Après les législatives: Des politiciens cocus ou fébriles attendront l’appel du Premier Ministre. Par Gérard Brazon

Aujourd’hui, c’est l’inquiétude dans certaines chaumières et appartements de grand luxe. Le portable doit sonner. Ce maudit portable doit apporter la bonne nouvelle.

Beaucoup de prétendants sont collés chez eux. Je veux être ministre dit l’un. Moi aussi, dit l’autre. Mais doucement, en silence. Combien de Nathalie et de Valérie ? Combien de Bruno et de Christian. La soupe est bonne ? Les retours sont lucratifs : bien logé et le couvert assuré ! Les prébendes et les honneurs ! Les Monsieur et  Madame le ministre flattant l’ego chatouilleux. Sinon, il faudra tenir cinq ans si le téléphone ne sonne pas.

Alors ils attendent cet appel magique qui fera d’eux, des noms sur une liste dont personne ne se souviendra dans dix ans. Mais la soupe est trop bonne et qu’importe la renommée. Les médias seront respectueux même s’ils savent que le Ministre devant eux est un gigolo, un prostitué, un voyou, un menteur, un lâche, un vendu. Ils feront semblant d’écouter avec attention ce ministre qui lui, fera attention à ne pas se faire recadrer ou se faire virer !

Imaginons cette attente !

Le temps s’écoule lentement et toujours rien. Demain, il y aura une annonce et je veux que mon nom soit prononcé. Je veux être ministre ! J’ai tout fait pour ça ! J’ai démissionné de mon mandat, j’ai léché les bottes et les escarpins qu’il fallait, ce qu’on m’avait dit de faire ! Consciencieusement, assidûment, avec application. J’ai gardé le sourire, pris des baffes, mis de côté mes sentiments, courbé l’échine devant des types que je ne connaissais pas avant. Ils m’ont accordé un sourire, que j’ai pris avec délectation, comme un espoir. Vont-ils parler de moi, et puis encore de moi, et dire tout le bien que je pense du nouveau président, comme quoi il est beau, intelligent, merveilleux, exceptionnel et plein de grâce ! À propos de grâce, je vais faire une prière ! Je vous salue Marie, mère de Dieu,  pleine de grâce et… merde, je ne me rappelle plus de la suite ! Je sens que c’est mauvais ! Et si je faisais une prière à Allah ? Non impossible, ma famille va se demander ce que je fais ! Il est vrai qu’elle sait que je suis capable de tout, mais ignore encore, que je suis prêt à la vendre s’il le faut ! Déjà que j’ai vendu la France pendant vingt ans, alors vendre mes gosses et mon mari ?!  Oh purée, voilà que je délire ! Et rien ne sonne ! J’aurais dû proposer un toucher rectal à Fernande, une fellation à Edouard ! Me laisser faire avec Alain, il adore les putes, sauf que je ne suis pas banquier ! Coucher avec Jacques, ce vieux salaud !

Le téléphone sonne… ? Faux numéro ! Quelle poisse, j’ai cru que mon cœur explosait ! Allez Emmanuel, soit sympa ! Je suis presque aussi vieille que ton épouse et ai bien plus d’expérience ! J’ai roulé ma bosse, fait des tonnes de galipettes. Avalé des couleuvres et même fait pire ! Je veux être ministre !

Rien, voici des heures que j’attends ! Je suis en rage. Si je ne suis pas ministre, pas secrétaire d’état, je jure que je rentre dans l’opposition. Je serai d’une violence folle ! Je dirai tout le mal que je pense d’Emmanuel ! J’annoncerai mon indéfectible fidélité à mon parti, et ferai une campagne électorale pour être un député à la hauteur des enjeux primordiaux. Je dirai que c’est pour la ville, le département, la région, la France nom de Dieu, la main sur le cœur, et surtout pour moi ! Charité bien ordonnée…

Putain, le téléphone sonne, je m’étrangle, pourvu que… Oui Monsieur le Premier ministre !

Gérard Brazon

Comments

[Versaline]

C'est le combat de l'opportunisme face aux convictions, de la loyauté face à l'hypocrisie, de l'intégrité face au mensonge... qu'importe le contenu pourvu qu'il donne l'ivresse du pouvoir ! Triste tableau d'un monde politique en complète déliquescence à l'image du monde qui se perd dans la fange d'un pouvoir où l'argent ne reconnaît que ses maîtres...

[jean-luc]

Serait-ce un scoop d'annoncer que tous les politiciens sont des putes ? Je ne le pense pas et si malheureusement quelques sceptiques persévèrent dans leurs convictions d'assimiler une fonction d'élu à une mission sacerdotale, je crains qu'il ne soit trop tard pour essayer de leur faire entendre raison, leur cas est irrémédiablement désespéré.
Le plus triste réside sans doute dans ces "panels représentatifs de la population française" que nous affichent tous ces "sondeurs" à la botte des dirigeants et dans lesquels figurent les gens d'un certain âge, ayant donc assisté à ces tristes défilés de faignants opportunistes et forts en gueule, briguant des fonctions d'état très lucratives, qui croient encore à ces mascarades, à ces polichinelleries, à ces défilés de cabotins, à ces ramassis de parasites ...