Journalisme en France. “Une cécité qui confine au déni du réel” par Élisabeth Lévy

Publié le 27 Mai 2011

Fabrice Madouas de Valeurs Actuelles
Comment expliquez-vous que les Français se défient des journalistes ? 
Ce divorce croissant entre l’opinion publique et “l’opinion médiatique”, autrement dit entre le peuple et les journalistes, est que le premier a le sentiment, fondé à mon avis, que les seconds sont atteints par une cécité que j’appelle le “déni du réel”. Comme le montre le géographe Christophe Guilluy, une partie de la population, les classes populaires dites “de souche”, est sortie des écrans radar des médias. Ses inquiétudes qui touchent à des sujets sensibles, disons identitaires pour faire court, sont ignorées ou disqualifiées par la plupart des commentateurs comme l’expression d’une pathologie populiste qui frapperait mystérieusement tous les peuples d’Europe. Quand un nombre croissant de Français affirment “avoir peur de l’islam” ou redoutent de voir leur pays changer, on s’indigne bruyamment mais on ne se demande jamais s’ils ont des raisons d’avoir peur. Cette peur est peut-être exagérée. Reste qu’elle découle de la réalité que vivent les gens et que beaucoup de journalistes ne veulent tout simplement pas voir parce qu’elle dérange leurs convictions et qu’elle est réellement difficile à penser.

Les choses évoluent : vous êtes désormais nombreux à pourfendre la “pensée unique”… 

J’essaie d’éviter ce lexique du politiquement correct car on est toujours le rebelle ou le conformiste d’un autre. Je ne sais pas si vous faites allusion à ceux que presque toute la presse a dénoncés comme “nouveaux réacs” mais je suis ahurie que personne n’ait perçu le caractère cocasse et même ubuesque de cette chasse aux sorcières.

D’éminents journalistes ont très sérieusement expliqué que le paysage médiatique était envahi et le peuple perverti par une troupe maléfique de cinq ou six personnes qui, avec leurs petits bras, auraient plus d’influence que toute la profession réunie. Puissants et omniprésents ? De qui se moque-t-on ? Pour ma part, je suis sur RTL et sur France 2 une fois par semaine – et l’émission de Franz-Olivier Giesbert s’arrête ce vendredi. S’étonne-t-on d’entendre quotidiennement Jean-Michel Aphatie, Alain Duhamel – pour qui j’ai beaucoup de respect et qui se trouve être l’un des rares à aimer le désaccord intelligent – et bien d’autres ? Même Grazia s’y est mis avec un article intitulé « Faites-les taire ! », gracieusement illustré par nos photos en train de brûler – au nom de la tolérance bien sûr. Étrange conception du pluralisme.

Que vous reproche-t-on ? 

Entre autres méfaits d’avoir, en propageant des idées “rances”, poussé les Français dans les bras du FN. Peut-être mes éminents confrères devraient-ils se demander pourquoi les merveilleuses leçons de morale qu’ils dispensent depuis des années sont sans effet. Nous serions “populistes”, accusation amusante quand le Nouvel Obs inaugure sa nouvelle formule par une couverture sur les riches, proclamant : « Ils ont tout ». Je ne détiens pas la vérité mais j’essaie d’argumenter, alors qu’on réponde à mes arguments au lieu d’instruire des procès en mauvaise pensée. 

Propos recueillis par Fabrice Madouas

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Politique Française

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I
<br /> <br /> J'appelle ces hypocrites des "journaleux" c'est le terme qui convient,ils sont la risée de monsieur tout le monde qui a bien compris que "on nous cache tout on ne nous dit rien" comme le chante<br /> Jacques Dutronc...c'est la mafia des médias menteurs....qui  craignent l'importance croissante d'internet!<br /> <br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Je viens de lire un article qui expliquait que les journalistes avaient pieds et poings liés face au pouvoir politique dans la mesure où les politiques et les directeurs de média sont tous plus<br /> ou moins potes.<br /> <br /> <br /> Facile alors de faire pression : si tu sors de la droite ligne de ce qu'il faut dire sur mon pote-le-politique, je te vire.<br /> <br /> <br /> Sans compter les pressions des annonceurs : si tu dévies, je t'enlève mon marché.<br /> <br /> <br /> D'où une presse qui n'a plus de presse que le nom et qui pratique le rabâchage sempiternel des mêmes "analyses".<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> Je me souviens dans un Magasin Leclerc d'une Française d'une quarantaine d'années, une femme toute simple qui avait été plus ou moins bousculée et insultée par une Maghrébine (française??) vêtue<br /> d'une Djellabah. La Française ne se laissa pas faire et rétorqua à l'immigrée arabe : "On vous mettra dehors, c'est pas vous qui ferez la loi chez nous, regardez-moi ça, vêtue comme un sac de<br /> patates.." Je ne pense pas que cette Française que j'appellerai Franco-française, avait lu un journal d'extrème-droite ou tendance FN. OUI. les Français revivent une occupation, nouvelle, imposée<br /> par les députés et Présidents de la République française, qu'ils ont pourtant élus. Non seulement, ils se sentent trahis, mais ils se posent des questions quant à l'avenir de leurs enfants qui dans<br /> les écoles et collèges doivent faire très attention à ne pas recevoir un coup de couteau ou se faire tabasser ou lyncher. Ils n'ont pas besoin de journaux pour voir la réalité en face: ils la<br /> vivent au quotidien dans les villes de Province et en Banlieue parisienne. Alors messieurs, dames les journalistes, si vous voulez vendre vos canards, changez de discours ou disparaissez<br /> <br /> <br />
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