Poésie réaliste: Nos clochards, les SDF.
Publié le 10 Février 2012
En 2006 j'avais écris ce poème en réaction à toutes ces personnes qui se trouvaient dans la rue sous le froid. Toutes les autorités diffusaient leur émotion. Comme en 2005...
Comme en 2004 d'ailleurs et même 1985 et 1995. Comme chaque hiver de chaque année depuis des décennies.
Des hommes, des femmes autorisés nous disaient tout au long de ces hivers combien c'était horrible et combien il fallait agir.
Mais nous vivons dans un pays de saisons. Après l'hiver vient le printemps et l'oubli. L'été n'est pas l'époque des apitoiements.
L'automne est passé et nous revoilà en Hiver !
En classant mes poèmes, je tombe sur celui ci. Je le relis et je sais d'avance que les télévisions nationales feront leurs unes de ces clochards que l'on appellera encore pudiquement SDF avec quelques larmes au coin de l'oeil.
Nous voyons nos belles et chaleureuses présentatrices bobos, les femmes et les hommes politiques bien habillés et très ennuyés! Nous voyons les petites bourgeoises parisiennes ou lyonnaises qui passeront une nuit à la belle étoile par "Solidarité" et puis les sempiternelles associations de défense qui justifieront leurs subventions d'état en tapant comme d'habitude sur la main qui leur donne à manger, nous dire toute la peine qu'elles ressentent de cette situation détestable et honteuse pour un pays comme le nôtre, etc.
Jusqu'au printemps suivant!
Vous voulez prendre les paris? Banco!
Gérard Brazon (Article écrit en 2008 sur Puteaux-Libre)
Lire aussi cet article sur Puteaux-Libre
Poème écrit en 2006
Je vous ai vu ce matin. Accoudé.
Vous étiez là, déjà vieux, fatigué
J'ai vu ce regard. Votre regard vous savez!
Si loin, profondément absent, comme étranger.
Encore une de plus! Une incontournable journée.
Péniblement vous disiez: "Une autre journée"
Longue, interminable, vide et sans intérêt
A regarder l'inaccessible...
A imaginer l'impossible...
Souvenirs en bribes.
Il y a longtemps. Une vie, perdue à jamais.
Si longtemps et pourtant. Vous aussi vous étiez.
Comme ceux qui passent et vous ignorent désormais.
Qui défilent peureux, honteux, le regard baissé.
Ils vous évitent comme on évite un danger.
Un étron, l'anachronisme, se questionner.
Oui bien sûr, vous aussi vous avez existé.
Elle est partie l'insouciance. Crevée un matin.
Partie dans un rêve. Dans un verre de chagrin.
Un chagrin, ou un drame impossible à noyer.
Une peine sans nom. Au plus profond enfermée.
Dans des vapeurs d'alcool comme évaporée
Dans la fumée des cigarettes. Oubliée.
Nouveau nom. Un S.D.F vous êtes appelé!
Clochard, vagabond, misérable identité.
Perdu votre nom. Et nul ne vous reconnaît.
Ombre sur un trottoir. Une honte de société.
La parole engluée déjà, vous vacillez.
Incompréhensible monologue abreuvé.
Quel avenir. Vous la voulez la vérité?
S.D.F. Sans domicile fixe. Tu vas crever!
Un soir d'hiver, au soleil, un beau jour d'été.
Une froide nuit d'hiver. La "Une" de la Télé.
Discours habituels et regards apitoyés.
Le grand classique d'hiver et de nos soirées.
Pitoyable, minable écoeurant à gerber.
Tu vas crever. Tout le monde t'aura ignorer.
Salut à toi mon frère. Mon ami, l'étranger.
Gérard Brazon