Sondages : le mirage confortable de la baisse du FN.

Publié le 26 Mars 2015

Parce que je suis bien plus tolérant que le socialisant Thomas Guénolé qui sévit sur RMC et sur Marianne et qui n'a pas hésité à me faire porter un article quasi antisémite qui n'était pas le mien, je met en ligne un article de Marianne justement, mais d'un autre journaliste plus curieux et plus scrupuleux, parce que sans doute il est spécialisé sur l'international et non sur la bouillie-bobo parisienne.
Gérard Brazon
 
Difficile de se rassurer avec un Front national à 25 %. Politiques et journalistes ont malgré tout trouvé la parade en comparant le score du parti de Marine Le Pen à... celui prédit par les sondages lors de la campagne ! Impossible de dire que les sondeurs avaient tout faux dans leurs estimations ou que, par rapport au scrutin des cantonales en 2011, le FN a multiplié par trois le nombre de ses électeurs...
 
Il n’y a pas si longtemps, quand les instituts de sondage avaient tout faux dans l’évaluation du score électoral d’un parti majeur ou l’ordre d’arrivée des « petits chevaux » politiques à une élection, ils passaient, en général, une très mauvaise soirée. Le premier tour de l’élection présidentielle de 1995 fut à ce titre emblématique. Lionel Jospin termina en tête devant Jacques Chirac et Edouard Balladur. Les experts de la sonde électorale n’avaient rien vu venir. Chirac devait arriver largement premier. A l’époque, sur le plateau de France 2, avant de commenter les résultats de leurs poulains respectifs, la plupart des élus, de droite comme de gauche, tombèrent à bras raccourcis sur Pierre Giacometti, alors responsable de BVA Opinion. Même Nicolas Sarkozy (déjà), responsable de la campagne d’Edouard Balladur, multiplia les attaques contre Giacometti, celui-là même qui deviendra, quelques années plus tard, son « conseiller opinion ». « C’est une formidable défaite pour les instituts de sondage » tempêtait donc Sarko ce soir-là ! Fabius, lui aussi, était vert de rage : « Les instituts de sondage ont été incapables de donner des indications sur ce que donnaient les résultats sortis des bureaux de vote. Ces résultats n’avaient absolument rien à voir avec les résultats de ce soir ».
Vingt ans plus tard. Le sondeur ne se trompe plus. Politiques et journalistes ont intégré l’idée aberrante que le sondage pré-électoral décrirait en fait une réalité politique au même titre qu’un véritable scrutin ! Dès lors, quand les sondages se plantent véritablement, comme ce fut le cas dimanche, les journalistes interrogent directement les politiques sur les raisons d’un vote sans rapport avec les prédictions des enquêtes d'opinion. Ainsi au soir du premier tour de ces départementales, un Front national à 25 % qui recueille plus de 5 millions de voix (avec toute la prudence que nécessite l’analyse sur le plan national d’un scrutin local) est un parti qui « recule » puisqu’il était donné en première position et à plus de 30 % par la majorité des instituts !
Les journalistes avides de ces pourcentages embrayent, tel le journaliste politique du Nouvel observateur Renaud Dély ravi de décrire un Front national à 25 % qui, selon lui, « peine à s’imposer en force d’alternative crédible pour 2017 » et serait même donc, sans rire, « en recul ».
Avec 25,24 % des suffrages lors de ce premier tour des départementales (soit 5 142 177 voix), le FN progresse pourtant de plus de 400 000 bulletins par rapport à la dernière consultation : les européennes. Et alors même que ce scrutin local lui est traditionnellement beaucoup moins favorable que ne le sont les élections européennes où le parti de Marine Le Pen peut déployer largement ses thèmes de prédilection (immigration, Europe, etc.).
Par rapport aux élections cantonales de 2011, pas de « recul » non plus. A l’époque, le Front national recueillait 15 % des suffrages (19 % en moyenne dans les seuls territoires où il présentait des listes) et séduisait « à peine » 1,3 millions d’électeurs. Difficile donc de percevoir même un tassement quand un parti attire à lui trois fois plus d’électeurs que lors de la dernière élection équivalente. Certes le mode de scrutin et le découpage des cantons ont changé mais l’élection reste déterminée par un suffrage universel à deux tours. Et le Front national est le seul parti pour qui il n'y a pas eu de changement d'alliance. Déjà en 2011, le Front allait seul à la bataille.
« En présentant des dizaines de candidats racistes, antisémites et homophobes, notamment dévoilés par "l'Obs", la chef de file de l’extrême droite a d’abord fait la preuve que le FN continuait de souffrir d’un cruel déficit de cadres, que le seul énarque Florian Philippot ne parvient pas à masquer malgré son omniprésence sur les plateaux télé » souligne Dély. Mais n'est-ce pas précisément la preuve, au contraire, que la « marque Front national » se suffit à elle-même pour attirer les électeurs à elle. Le Parti de Marine Le Pen, présent dans 93 % des cantons, n’a, en effet, même pas besoin de présenter des candidats « propres sur eux » et compétents pour obtenir plus de 5 millions de suffrages. Le constat en est d’autant plus inquiétant.  
Faudra-t-il que le FN dépasse la barre des 50 % pour que nos éditorialistes osent écrire que le parti de Marine Le Pen progresse ?
A ce titre, l’invocation des sondages comme score de référence prend un tout autre sens. Est-ce le seul moyen trouvé par « nos élites politiques pour revendiquer d’avoir "fait reculer" le FN à 25 % » comme l’explique le politologue Laurent Bouvet. Ou bien s'agit-il du seul moyen que nos professionnels de l’analyse ont trouvé pour s’illusionner d’une baisse du Front national ? Difficile à dire. Il n’en reste pas moins que sur les plateaux télés, contrairement à l’élection de 1995, personne ne s’est ému de voir un résultat électoral comparé à des sondages. Il faut croire que cette absurdité est désormais entrée dans les mœurs politiques. De même : ni les politiques, ni les journalistes n’ont jugé utile d’envisager l’hypothèse que nos vénérés sondeurs s’étaient purement et simplement plantés. Au royaume des aveugles… 
 
 
Sondages : le mirage confortable de la baisse du FN.

Rédigé par Gérard Brazon

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C
Les collabos tremblent et sont a l' Œuvre pour déstabiliser les veaux ,puisque si l'on prend chaque parti séparément et sans aucune alliance ( chiffres OFFICIEL ) , l' UMP seule = 4,2 millions et LE FN SEUL = 5,1 millions . Cherchez l'erreur ...Allez Dimanche il faut passer la barre des 5,1 millions ....................................................
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A
bonjours , oui Notre Marine est de plus en plus populaire , mais peut-on faire confiance a tout ces Français qui disent blanc et qui votent noir , oui je doute de leur sincérités , enfin j'espère me trompée bonne journée
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L
Je me demande comment vont reagir tous ces journaleux à la botte des socialos lorsque Marine aura le pouvoir . En tous cas notre Marine est de plus en plus populaire meme là ou l on s y attendait le moins .
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