ARABIE SAOUDITE Les chiens de compagnie, une mode de "mécréants".
Publié le 30 Juillet 2013
"Depuis quelques temps, les jeunes achètent de plus en plus d'animaux de compagnie, surtout à Riyad", la capitale saoudienne, rapportait le journal économique Al Eqtissadia déjà en 2008, ajoutant que "cela s'explique par une certaine ouverture que nous connaissons dans le pays et par le fait que certains jeunes aiment imiter les coutumes étrangères". "Seulement 20% des jeunes femmes s'intéressent aux chiens, contre 80% des hommes", précise-t-il. "Les races les plus prisées sont le berger allemand, appelé aussi chien de police, le rottweiler, le doberman et le pitbull. Beaucoup les utilisent à des fins illicites, telles que les combats, mais aussi pour la chasse."
Le phénomène ne s'est pas démenti, bien au contraire, selon le jeune quotidien Al-Sharq : "Dans la société saoudienne se répand le phénomène des animaux de compagnie. Le nombre de magasins qui en vendent s'élève à onze à travers le pays, selon les statistiques du ministère du Commerce."
Et de citer Ismet Ahmed, gérant d'un magasin : "On vend des chats, des chiens, des hamsters, des lapins, des tortues, des oiseaux et des poissons, même si les clients préfèrent les chats et les chiens, les prix des chats allant de 1 500 à 3 000 riyals [300 à 600 euros], tandis que les prix des chiens vont de 3 000 à 10 000 riyals [600 à 2 000 euros]." Selon lui, "on en importait avant de Syrie, du Liban, d'Ukraine et d'autres pays encore, mais depuis trois ans, on a atteint l'autosuffisance grâce à la reproduction locale, même si certaines races très particulières de chats ou de chiens sont toujours importées de l'étranger, à des prix considérables."
"Celui qui ressemble à un peuple en fait partie"
Or, s'il y en a qui sont prêts à "dépenser des sommes considérables" par amour des animaux, "le phénomène suscite aussi des polémiques", poursuit le quotidien. Ainsi, "Mohamed Choukri Hijazi, membre de l'Union mondiale des Oulémas et de l'Association des jurisconsultes saoudiens, estime que le fait d'élever des chats et des chiens de cette manière constitue une imitation de l'Occident, un alignement sur les mécréants, une façon de dilapider de l'argent et une futilité. Il cite une parole attribuée au Prophète : 'Celui qui ressemble à un peuple en fait partie', et fait valoir que les chiens sont des créatures impures qu'il ne convient pas d'acquérir à moins d'en avoir besoin comme chien de garde, le Prophète ayant dit : 'Si un chien lape dans une de vos assiettes, il faut la laver sept fois, dont une fois avec de la poussière.'"
Mais le journal cite aussi longuement des psychologues saoudiens, qui ont une toute autre approche. Selon eux, "un animal de compagnie peut apporter du bonheur aux gens qui sont d'humeur morose ou souffrent de dépression".