Au Maghreb: Dans un magasin à touristes...
Publié le 7 Février 2008
Elle avait un regard triste mais curieux.
Là, accroupie, elle me fixait de ses grands yeux.
Nos curiosités n'étaient pas claires, égales
Je la regardais s'épuisait à son étal.
Elle fit un geste rapide, un discret. Venez!
Venez vite! Son regard inquiet interpellait!
Sa main rugueuse toucha mon bras. Affolée!
Dans un souffle, "Donnez-moi un euro monsieur"!
Le regard fixé sur une porte vitrées.
La porte du Diable? Elle est terrorisée.
Prisonnière!
Ses grands yeux qui chavirent. "Un euro Monsieur"!
Elle était si loin de mon monde mais là... si prés!
Si près que sa souffrance, je la respirais.
Ses heures de labeur, elle ne pouvait les compter.
Elle était sur son établi comme clouée.
D'un petit souk, un atelier où elle fafriquait
Des chaussures en cuir, des petits porte-monnaie.
Toute la journée, toute l'année. A jamais!
Sans espoir autre que de pouvoir améliorer
Son ordinaire. Par touriste interposé...

Un P'tit Chat efflanqué. Mal nourri, mal aimé.
Sa misère n'est plus la nôtre. D'un temps passé.
Misère d'un siècle oublié. La misère, la vraie.
D'un autre continent, d'une autre réalité.
Celle de l'atelier et de la porte vitrée.
Celle de ce ventre en permanence affamé.
Prisonnière!
Un pauvre sourire sur des dents abîmées.
Si jeune, fatiguée, déjà vieille, usée.
Gérard Brazon