A Roubaix on égorge les moutons dans les HLM, rue de l'Alma. La police intervient...
Publié le 16 Octobre 2013
Ce matin, une vingtaine de policiers venus dans quatre fourgons et des agents des services vétérinaires se sont déployés rue de l’Alma, dans le quartier du même nom à Roubaix. Ils ont empêché la livraison de moutons destinés à être sacrifiés pour l’Aïd-el-Kebir. Les musulmans du quartier n’ont pas compris pourquoi cette pratique illégale mais organisée au vu et au su de tous depuis de nombreuses années n’était soudainement plus tolérée. Cependant, il n’y a pas eu d’incidents.
Quatre fourgons de police ont stationné ce matin devant le 189, rue de l’Alma, un immeuble HLM dans lequel des abattages rituels étaient organisés depuis des années au vu et au su de tous.
Dans leur remorque, les moutons observent la scène avec flegme. Ils l’ignorent très probablement mais ils viennent de gagner quelques heures, voire quelques jours de sursis. Si tout s’était déroulé comme d’habitude, à cette heure-ci, ils seraient déjà morts et débités en morceaux.
Voilà des années, de l’avis de tous les témoins que nous avons croisés, que la livraison et le sacrifice des moutons étaient organisés du côté du 189 de la rue de l’Alma, dans le quartier de l’Alma à Roubaix, sans que cela ne gêne personne. Les éleveurs prenaient commande avant la fête de l’Aïd-el-Kebir et venaient livrer le premier jour de la fête en se garant au milieu de la cour. Plusieurs locaux de l’immeuble HLM étaient même dédiés à l’abattage : ils étaient lavés à grandes eaux avant et après les mises à mort, la gardienne d’immeuble et le bailleur social, 3F, étant parfaitement au courant.
Chacun savait aussi que ces sacrifices ne répondaient pas aux règles d’hygiène et étaient hors-la-loi, mais c’était toujours mieux que l’abattage dans la baignoire de l’appartement… Un peu comme les bennes mises à disposition par la mairie de Roubaix : c’est une forme de reconnaissance d’une pratique illégale, mais cela évite de retrouver des carcasses jetées n’importe où en ville.
Ce matin, les éleveurs sont donc venus comme à leur habitude. Quelques bêtes ont même été tuées. Mais rapidement, les forces de police sont arrivées et en nombre. Pas moins de quatre fourgons, soit une vingtaine d’hommes pour mettre fin aux abattages rituels. Les policiers étaient accompagnés d’inspecteurs des services vétérinaires.
Ce déploiement n’a pas été très bien vécu dans ce coin de l’Alma où vivent de nombreux musulmans d’origine sénégalaise. « Pour un musulman, même non pratiquant, le sacrifice du mouton est très important, explique un habitant. C’est impensable de ne pas pouvoir le faire, c’est quelque chose de sacré. » Pourtant, même si la situation a pu se tendre par moments, aucun incident n’est à signaler. Ceux qui avaient commandé un mouton se sont arrangés avec les éleveurs pour récupérer leur argent ou convenir d’un rendez-vous à l’abattoir de Douai.
Si, par cette opération coup de poing, la police voulait montrer la nécessité de disposer à Roubaix, durant les trois jours de l’Aïd-el-Kebir, d’un abattoir mobile, le but est atteint. « On trouvera sans doute toujours quelques tarés qui voudront égorger le mouton eux-mêmes, en dehors de la légalité, mais les nouvelles générations vivent à l’occidentale, elles se satisferaient pleinement d’un abattoir mobile. »
Peu avant 14 h, les policiers et les vétérinaires sont repartis, les éleveurs et leurs moutons aussi. Les musulmans roubaisiens qui n’ont pas pu récupérer leur animal se montraient philosophes. Ils se débrouilleront pour sacrifier tout de même un mouton. Ça ne sera sans doute pas plus légal. Juste plus discret.