Rubrique poésie: Ma mère, l'amère

Publié le 29 Mars 2008

Que j'aimais ta chaleur, ton odeur
Ton rire, ta joie, et cette douceur
Caresse sur mon lobe d'oreille
Machinale entre des deux doigts.
Apaisement comme un soleil
Ne plus bouger. Ronronner
Me blottir et ressentir,
Dans ton tablier
Ta protection
J'aimais...
 
Et puis hélas j'ai grandi. Et puis la magie,
S'est envolée. Tu t'éloignais. Tu m'as quitté
Maman est partie. Ma mère est venue
Aride comme un désert. Comme la misère.
Asséchant les larmes d'un presque grand.
 
Un sale jour, tu m'as évacué.
Du travail tu m'avais trouvé !
Pour apprendre un bon métier
Si loin de toi, trop éloigné.
Pour vivre chez les étrangers
Te donner mon pauvre salaire
Mes pauvres sous à grappiller
Evacué l’enfant!
Je n'ai pas pleuré...
 
Tu m'as abandonné ma mère.
Silence. Sans un mot. Oublié.
Souffrance de cet oubli. Planté.
Comme des longs crocs. A jamais.
 
Alors, après de longues années,
Tu es sortie de mon cœur la mère.
Je me suis vacciné de l’amère.
Evacuée ! Disparue l'étrangère.
Et quand tu seras décédée
Quand tu seras enterrée
Je pourrai peut-être pleurer.

Gérard Brazon
Sur un tableau d'Alberto Pancorbo "La solitude" 
 
 
 

Rédigé par Gérard Brazon

Publié dans #Politique Française

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G
Comme le dit la fin du poème, j'attend qu'elle meurt pour savoir si je vais pleurer.<br /> Mais d'ors et déjà je sais que ce ne sera pas facile!<br /> Merci Elisabeth. Je t'ai mis en lien sur mon blog!
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E
Ma mère aussi m'a poussée dehors, gentillement, mais pour que je prenne mon indépendance. J'avais compris dans la 2ème partie que c'était la même chose. Mais ma mère n'est pas devenue sèche comme tu dis ta mère est devenue. Je ne connais pas la fin de l'histoire avec ta mère.
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G
D'amour peut-être! de regrets sûrement! D'incompréhension certainement. Pire, elle est devenue une étrangère dont je ne peux me séparer!
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E
Hommage d'amour à ta maman
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