se tenir éloignés des célébrations de Noël et des éventuels Pères Noël dans les supermarchés. Un membre de l’un de ces forums éprouvant une rage particulière contre les Coptes d’Egypte a même donné une liste d’églises coptes en Australie et dans d’autres pays et a fourni un manuel illustrant la fabrication de bombes artisanales. Un autre encore a donné des détails pratiques pour couper l’électricité dans les grandes villes occidentales, « un cadeau de Noël qu’ils n’oublieraient pas de sitôt ».
Plusieurs pays musulmans, y compris l’Egypte, ont fermé les sites djihadistes et les radios qui menacent leurs propres régimes. L’an dernier, cependant, MEMRI a remarqué que You Tube était devenu le portail préféré pour les vidéos du djihad, surpassant les sites administrés par les djihadistes. Ces clips-vidéos ont trouvé leur audience parmi les jeunes musulmans rebelles de l’Occident. Suite à des protestations, ces derniers mois, par des membres du Congrès américain, You Tube a été contraint de retirer les contenus incitant à la violence.
Source : Reforming voices in the Middle East, par Abraham Rabinovich, The Australian, 1er janvier 2011. Traduction partielle par Marie pour Poste de veille